Pourquoi le monde ne réagit-il pas à la catastrophe pakistanaise? C’est la question que pose le journal britannique The independent dans son édition du 13 août. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: L’aide internationale des dix premiers jours pour le Pakistan ne s’élève qu’à 3,2 dollars par personne alors qu’elle était de 495 pour Haïti après le tremblement de terre.

     Le journal rappelle qu’après deux semaines de pluies diluviennes, il y a déjà 1600 morts et que 14 millions de personnes parmi lesquelles 6 millions d’enfants risquent de souffrir de famine, de pneumonie et d’autres maladies très rapidement.

     Et pourtant, personne n’ignore l’ampleur de la catastrophe. On ne cesse d’en parler et les experts s’accordent pour juger ce désastre bien pire encore que le Tsunami qui a ravagé l’Asie il y a quelques années… Alors, pourquoi ne réagissons-nous pas cette fois-ci? Un enfant pakistanais aurait-il moins de "valeur" qu’un autre, à nos yeux?

     The independent explique la réticence des britanniques à aider le Pakistan par les déclarations récentes de David Cameron accusant ce pays d’exporter le terrorisme, et par la très mauvaise réputation d’Asif Ali Zadan, le président pakistanais, souvent accusé d’incompétence…

    Ceci n’explique cependant pas pourquoi le reste du monde semble tout aussi indifférent aux malheurs de ce pays. Des sociologues supposent qu’un peu partout, inconsciemment, les gens assimilent aussi les pakistanais à des talibans ou des terroristes, ce qui les empêcherait d’éprouver de la sympathie pour ce peuple. Si elle est plausible, cette explication est bien triste…

     D’autres estiment que nous nous "habituons" à ces catastrophes dont nous sommes de mieux en mieux informés, et que, par une sorte de lassitude, nous y réagirions de moins en moins…

     Il existe une explication bien plus simple mais encore plus cynique: contrairement au Tsunami ou au tremblement de terre à Haïti, la catastrophe pakistanaise serait arrivée au mauvais moment tout simplement. En effet, en cette période de grandes vacances, nos concitoyens préféreraient s’occuper de leurs vacances plutôt que des souffrances du monde! Les pakistanais auraient donc eu la malchance supplémentaire de subir ce cataclysme en plein été. Si ceci s’était produit à Noël ou au Nouvel An, disait ce matin un sociologue, l’aide aurait été bien plus importante!

 

    Espérons que ces explications qui donnent une image bien peu reluisante de nos comportements soient fausses car, hier, les pluies au Pakistan ont été plus violentes encore que ces derniers jours.

 

    "Sans une aide rapide, il y aura encore de nombreuses victimes…" a déclaré hier John Holmes, un représentant des Nations Unies.