Prenez quelques mots un peu synonymes de votre sujet… mais pas trop. Mélangez bien le tout. Ajoutez quelques exemples savamment caricaturés pour faire monter la mayonnaise. Tournez toujours dans le même sens et évitez le débat d’idées au risque de faire virer la sauce. Cristallisez sur les dérapages bien choisis pour faire monter la pression. Noyez le poisson. Faites flambez la victimisation et laissez virer au vinaigre. Mettez les pieds dans le plat… La salade est prête ! Bon appétit chers députés ….

De la grande cuisine, que ce sujet de société qui enflamme les esprits ! Et pour cause, entre les mots déguisés, les fausses pistes de réflexion et les pôles d’intérêt de chacun, absolument divergents, l’affaire est inextricable !

D’abord, les fausses questions.

Pourquoi appeler « mariage pour tous » un sujet qui ne concerne que le mariage gay ? Pourquoi les homosexuels revendiquent-ils le mariage quand ils ont à leur disposition le PACS, que même les jeunes couples hétérosexuels choisissent en masse ?

Parce que le terme mariage est une première étape essentielle vers l’objectif réel qui est le droit à l’enfant.

Parce que derrière ce dialogue de sourd se cache en réalité un autre combat. Celui du droit à la PMA, à la GPA et à l’adoption par des couples homosexuels.

Un sujet complexe qui mériterait un vrai débat. Mais voilà, entre l’intérêt politique qui lie le gouvernement à la cause affective des homosexuels, la raison commune ne semble pas avoir sa place.

On insulte, on stigmatise, on fait du bruit et on s’indigne de la moindre interrogation pragmatique. Car le gouvernement trop mal à l’aise, souhaite conclure ce dossier d’un coup de pouvoir absolu et tourner la page au plus vite.

Oui, le gouvernement est très gêné. Car le gouvernement a promis, sans aucune mesure des conséquences, dans le feu de la campagne présidentielle, de donner gain de cause aux homosexuels en échange d’un vote communautaire massif. Et l’heure est aux comptes car la campagne municipale se profile et il y a le risque de perdre Paris.

Initialement, le gouvernement envisageait un marché de dupe. Une simple motion en faveur du mariage gay avant les municipales. Et puis, et puis… après il serait temps. Mais c’était sans compter avec l’intervention du Garde des Sceaux qui, en mettant les pieds dans le plat, a dévoilé avant l’heure la suite du menu des réjouissances.

Alors que faire, donner raison à la dimension humaine et affective de ce sujet au nom de la raison d’état et contre la raison sociale ?

Les homosexuels veulent des enfants. Qu’on matraque et piétine jusqu’à les faire taire, tous les opposants au projet… A commencer par Mère Nature que pour une fois les écolos ne vénèrent pas.

Les gays veulent adopter. Et bien tant pis pour tous ces couples hétérosexuels qui attendent depuis trop longtemps l’aboutissement de leurs demandes d’adoption. Ils attendront encore plus longtemps.

Les gays veulent des enfants à leurs empreintes ADN. Que cela ne tienne. Ouvrons à tout va le droit à la PMA et à la GPA. Créons des supermarchés d’enfants parfaits et sur mesure, des sociétés d’intérim spécialisées dans les mères porteuses, des agences de mâles, donneurs de sperme. Remettons en état toutes les maternités qui ont fermées, démultiplions les crèches, les écoles et les services hospitaliers spécialisés pour occuper tout ce personnel soignant désœuvré par l’inactivité. Et tant pis pour le déficit de la sécu et des caisses de l’état. En amour comme en politique on ne compte pas !

Et les enfants à venir dans tout ça, que dire de leurs droits ? Rien. Car dans deux quinquennats ils n’auront toujours pas le droit de vote. Et dans ce débat bien terre-à-terre sans affect ni conscience, mené de main de maître par le gouvernement, c’est l’agenda politique qui est la seule vraie cause importante qui compte.