L’auteure du livre Omerta dans la Police (Cherche Midi éd.) n’est pas au bout de ses ennuis judiciaires. Sihem Souid accepte aujourd’hui de revenir sur les événements depuis ses révélations sulfureuses concernant l’exercice de sa fonction et le comportement de certains de ses collègues de la Police aux frontières (DCPAF). Après avoir obtenu la suspension d’une mesure disciplinaire en première instance au motif d’irrégularité, Sihem Souid va devoir se présenter devant la Cour d’appel de Paris, par décision du Parquet. L’ancienne fonctionnaire de la PAF (police de l’air et des frontières) d’Orly est en effet poursuivie par sa hiérarchie pour divulgation du secret professionnel.
Le succès de son livre, dévoilant le quotidien des fonctionnaires de la police nationale installés à Orly au service de l’immigration, n’a pas du tout été apprécié par le ministère de l’intérieur. Certes les faits qu’elle dénonce sont particulièrement graves et les preuves ne manquent pas, mais dans la maison « on ne balance pas ». Nous n’y reviendrons pas, tout est dans le livre.
Dès lors une procédure disciplinaire fut engagée en 2009, la policière sera mise en garde à vue par l’IGS (Inspection générale des services), plus souvent appelée « la police des polices ».
La vindicte est là et tout est mis en œuvre pur rendre la vie impossible à Sihem Souid.
Elle affirme avoir été victime de menaces de mort, d’atteinte permanente à la vie privée durant notre entretien, mais elle ne désarme pas, sûre de son droit. La vérité s’est aussi son métier, comme celui de nombre de ses collègues qui la soutiennent.
Dans la police, on peut être la cible du pouvoir si l’on ne respecte la loi de l‘Omerta. Ses membres n’ont pas droit aux états d’âmes et encore moins de les exprimer librement.
Leur devoir est devenu de faire du chiffre et en particulier dans les services d’immigration quand le gouvernement impose le résultat par tous les moyens.
Le ministère de l’Intérieur a confié à la société Carlson, dans un marché public, la tâche de loger les personnes en situation irrégulière dans les unités du groupe Accor et d’émettre des billets d’avions pour les expulsions : un régal pour le voyagiste, l’hôtelier et les « commissionpagnies » aériennes.
La société Carlson avait même édité les billets d’avion de Mme et M. Éric Besson pour leur voyage de noces à Capri.
L’auteure dénonce encore la corruption, elle le répète inlassablement : « le patron est couvert de cadeaux par les compagnies aériennes et j’ai des preuves. ».
Mais que dire du ministère de l’Intérieur qui se fait reverser les bénéfices de Carlson WagonLit, sans laisser aucune trace dans la comptabilité publique.
Que dire de la remise de la Légion d’Honneur à la présidente de Carlson par le président de la République?
Il faut dire, entre autres, que les plaisanteries primaires de M. Hortefeux et les relents de M. Guéant ne sont pas du meilleur exemple pour les forces de l’ordre qui ont d’autant moins de retenue sur leurs excès.
Finalement, sachez-le, Sihem, la justice et la démocratie ont tout à gagner de votre révolte, bien plus qu’avec les récents propos du ministre de l’Intérieur et des petites affaires des chefs de service que vous dénoncez courageusement.
Voir aussi :
[url]http://www.amazon.fr/Clearstream-EADS-Karachigate-syndrome-du-sarkozysme-Galli-Douani/dp/B004U5KP0Q/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1301330397&sr=1-1[/url]
Bravo pour l’article. Le livre de Sihem dénonce les agissements de nervis racistes de certains membres des forces de l’ordre et la corruption, évidemment qu’on tente de lui mettre des bâtons dans les roues!!!