Lundi soir, tandis que Martine Aubry, en bonnet blanc, dansera dans les bras de François Hollande, en blanc bonnet, on connaîtra sans doute le nom du personnage politique « haut placé » qui avait recours au réseau de prostitution de luxe lillois. Il ne s’agirait ni de Dominique Baudis, ni de Dominique Strauss-Kahn, du moins, pas que l’on sache déjà. Bah, on s’en balance autant que de l’accouchement de Carla Bruni, n’est-il pas ?

Tout d’abord, ce sondage d’Harris Interactive pour Grazia, magazine de « la mode, la beauté, les people et le luxe » : l’accouchement de Carla Bruni ? les Français « s’en contrefichent à 87 % » et même « 82 % souhaitent que les médias n’en parlent pas ».
C’est du moins ce que rapporte Barbara Lambert pour Atlantico, car le site du magazine ne met pas vraiment ce sondage en valeur…
J’ai cherché à remonter à la source, en vain. Cela me semble corroborer que les réponses à certains sondages et les sentiments profonds des sondés, voire leurs actes, peuvent fortement diverger.
Mais il faudrait étudier la formulation des questions pour affiner ce point de vue. C’est un peu comme pour la question de la prostitution. Laquelle d’abord ?

« Enquête région : sexe, mensonges et double vie, la prostitution étudiante », titre Nordway magazine, qui estime : « le phénomène est pourtant une réalité partout en France, attestée par certains témoignages et les annonces qui fleurissent sur Internet. ».

Si un sondeur me demandait si je suis pour ou contre la prostitution et qu’il me fallait répondre par oui ou par non, je me classerais dans les NSP ou « sans opinion ». Alors que, comme tout un chacun, j’ai sans doute des vues sur la question, fluctuantes, mitigées, pas vraiment quantifiables (en sus, avec l’âge, il paraît qu’on devient indifférent ou plus laxiste ; j’ai dû prendre un coup de vieux…).

Que ne faut-il point faire ?

Je ne sais si Martine Aubry s’intéressait au rugby hier, mais il fait l’objet de toute son attention aujourd’hui. Elle compare d’ailleurs sa rencontre avec François Hollande, demain dimanche, avec celle du… quoi au juste ? XIII ou XV ? – ah, non, ne feignons pas l’ignorance, pour échapper à l’actualité sportive, c’est comme pour l’accouchement de Carla Bruni : le XV, donc – celui, donc, de France avec celui du Pays de Galles. « S’il y avait eu des sondages, évidemment, on les aurait donnés battus [contre l’Angleterre], » a-t-elle déclaré à Nord Éclair. Comparaison n’est pas raison, mais, c’est sûr, avec François, Martine fera comme les Français et les Gallois : « à la troisième mi-temps, ils font la fête ensemble. ». Or donc, lundi soir, Aubry et Hollande danseront le tango ; en tout cas, François est inscrit sur le carnet de bal de Martine.

Sur l’air de la prostitution, c’est le pas de deux… prudent. Bien sûr, Martine Aubry, selon les têtes d’affiche féministes de sa campagne, est « contre le système prostitutionnel ». Demandez à François Hollande, je parie qu’il se déclare « contre le prostitutionnel système ». Lequel ne se portait pas trop mal à Lille. À Tulle, c’est plus discret : paye en poche, les « gars » du cru « montent » à Limoges en fin ou début de mois…

En revanche, de Lille, on descendait sur Paris…

Cent salariés sur le carreau

À Lille, c’est une centaine de salariés, ceux des hôtels Carlton, des Tours et de l’Alizé-Opéra, qui risque de se retrouver en chômage technique. La fermeture temporaire des trois établissements, propriétés d’Hervé Franchois et de Francis Hérion, a été demandée, pour trois mois, par les magistrats instructeurs. Me Franck Berton compte faire appel. Du pied aussi à Martine Aubry ? Elle n’en peut mais, cependant, la perspective de voir les hommes d’affaires obligés de se rabattre sur un quelconque Ibis, ou le Sofitel de Marcq-en-Barœul, ne devrait pas la laisser indifférente.

Faut-il plus d’Europe ou moins d’Europe, et harmoniser les législations ? Mais comment concilier l’Allemagne, le Bénélux, et la pudibonde Irlande qui veut adopter « le modèle suédois » (et norvégien), soit criminaliser les clients et non les prostituées, comme le suggérait Roselyne Bachelot-Narquin pour la France ? Comme l’expliquait Dominique Alderweireld à L’Avenir (Belgique), « la Belgique devrait disposer d’une loi-cadre, comme d’autres pays européens… ».

À moins de mettre un policier pour trois-quatre « filles » ou « garçons », chargés de percevoir une TVA à 300 % sur chaque prestation, l’application risque d’être balbutiante, ou ne concerner que les mêmes, soit ceux les plus susceptibles de se faire prendre.

Policiers, justement… Un commissaire divisionnaire, Jean-Christophe Lagarde, directeur de services lillois, a réuni ses « hommes » pour leur annoncer sa prochaine mise en garde à vue. Me Berton, avocat de Fabrice Henrion, se demande si de « hauts-gradés » de la police n’auraient pas fourni directement des professionnelles à un homme politique en vue, dont il ne veut confirmer l’identité.

Après Dominique Alderweireld (« Dodo la Saumure »), voici David Roquet, des Matériaux enrobés du Nord (« enrobé, c’est pesé… »), déféré au parquet de Lille. David Roquet a été écroué car mis en examen pour avoir trop fréquenté René Kojefer, et fourni de quoi alimenter son carnet d’adresses. Béatrice Legrain, compagne Alderweireld, aurait pris la tête des délégations professionnelles lilloises en virées parisiennes…

Sites à chaud

Cela n’a évidemment rien à voir : Philippe Delaunois, ex-administrateur de Cockerill Sambre, estime qu’il y a « une réelle menace sur les sites à chaud de Charleroi. ». Entendez, les lignes de production métallurgique à chaud d’Arcelor-Mittal, qui, après celles de Liège, pourraient fermer. « Le pouvoir politique est relativement démuni face aux décisions d’un groupe multinational, » estime-t-il, après un certain Lionel Jospin. De son côté, le quotidien La Meuse estime que l’État belge aurait « offert » 236 millions d’euros à Arcelor-Mittal via les quotas de CO2.

Le même quotidien « voyait » encore, ce samedi, Dominique Strauss-Kahn mouillé dans le dossier lillois. « DSK encore cité dans un dossier de prostitution » : « le nom de DSK est cité par certaines filles (…) l’une des jeunes filles aurait même affirmé que DSK avait profité de ses services, » poursuit La Meuse. On ne prête qu’aux riches. Me Frédérique Beaulieu, pour DSK, dit totalement ignorer cette affaire. Cela évoque fort Dominique Baudis…

De toute façon, que ce soit par le biais de subventions, ou de bénéfices tirés de la vente de produits, ce sont toujours pratiquement les mêmes qui fournissent des « filles » ou des quotas de CO2, ou ce que l’on voudra. Finalement, les proxénètes, c’est nous… nous toutes et tous.

« Moi non plus, » chuchotera peut-être Martine Aubry à l’oreille de François Hollande (ou l’inverse) en dansant, lundi soir, pour fêter le succès des primaires… On espère qu’après un détour par la synagogue en compagnie d’Élisabeth Badinter, DSK et Anne Sinclair seront des réjouissances.

Vu sous cet angle, mieux vaut s’intéresser de plus près à la naissance de l’enfant du couple Sarkozy-Bruni : c’est moins sinistre. Et tellement plus facile.

P.-S. – C’est assez amusant de voir Le Figaro, Morandini et d’autres répercuter très fort, après La Meuse, le fait que DSK serait cité dans le dossier. En ne citant que le JDD de ce dimanche, ou même  Closer. La Meuse, connaît pas.
Il est vrai que le JDD va jusqu’à estimer que DSK faisait venir à New-York des professionnelles « lilloises ». Si c’était vrai, c’est à se demander si on ne lui aurait pas collé dans les bras des jeunes femmes beaucoup plus disposées à témoigner en France que leurs homologues américaines (une « Madame » de New-York avait déclaré, lors de l’affaire Nafissatou Diallo, que DSK utilisait les services de ses « filles », plutôt à la hussarde d’ailleurs). Qu’espérait donc un commissaire divisionnaire en servant ainsi d’intermédiaire ? En croquer ? Hmm…. Ou une promotion ? De qui ? De l’actuel pouvoir ou du suivant ?

Pour info. Un Lille (XDB) – New York (JFK), c’est au bas mot 1 600 euros l’AR. Au tarif forfaitaire de ces dames, comptez le triple en sus. Près de 7 000 euros la sauterie, c’est un train de vie d’oligarque russe, cela…