Et 1 et 2 et 3 zéro, ce refrain guilleret entonné au lendemain d’une victoire sonne quelque peu bizarrement pour certains les régionales passées.

Et voilà que la majorité présidentielle n’a plus que de majorité que le nom, ne dépassant plus guère qu’un timide tiers, le tiers d’Etat certes mais tout de même … Alors il est bien sûr que les résultats de régionales 2010 ne font pas la présidentielle 2012. Mais il n’empêche que voilà l’incarnation de la présidentialisation du régime obligé de s’associer à un revers et d’en assumer la plus grande part. L’occasion de s’interroger sur son statut de stratège patiemment élaboré.


Une manière au départ de faire oublier le choix hasardeux de la candidature Balladur en 1995. Pour mieux faire oublier sa désastreuse campagne européenne de 1999, il préféra axer sa raillerie sur la dissolution chiraquienne. Mais cette pseudo virginité politique résiste mal à l’épreuve récente qui parait résulter d’une triple erreur d’analyse :
S’être trompé d’adversaire. Les présidentielles gagnées, le PS déchiré est à l’agonie. Sa politique d’ouverture parait devoir l’achever. Et les politiciens de droite de se succéder pour même regretter que l’opposition soit si faible voire même s’inquiéter pour notre démocratie d’une telle domination. Heureusement le péril rouge est tout trouvé sous les traits d’un petit postier sûrement redoutable devenu le symbôle d’une extrême gauche aux portes de nos foyers. Et voilà Besancenot et ses comparses érigés en ennemis numéro 1… le NPA se contente pourtant d’un maigrelet 2,4% quand le PS s’affirme comme la première force politique du pays…
Avoir raté le virage écologique
Pas particulièrement teinté de vert, le programme du candidat Sarkozy avait pourtant entendu se positionner plus calirement sur ce thème. A organiser même un Grenelle de la chose censé rester dans l’histoire. Après les européennes de 2009, le vote écolo devient un enjeu clair justifié par une prise de conscience mondiale génératrice de sommets en tout genre. Las, la Droite ne va pourtant pas parvenir à incarner cette mouvance, incapable de contrer un Dany le Rouge ragaillardi, de passer de la théorie aux actes. De fait, le plus naturellement du monde et quasi sans combattre, PS et Verts s’unissent à la veille du deuxième tour sans contestation. Comme une acceptation bientôt confirmée par quelques propos peu amènes comme ce "L’environnement, ça commence à bien faire " lâché aux agriculteurs. Un environnement qu’on semble utiliser ou rejeter au gré des opportunités…
Avoir fait renaître le FN
De ce débat sur l’identité nationale centré sur l’immigration et ses dangers, on ne voyait qu’un intérêt : celui de radicaliser le débat et de réveiller l’électorat de droite, le remobiliser jusque dans ses extrêmes à l’heure de l’élection. Elu par les reports de voix du FN au second tour de la Présidentielle, Sarkozy sait trop ce qu’il doit à ces voix complices. D’Eric Besson à Brice Hortefeux ils n’ont pas manqué de mouiller leur chemise pour diaboliser, dénoncer, craindre, renvoyer à tour de bras. Au nom de l’insécurité, il s’agissait de serrer les rangs. L’insécurité, un sujet aux petits oignons pour l’ancien Ministre de l’Intérieur. Ministre en 2002, il y a 8 ans, putain 8 ans, et toujours les même ficelles agitées pour aucun résultat. Mais la mayonnaise n’a pas pris, n’est pas Mitterrand qui veut, pire, les Le Pen pouvaient s’en donner à coeur joie tapant sur les ministres d’ouverture ou la désindustrialisation croissante pour accompagrer leurs traditionnels couplets anti-immigrés. Et les reports de voix n’eurent pas lieu. Déjà parce que le FN s’est maintenu dans 12 régions et n’a appelé à voter ni pour la gauche ni pour la droite dans les autres… fermez le ban.
Réformes ou pas réformes, remaniement ou pas remaniement, changement de Premier Ministre ou pas, fin de la politique d’ouverture ou pas, la vraie nouveauté de ce scrutin semble véritablement que le président habitué à jouer sur du velours des coups d’avance se retrouve contraint de réagir et de faire des choix par défaut. Cela peut lui permettre de rebondir ou de se décrédibiliser totalement. Les rumeurs le rendant responsable de l’annulation du 20h de Fillon montrent qu’il est déjà sur une corde raide…