L’Union des Bloggeurs de Mauritanie a le vent en poupe. Plus de quatre cents de ses membres ont mis de côté leurs différences pour promouvoir une expression sans censure, discuter de normes professionnelles et montrer au reste du monde ce qu’ils appellent la « vraie » Mauritanie. Lorsqu’Ahmad Ould Islam, le seul Mauritanien de l’Union des Bloggeurs Arabes, a officiellement lancé une union des bloggeurs dans son pays, le 21 mars, ce fut un événement majeur pour les militants de la liberté de la presse dans le monde entier. Magharebia a pu rencontrer Ould Islam pour en apprendre plus sur sa nouvelle plate-forme d’échange de points de vue pour les Mauritaniens.

Magharebia: Quand et comment est née cette idée de créer une union des bloggeurs mauritaniens ?

Ahmad Ould Islam: J’ai commencé à envisager cette idée de constituer une union des bloggeurs mauritaniens lorsque j’ai commencé à utiliser un blog, durant l’été 2006. L’idée s’est par la suite affirmée lorsque j’ai adhéré à l’Union des Bloggeurs Arabes, dont j’ai été l’un des membres du premier bureau intérimaire. Je me suis ensuite attaché à diffuser cette idée sur mon blog, bien que sa réalisation ait été entravée par le fait que je vivais hors de Mauritanie. Après avoir terminé mes études, je suis revenu chez moi, et ai repensé l’idée, dont j’ai décidé de faire part sur mon blog, ainsi que sur d’autres blogs mauritaniens. Elle a été chaleureusement accueillie par les bloggeurs mauritaniens. Confiant dans le nombre croissant de participants potentiels, j’ai annoncé la création d’une réunion fondatrice. Plusieurs bloggeurs y ont participé et ont élu un comité directeur charger de formuler les statuts de l’association et de lancer les procédures juridiques nécessaires. A cet égard, nous revenons de loin.

Quels sont les buts recherchés au travers de cette union ?

L’idée de base de cette union est d’agir comme un syndicat défendant les droits des bloggeurs mauritaniens, en particulier au vu de leur nombre croissant et de leur appartenance à diverses écoles de pensée, dont certaines les exposent potentiellement à des risques de harcèlement. De plus, notre objectif est de faire connaître les blogs comme un forum de rencontre et un nouveau média, qui offre aux bloggeurs une liberté d’expression totale exempte de toute censure, à l’exception de celle de leur propre conscience. La plupart des intellectuels mauritaniens n’ont pas encore pris conscience de la valeur réelle des blogs. Jusqu’à maintenant, les bloggeurs n’étaient que des jeunes — pour la plupart étudiants ou diplômés de l’université — qui souhaitaient exprimer des opinions par ailleurs réprimées. A ce stade, l’un des objectifs fondamentaux de cette union est de disséminer une culture du blog au sein de l’élite mauritanienne, et d’encourager les écrivains et les hommes de lettres d’abord à créer des blogs, puis à rejoindre notre union.

Celle-ci s’attache également à présenter à « l’autre » une image non faussée de la Mauritanie, au vu de l’absence d’informations correctes sur ce pays et dans un contexte de multiples idées fausses exacerbées dans les médias, qui poussent les lecteurs à adopter une vision stéréotypée de notre pays, parfois très éloignée de la réalité.

Jusqu’où peut aller l’Union des Bloggeurs de Mauritanie dans le renforcement de la liberté d’expression ?

Etant donné qu’aucune censure n’est imposée aux bloggeurs, ils sont « libres« . Cela signifie que seuls les bloggeurs eux-mêmes peuvent imposer des contraintes à cette liberté, en fonction de leur contexte culturel ou de leur personnalité. Il peut arriver qu’un bloggeur aille au-delà de ce que les autres peuvent considérer comme la limite de la liberté, mais cela relève d’un jugement personnel.

Je crois personnellement que les bloggeurs ne devraient pas se sentir observés par la société ni par une quelconque autorité. Nous veillerons donc à ce que notre union soit ouverte à toutes les opinions, quelle que soit leurs différences par rapport aux idées des autorités. Cela est notoire dans les blogs des membres de notre union. Parmi eux se trouvent des laïcs gauchisants, des islamistes salafistes et des modérés, et d’autres encore qui n’appartiennent à aucune école de pensée spécifique. Tous coexistent en harmonie, et l’union s’engage à les défendre tous contre toute forme de harcèlement potentiel.

Forte de sa conviction inébranlable selon laquelle la liberté d’expression est un droit sacré et inaliénable garanti par la loi, notre union a pris le parti des deux journalistes mauritaniens qui avaient été arrêtés. C’est un principe de l’union auquel nous avons la ferme intention de nous conformer, qui fera office de facteur clé dans le renforcement de la liberté d’expression en Mauritanie, où des progrès sont actuellement enregistrés en matière de libertés fondamentales, des progrès dont tout le monde devrait bénéficier.

Jusqu’où l’Union des Bloggeurs de Mauritanie peut-elle aller pour renforcer les échanges culturels au Maghreb, à la lumière des actes de terrorisme qui menacent la sécurité de la région ?

L’union des Bloggeurs de Mauritanie est une passerelle par le biais de laquelle la Mauritanie peut montrer au monde son vrai visage, attesté par une longue histoire de tolérance et de coexistence pacifique, à la fois à l’intérieur de ses frontières et avec ses voisins. Le terrorisme est un phénomène nouveau en Mauritanie. C’est un phénomène de dimension inconnue, mais qui présente des risques certains. Toutes les élites arabes doivent coopérer pour le contenir intellectuellement. Cette solution est indubitablement plus efficace que les mesures de sécurité.

Il existe beaucoup d’autres domaines porteurs et largement acceptés dans lesquels l’union s’engage à obtenir la coopération des organisations arabes et du Maghreb. Il est intéressant de noter que dans tous les Etats du Maghreb, à l’exception de la Tunisie, il existe des unions de bloggeurs. La coopération avec ces instances se fera donc, soit sur une base bilatérale, soit par l’intermédiaire de l’Union des Bloggeurs Arabes.

Interviewé par Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud pour Magharebia à Nouakchott – 21/05/08

    L’Union des Bloggeurs de Mauritanie a le vent en poupe. Plus de quatre cents de ses membres ont mis de côté leurs différences pour promouvoir une expression sans censure, discuter de normes professionnelles et montrer au reste du monde ce qu’ils appellent la « vraie » Mauritanie. Lorsqu’Ahmad Ould Islam, le seul Mauritanien de l’Union des Bloggeurs Arabes, a officiellement lancé une union des bloggeurs dans son pays, le 21 mars, ce fut un événement majeur pour les militants de la liberté de la presse dans le monde entier. Magharebia a pu rencontrer Ould Islam pour en apprendre plus sur sa nouvelle plate-forme d’échange de points de vue pour les Mauritaniens.

Magharebia: Quand et comment est née cette idée de créer une union des bloggeurs mauritaniens ?

Ahmad Ould Islam: J’ai commencé à envisager cette idée de constituer une union des bloggeurs mauritaniens lorsque j’ai commencé à utiliser un blog, durant l’été 2006. L’idée s’est par la suite affirmée lorsque j’ai adhéré à l’Union des Bloggeurs Arabes, dont j’ai été l’un des membres du premier bureau intérimaire. Je me suis ensuite attaché à diffuser cette idée sur mon blog, bien que sa réalisation ait été entravée par le fait que je vivais hors de Mauritanie. Après avoir terminé mes études, je suis revenu chez moi, et ai repensé l’idée, dont j’ai décidé de faire part sur mon blog, ainsi que sur d’autres blogs mauritaniens. Elle a été chaleureusement accueillie par les bloggeurs mauritaniens. Confiant dans le nombre croissant de participants potentiels, j’ai annoncé la création d’une réunion fondatrice. Plusieurs bloggeurs y ont participé et ont élu un comité directeur charger de formuler les statuts de l’association et de lancer les procédures juridiques nécessaires. A cet égard, nous revenons de loin.

Quels sont les buts recherchés au travers de cette union ?

L’idée de base de cette union est d’agir comme un syndicat défendant les droits des bloggeurs mauritaniens, en particulier au vu de leur nombre croissant et de leur appartenance à diverses écoles de pensée, dont certaines les exposent potentiellement à des risques de harcèlement. De plus, notre objectif est de faire connaître les blogs comme un forum de rencontre et un nouveau média, qui offre aux bloggeurs une liberté d’expression totale exempte de toute censure, à l’exception de celle de leur propre conscience. La plupart des intellectuels mauritaniens n’ont pas encore pris conscience de la valeur réelle des blogs. Jusqu’à maintenant, les bloggeurs n’étaient que des jeunes — pour la plupart étudiants ou diplômés de l’université — qui souhaitaient exprimer des opinions par ailleurs réprimées. A ce stade, l’un des objectifs fondamentaux de cette union est de disséminer une culture du blog au sein de l’élite mauritanienne, et d’encourager les écrivains et les hommes de lettres d’abord à créer des blogs, puis à rejoindre notre union.

Celle-ci s’attache également à présenter à « l’autre » une image non faussée de la Mauritanie, au vu de l’absence d’informations correctes sur ce pays et dans un contexte de multiples idées fausses exacerbées dans les médias, qui poussent les lecteurs à adopter une vision stéréotypée de notre pays, parfois très éloignée de la réalité.

Jusqu’où peut aller l’Union des Bloggeurs de Mauritanie dans le renforcement de la liberté d’expression ?

Etant donné qu’aucune censure n’est imposée aux bloggeurs, ils sont « libres« . Cela signifie que seuls les bloggeurs eux-mêmes peuvent imposer des contraintes à cette liberté, en fonction de leur contexte culturel ou de leur personnalité. Il peut arriver qu’un bloggeur aille au-delà de ce que les autres peuvent considérer comme la limite de la liberté, mais cela relève d’un jugement personnel.

Je crois personnellement que les bloggeurs ne devraient pas se sentir observés par la société ni par une quelconque autorité. Nous veillerons donc à ce que notre union soit ouverte à toutes les opinions, quelle que soit leurs différences par rapport aux idées des autorités. Cela est notoire dans les blogs des membres de notre union. Parmi eux se trouvent des laïcs gauchisants, des islamistes salafistes et des modérés, et d’autres encore qui n’appartiennent à aucune école de pensée spécifique. Tous coexistent en harmonie, et l’union s’engage à les défendre tous contre toute forme de harcèlement potentiel.

Forte de sa conviction inébranlable selon laquelle la liberté d’expression est un droit sacré et inaliénable garanti par la loi, notre union a pris le parti des deux journalistes mauritaniens qui avaient été arrêtés. C’est un principe de l’union auquel nous avons la ferme intention de nous conformer, qui fera office de facteur clé dans le renforcement de la liberté d’expression en Mauritanie, où des progrès sont actuellement enregistrés en matière de libertés fondamentales, des progrès dont tout le monde devrait bénéficier.

Jusqu’où l’Union des Bloggeurs de Mauritanie peut-elle aller pour renforcer les échanges culturels au Maghreb, à la lumière des actes de terrorisme qui menacent la sécurité de la région ?

L’union des Bloggeurs de Mauritanie est une passerelle par le biais de laquelle la Mauritanie peut montrer au monde son vrai visage, attesté par une longue histoire de tolérance et de coexistence pacifique, à la fois à l’intérieur de ses frontières et avec ses voisins. Le terrorisme est un phénomène nouveau en Mauritanie. C’est un phénomène de dimension inconnue, mais qui présente des risques certains. Toutes les élites arabes doivent coopérer pour le contenir intellectuellement. Cette solution est indubitablement plus efficace que les mesures de sécurité.

Il existe beaucoup d’autres domaines porteurs et largement acceptés dans lesquels l’union s’engage à obtenir la coopération des organisations arabes et du Maghreb. Il est intéressant de noter que dans tous les Etats du Maghreb, à l’exception de la Tunisie, il existe des unions de bloggeurs. La coopération avec ces instances se fera donc, soit sur une base bilatérale, soit par l’intermédiaire de l’Union des Bloggeurs Arabes.

Interviewé par Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud pour Magharebia à Nouakchott – 21/05/08

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