Il peut paraître étonnant de voir que l’Allemagne ne désire pas suivre la France dans l’intervention en Libye. Angela Merkel dit comprendre la position de ses partenaires européens mais ne prendra aucunement part à cette initiative.

Comment expliquer cette position prudente de la chancelière ?

Il y a des raisons historiques à cette attitude : à la suite de la deuxième guerre mondiale, l’armée allemande n’a plus qu’un rôle très limité : défendre le territoire contre une attaque étrangère et c’est tout ! C’est encore une armée de conscrits même si le virage vers l’armée de métier a été pris.

88 % des Allemands se prononcent contre une intervention militaire en Libye de quelques bords qu’ils soient.

Ils sont très prudents et ne désirent pas partir à l’aventure : l’exemple du bourbier afghan n’est pas pour les encourager. Le terme « zone d’exclusion aérienne » leur semble un peu flou et n’exclut pas des frappes au sol.

Ils se méfient aussi du côté « rentre-dedans » de notre président qui avait bien des choses à se faire pardonner. L’Allemagne n’a jamais reçu Kadhafi en grandes pompes et n’a pas de ministres qui ont des relations équivoques avec des dictateurs.

Et puis, on a vu lors des difficultés économiques de la Grèce, les Allemands sont assez égoïstes et ne se « mouillent » pas pour les autres. Ils se soucient plus de leur réussite économique que de leur place dans le concert des Nations. Peut-on leur donner tort ?

Quelques remarques néanmoins : libres à eux d’être contre l’intervention, mais dans ce cas, ils développent leurs arguments et essayent de persuader les autres qu’ils font fausse route. Ici, ils comprennent mais ne participent pas, c’est un peu facile.

On peut se poser des questions sur la future armée européenne que beaucoup appellent de leurs vœux. Si l’un des principaux états de l’Europe traine des pieds à chaque fois, on sera vite dans l’impasse.