Pourquoi si peu de jeunes exercent-t-ils leur droit de vote ?

Au Canada, le taux de participation aux élections est relativement faible. Cela est encore plus vrai en ce qui concerne la tranche d’âge des 18-24 ans. En effet, les jeunes font partie de ceux qui exercent le moins leur droit de vote dans notre société actuelle. Le taux de participation lors d’une élection est calculé en fonction du nombre de personnes ayant le droit de vote et le nombre de personnes qui exercent ce droit.

Selon le site WEB d’Élection Canada( www.elections.ca), le pourcentage de jeunes ayant voté en 2006 se situait à 43.8%. Ce pourcentage chute de 6 points en 2008 avec un taux de participation de 37.4%. “C’est une tendance vraiment alarmante,” a dit M. Marc Chalifoux, directeur exécutif de l’Institut du Dominion¹. Il ajoute également: “Mais ce n’est pas une tendance irréversible, pourvu que nous prenions des mesures dès maintenant.” En effet, cette situation est des plus grave. La participation aux élections est très importante puisqu’elle est un bon indicateur de la santé de la démocratie dans notre pays.

 

Le but des élections est de choisir des gens afin de nous représenter et de prendre des décisions en notre nom. Donc, plus le taux de participation est élevé plus nos dirigeants politiques sont élus de façon légitime. Étant donné que le taux de participation au Canada est si faible, certaines personnes disent que notre pays se trouve dans un  »déficit démocratique ». En réaction à cette situation grave, il est d’abord important de comprendre pourquoi les jeunes exercent si peu leur droit de vote et ensuite prendre des moyens afin de régler ce problème.

 

La première raison concernant le faible taux de participation aux élections des 18-24 ans est le manque d’information. Selon le site de l’institut du Dominion¹, 30 % des jeunes disent ne pas connaître le système politique de notre pays. Cette situation s’explique par l’absence de cour de politique dans les écoles secondaires. C’est à ce moment que les jeunes doivent commencer à se forger une opinion politique et cela même s’ils n’ont pas encore le droit de vote. Les parents ont également un devoir en ce qui concerne l’éducation politique de leurs enfants. Peu de parents discutent de politique à la maison. Les jeunes doivent être conscientisés très tôt à l’importance d’exercer leur droit de vote.

 

Une autre raison qui pourrait expliquer cette situation est le fait que les jeunes ont plus de difficulté à se bâtir une opinion. Bien des jeunes manquent de confiance pour avoir un point de vue éclairé sur le sujet. De plus, le fait d’avoir accès à beaucoup de sources d’informations en même temps donne l’impression aux jeunes d’être bombardés d’informations. Le mélange de ces deux facteurs fait en sorte que les jeunes ne savent plus quoi penser de la politique. Il est important pour eux d’être capable de peser le pour et le contre de façon efficace afin de bien comprendre tous les enjeux politiques. De cette façon, ils pourront avoir une opinion sur le sujet et pourront exercer leur droit de vote de manière éclairée.

 

Une troisième raison explique le manque d’intérêt des électeurs de 18-24 ans. Beaucoup d’entre eux sont blasés par la façon dont la politique est menée au Québec et au Canada. Les jeunes voient plus souvent la politique comme une querelle entre politiciens qui utilisent tous les moyens possibles afin de discrédité leurs adversaires et de regagner en popularité. Les jeunes croient de leur côté que la politique devrait être davantage un débat sur les véritables problèmes de notre société.

 

De nombreux scandales ont également entaché la réputation de la politique. Il suffit de penser au scandale des Commandites ou bien aux raisons qui ont amené la création de la Commission Bastarache. Les jeunes électeurs voient plus souvent les politiciens comme des escrocs alors que leur image devrait être plutôt celle de gens de confiance en qui l’on remet la gouvernance de notre province ou notre pays. Bien sûr, tous les politiciens ne sont pas des hommes malhonnêtes, mais les médias nous montrent généralement plus les mauvais côtés de la politique que les bons.

 

Il y a plusieurs moyens que nos dirigeants pourraient prendre afin de remédier à cette situation alarmante. En premier lieu, le système de scrutin uninominal est critiqué par beaucoup. On prétend que dans ce système, plusieurs votes sont perdus et que les résultats ne reflètent pas la réalité. Si nous avions un système proportionnel à plusieurs tours comme dans certains pays d’Europe, nous pourrions encourager davantage les jeunes à aller aux urnes. En effet, ils auraient l’impression que leur vote compte; ce qui ne semble pas le cas dans notre système actuel.

 

Idéalement, il faudrait instaurer des cours de politique dans les écoles secondaires et même primaires. Plus les jeunes ont un contact précoce avec la politique, plus ils ont la possibilité de la comprendre et d’y participer. Même si les jeunes de ce groupe d’âge n’ont pas encore le droit de vote, ils peuvent tout de même s’intéresser à la politique. Ils pourront de plus commencer à se faire une opinion sur le sujet et lorsqu’ils atteindront l’âge de vote ils feront des choix plus pertinents. La plupart des cours de politique commencent à être donnés au Cegep, cela est beaucoup trop tard et de plus ce ne sont pas des cours obligatoires. Pour cette raison, seule une partie des étudiants sont en contact avec la politique à l’école. Les parents devraient également être conscientisés à discuter de politique avec leurs enfants.

 

Troisièmement, les politiciens pourraient instaurer un système de vote obligatoire. En effet, certains prétendent que le vote est davantage un devoir qu’un privilège et que tous les citoyens devraient voter sans exception. Des pays, comme l’Australie, ont déjà instauré ce système et leur taux de participation approche les 94 %. Ce pourcentage représente presque le double de celui du Canada. Certains pays vont même jusqu’à imposer des sanctions aux personnes qui ne votent pas, mais cela est une solution un peu extrême selon moi. Avec un système électoral de la sorte les gouvernements élus seraient plus légitimes et cela obligerait les électeurs de connaître davantage la situation politique de leur pays.

 

En d’autres lieux, certaines personnes pensent que l’âge du droit de vote devrait être de 16 ans et non 18. Cette modification entrainerait un intérêt plus précoce de la politique sur les jeunes. Bien sûr, des gens diront qu’un jeune de 16 ans n’a pas assez d’expérience, ni assez de vécu pour participer à l’élection d’un dirigeant. Ce n’est pas faux, mais cette solution devrait être jumelé avec celle décrite plus haut et qui consiste à éduquer les jeunes beaucoup plus tôt dans leur cheminement scolaire. Ainsi, arrivé à l’âge de 16 ans ils seraient en mesure d’exercer leur droit de vote de façon pertinente.

 

Finalement, il existe une autre solution qui pourrait stimuler le taux de participation, il s’agit du vote par Internet. En effet, en votant de cette manière les gens n’auraient plus besoin de se déplacer pour aller aux urnes. Ils pourraient élire le candidat de leur choix dans le confort de leur foyer. Cette mesure inciterait davantage les jeunes puisqu’Internet est, pour eux, un outil extrêmement populaire et efficace.

 

En conclusion, il est vrai que la situation politique du Canada n’est pas des plus reluisante. La plupart de nos politiciens sont élus avec un très faible tôt de participation. Cette situation à première vue ne semble pas très démocratique. Si un premier ministre est élu avec 60% des voix, mais que seulement 50% des personnes ayant droit de vote ont exercé ce droit, cela ne fait que 30% des voix au final. Les politiciens devraient s’inquiéter du fait qu’ils sont bien souvent élus avec une très faible majorité. Ils devraient prendre des moyens comme ceux décrits plus haut afin de remédier à la situation et cela rendraient notre pays plus démocratique. Mais qui sait, peut-être que nos politiciens préfèrent être élus de cette manière en fin de compte.

 

 

Thomas Laberge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1) L’Institut du Dominion a été fondé en 1997 par un groupe de jeunes gens préoccupés par l’effritement de la mémoire collective au Canada et son effet sur le discours informé.

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