Il était séduisant pour le parti socialiste de se présenter comme le parti de la modernité en présentant une femme aux élections présidentielles, d'autant plus que Ségolène Royal avait le vent en poupe dans les sondages et qu'elle avait même été citée comme une femme sexy par les sondés. Ah, la belle présidente que cela aurait fait, et Hollande en premier monsieur de France! François Bayrou dont le parti s'est presque fait happer dans la formation de l'UMP avait l'occasion de prendre sa revanche, sûr du dégout des électeurs pour les deux formations UMP/PS, et oublieux de ses postes de ministres, s'est présenté comme le candidat nouveau, prêt à enterrer ces anciens petits camarades.

En 2002, personne ne s'attendait au "seïsme" Le Pen. Pourtant divers indices auraient pu les mettre sur la voie, et notament l'éparpillement des voix. A cette époque, Jospin déclarait que sa candidature n'était pas socialiste, et les sondages donnaient Chirac et Jospin face à face. Nous savons tous ce qui s'est passé par la suite. Jospin s'est retiré de la politique, et n'a pas pu revenir depuis…{mosimage}



"Mon programme n'est pas socialiste" disait-il… Un peu à sa manière, Ségolène Royal en voulant faire cavalier seul, en mettant sa personnalité en avant, au détriment parfois de "l'appareil" s'est un peu écartée de l'idéologie "socialiste". En témoignent certains articles, notament sur Agora vox, de "socialistes anonymes" appelant au vote Bayrou. Il faut dire qu'il est un peu inhabituel de chanter la Marseillaise dans le parti, tout comme de mettre aux fenêtres le drapeau le jour du 14 juillet. Ségolène Royal a peut-être cru qu'elle pourrait réunir autour de sa personnalité les différents courants du parti socialiste, mais n'est pas Mitterrand qui veut! Ségolène a été l'appelée des sondages, et pas l'initiatrice du parti… Les différentes erreurs politiques de Ségolène Royal en témoignent, elle fut peut-être trop sûre d'elle. Ou peut-être un peu trop de bravitude?

Pendant ce temps-là au centre il y avait matière à récupérer les électeurs déçus des gouvernements de droite et de gauche, qui furent incapable d'endiguer les différents problèmes de violences, de chômage et de cherté de la vie que connaissent les français. D'autant plus que les promesses semblent n'avoir pas été tenues. La fracture sociale est plus que jamais présente, les smicards sont de plus en plus nombreux, les RMIstes aussi. Les derniers gouvernements n'ont convaincus personne, ni pour la dissolution, ni pour le traité constitutionnel de l'Union Européenne, traité pour lequel militaient pourtant l'UMP et le PS. A cette époque moins litigieuse, Nicolas Sarkozy et François Hollande posaient dans un magazine, en parfait accord. Ne manquait qu'un personnage politique, bien qu'il ait été le plus convaincu peut-être, mais qui ne représentait qu'une quantité négligeable…

François Bayrou donc, autre perdant de ce referendum, chef du parti du centre, et impliqué dans les différents gouvernements, témoin de l'échec de ces deux partis, et qui a bien failli se faire avaler par l'UMP. Il a bataillé durant tout ce temps pour garder une certaine indépendance, et s'est bien rendu compte de la lassitude des français devant ces échecs successifs. En se présentant comme un candidat neuf, en opposant des partis auquels il s'adossait naguère, il a su attirer à lui les mécontents des deux bords, mécontents des dérives vers la droite de Ségolène Royal, et des déclarations à l'emporte-pièce de Nicolas sarkozy. Dans les sondages en tous cas…

Le parti socialiste insiste depuis le début des élections sur le vote utile, pour éviter un second "séïsme" Le Pen, et puis la machine s'est cassée. Quel vote utile, si les deuxième et troisième places se retrouvent dans un mouchoir de poche, avec François Bayrou? Où se trouve le vote utile? Et par ailleurs qu'est ce qu'un vote utile? Le parti socialiste est-il encore un vote de gauche si il prône le drapeau à la fenêtre le 14 juillet et les trente-cinq heures pour les profs à l'école? Le parti socialiste est-il encore un parti de gauche lorsqu'il est pro-Union-européenne et que l'Union Européenne prône le libre échange économique? Autant de voix éparpillées vers la droite et la gauche…

Que fait Le Pen pendant ce temps-là? Il n'attend pas, contrairement au slogan des "Guignols", il propose une union patriotique, à laquelle les "nationalistescontreLePen" ont même répondu après le discours de Jacques Chirac condamnant le nationalisme, devenant les nationalistes pour Le Pen, en recevant Dieudonné, en accueillant Soral, et en faisant le moins de fautes possible, d'autant que pendant ce temps-là les différentes déclarations des candidats banalisaient ses thèmes favoris. Inutile avec des adversaires comme ceux-là d'avoir des amis! Bayrou a le plus grand taux d'indécis, et a permis de décridibiliser les deux partis majoritaires.

Nicolas Sarkozy fait course en tête. Il est de fait le plus populaire, il faut dire qu'il a démarré sa campagne depuis longtemps, ce qui est un avantage. Un avantage et un inconvénient, car s'il a eu le temps de développer ses arguments, il a aussi eu le temps de cristaliser tous les reproches, mais reste en tête malgré tout.

Tous les ingrédients sont réunis. Le Pen est sous-estimé dans les sondages et François Bayrou surestimé. Il est plus facile à un sondé de dire qu'il votera Bayrou que Le Pen au brave type qui lui posera la question au téléphone. Il suffit pour s'en rendre compte de regarder les résultats des dernières élections.

Aussi dimanche prochain il me semble que les deux "nominés" pour le second tour seront Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen… Un choix difficile!

Mais bien sûr rien n'est écrit…