La révolte en Libye est un de ces sujets qui, le plus souvent, défient l’entendement et mettent les spectateurs mal à l’aise en regard des révélations faites quotidiennement.

 

L’OTAN constate la destruction de 25 à 30% des forces Kadhafistes par les alliés, lesquelles n’ont souffert d’aucun dommage depuis la récente passation de commandement.

Cependant, deux bavures, à quelques jours d’intervalle sont à déplorer du côté des insurgés amenant un constat amer.

Le manque d’échanges d’informations avec les forces d’opposition serait la résultante de ces tristes opérations.

Certains observateurs, retenant leur souffle dans l’espoir de voir la démocratie et la liberté l’emporter, ont même eu la naïveté de penser que cette initiative majeure aurait été induite dès la passation de commandement ; une omission lourde de conséquences qui suggère une incompétence, jusque l’à inconnue, de l’organisation, comme si elle en était à sa première mission…

 

Selon Associated Press, le porte-parole de l’UNICEF, Marixie Mercado a déclaré aux journalistes que des snipers  des forces de Kadhafi visent les enfants de la ville de Misrata, aux mains des insurgés. Des centaines d’habitants ont été tués ou blessés, les habitants sont à court d’eau, nourriture et médicaments.

Les déjà trop nombreuses victimes, mortes, disparues, réfugiées et privées des besoins les plus élémentaires devraient réveiller certaines consciences endormies ou partisanes.

 

Insensibles aux malheurs de la révolution libyenne, s’inscrivant dans le « printemps arabe », certains pays défendent leurs intérêts.

Notamment la Turquie comme l’indique le journal « The Guardian » qui, sous la plume de Alaa al-Ameri, économiste et écrivain britannique-libyen, nous explique l’extrême implication de ce pays qui tient absolument à négocier avec le régime du dictateur.

 

L’économiste pose une question que bon nombre d’entre nous se posent :

Qu’aurait la Turquie à gagner à maintenir les Kadhafi à un tel degré de puissance ?

 

 

Alaa al-Ameri titre son article daté du 8 avril, « Saif al-Islam Kadhafi, le fils de son père » ; il témoigne de sa désillusion de voir le premier fils de Kadhafi, dont beaucoup de médias avaient fait la réputation d’un homme modéré, se transformer en un homme menaçant, alliant les actes aux paroles et devenu un des responsables du bain de sang en Libye.

« dans les premières minutes de son discours le 21 Février, il est apparu clairement à quel point nous avions été trompés, le masque est tombé  (…)

N’ayant pas réussi à vendre un compromis douteux pour le peuple libyen, Kadhafi Jr et ses frères essaient maintenant de vendre le même projet au monde extérieur. D’abord, il ( Saif al-Islam Kadhafi ndlr) s’est approché des Britanniques, Français et Américains, en vain.

Maintenant, il tend la main au gouvernement turc » qui a d’étroites relations avec le régime du dictateur avec 15.3 milliards de dollars de projets d’entreprises, des entreprises de construction pour la plupart.

La Turquie, se faisant le porte-parole de la famille Kadahafi, demande un « cessez-le feu » consistant à confier la direction du pays aux fils du dictateur par le biais d’une transition vers la démocratie… 

L’économiste ajoute : « Fin 2010, le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali al-Mahmoudi, a décrit les entreprises turques comme la «colonne vertébrale» de la Libye, un programme d’investissement de 100 milliards de dollars.

En comparaison, les contrats au Royaume-Uni avec la Libye, y compris toutes les exportations ainsi que le pétrole et les offres d’exploration de gaz depuis 2005, se chiffrent à près de 3 milliards de dollars.

La Jamahiriya, « journée de la colère », amorcée le 17 Février en Libye, la Bourse d’Istanbul a commencé à chuter de 11 % à partir de cette date jusqu’au 2 Mars. (…)

« La cour pénale internationale par la voix du procureur, Luis Moreno-Ocampo, a présenté des preuves que le régime de Kadhafi avait prévu bien à l’avance de tuer des civils qui ont pris part à des manifestations. Les plus proches conseillers de Kadhafi sur la sécurité sont ses fils. Il est tout simplement inconcevable que Saif al-Islam, le champion autoproclamé de la bonne gouvernance et des droits de l’homme, n’était pas au courant du massacre imminent.

Il existe une preuve en vidéo de Saif al-Islam, fusil d’assaut à la main, incitant ses partisans à attaquer les manifestants à Tripoli, qu’il décrit comme « rien, juste les enfants, les clochards et les rats ».

Alaa al-Ameri de conclure :

« quelles sont les modalités de ce nouveau cessez-le feu ?

Il semble que Saif al-Islam veuille prendre la plus haute fonction, aidé par son frère, tandis que son père aurait un « rôle limité . (…)

Les termes du cessez-le-feu des Kadhafi, par conséquent, sont les suivants : nous vous dictons nos règles ou nous vous tuons. »

Contrairement aux valeurs des Kadhafi, les Libyens se rendent compte que la vengeance aveugle contre des ennemis est tout simplement un poison pour leur avenir. Si la famille Kadhafi les laisse vivre en paix, ils les laisseront partir vivre chez leurs clients du Zimbabwe, Venezuela ou tout autre endroit du monde.

Sûrement pas en Turquie, trop près géographiquement et qui serait un terrain trop favorable aux intérêts du clan du dictateur…

 

D’aucuns qui n’osent pas commenter ce genre d’article ou occultant certains faits ont, désormais, une véritable matière à réflexion… Ceux-là mêmes qui n’osent pas condamner l’ingérence de l’Arabie-Saoudite au Bahreïn envoyant 1 000 soldats pour réprimer les manifestants.

 

 

Une réunion sur la Libye aura lieu le 13 avril au Qatar, pays participant à la coalition issue de la résolution 1973 de l’ONU, la Turquie aura sûrement pu rencontrer le Conseil National de Transition et ainsi, probablement, sauver ses contrats, d’ici là…