Il vient de tomber ce dimanche ! Qui ? Le sondage qui place Marine Le Pen en tête chez les ouvriers si l’élection présidentielle devait avoir lieu demain, dans l’hypothèse du premier tour.

Le JDD publie ce jour un sondage Ifop/Paris Match/Europe 1, selon lequel : la présidente du Front National recueillerait 36% des suffrages… Alors que DSK se place second avec 17% et Nicolas Sarkozy troisième avec 15%. On observe qu’elle fait aussi bien que la somme des deux autres candidats ! On trouve ensuite Nicolas Hulot (9%) et Jean Louis Borloo (9%)…  Ceux qui sont censé représenter la classe ouvrtière font un score minuscule … 2% pour Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche, 1% pour Olivier Besancenot du Nouveau parti anticapitaliste, 1% pour Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière.

A gauche quel que soit le candidat, le score ne varie pas beaucoup…Martine Aubry, à la place de DSK obtiendrait 16%, Ségolène Royal ou François Hollande se situeraient à 15%.

Même si tout le monde s’accordera pour reconnaître qu’un an avant l’élection présidentielle un sondage ne signifie pas grand chose et que la campagne n’est pas encore commencée pour la plupart des candidats. Les partis concernés peuvent s’inquiéter s’ils se souviennent qu’en 2007, au premier tour, les ouvriers avaient voté comme suit, 26% Nicolas Sarkozy, 25% Séholène Royal, 16 % Jean Marie Le Pen.

Marine Le Pen va pouvoir « se frotter les mains » ! Selon le JDD, « elle confirme une solide percée auprès de l’électorat populaire et retrouve un leadership que son père avait déjà connu en 1995 et 2002 ».

Mais se pose une question importante : pourquoi les ouvriers croient-ils en elle ?

Peut-être que Jean-Marc Lech, coprésident d’Ipsos, interrogé par le JDD, nous apporte un début de réponse. «Les ouvriers ont été séduits puis abandonnés, Nicolas Sarkozy a ravi à Jean-Marie Le Pen 40% de ses voix de 2002. Ces personnes reviennent à leur choix précédent.»

Le leader de la CFDT,  François Chérèque risque une explication, qui pour être un peu différente de la précédente, s’en rapproche quand même. Selon lui, « la montée de l’extrême droite est le résultat de promesses sociales non tenues ». Il y voit aussi « le résultat d’une perte de confiance dans la politique » et aussi «le résultat de promesses sociales qui n’ont pas été tenues, sur le pouvoir d’achat, le travailler plus  ou sur l’industrie ». Pour être positif, il veut faire œuvre pédagogique « nous disons aux salariés concernés qu’ils font une erreur d’analyse, que les propositions de Marine Le Pen sont creuses. Pis, qu’elles se retourneraient contre les ouvriers ou sont irréalistes, que ce sont de fausses pistes »…

Selon Bruno Lemaire, Ministre de l’agriculture, les chances du Président actuel sont encore intactes… « Maintenant, il faut de l’action, de la considération et des résultats car les ouvriers ont le sentiment d’être les grands perdants de la mondialisation », explique-t-il pour justifier l’attitude des ouvriers dans le sondage du jour.

Le JDD cite le cas de Danielle, une ex-ouvrière de Sandouville Renault (Seine-Maritime) , âgée de 57 ans, qui ne trouve pas de travail, après avoir passé trois ans au chômage et qui dit tout net pourquoi elle est favorable à Marine Le Pen. Elle n’hésite pas à dire dans les locaux de la CGT : « Marine Le Pen est très bien, j’ai déjà voté pour son père. Je veux la sécurité et qu’on bloque les frontières pour empêcher les Noirs et les Arabes de venir. Je n’étais pas raciste mais je le deviens. Je ne la connais pas Marine Le Pen mais pour mon cas, je suis sûr qu’elle dirait : c’est pas normal de vous remettre au boulot ».

Fabien, un autre ouvrier de Sandouvillevisage, 38 ans, entré chez Renault en 1999, exprime dans ce journal un point de vue un peu différent mais tout aussi alarmant… « Je suis de gauche, je ne suis pas partisan du FN, écrivez-le. Mais la gauche et la droite, ils font quoi depuis trente ans? Marine Le Pen est maligne. Elle parle d’économie, elle a fait des études, elle n’est pas allée dans les tranchées comme son père. En 2017 ou 2022, il faudra faire attention, le FN sera un parti qui potentiellement prendra les commandes de l’État, même s’il ne résoudra rien ».

Deux témoignages qui en disent long sur la colère et le désespoir des ouvriers.

Alors disons que ce sondage sonne comme un avertissement pour la droite et pour la gauche !