Depuis le début de l’année 2011, les affaires, tant politico-financières que celles afférentes à « la complexité de sa vie sexuelle(1) », requalifiée « drague lourde » ou « frasques », éclaboussant et écornant la respectabilité de Dominique Strauss-Khan, engorgent, – certaines à pas feutrés et d’autres à grand renfort de sensationnel type « séries américaines » -, les « Unes » des médias…

 

C’est d’abord le « Koweïtgate(2) » mis au goût du jour, le 1er Mars, par le quotidien romand édité à Fribourg « La Liberté ». Le journaliste Christian Campiche y précise que « Vingt ans après la guerre du Golfe, l’affaire des puits de pétrole en feu au Koweït rebondit devant la justice. Elle pourrait embarrasser Dominique Strauss-Khan… » et y révèle que « Le Kuwait Gate » est un « gigantesque trafic d’argent qui a suivi l’incendie, par les troupes de Saddam Hussein, de 1.100 puits de pétrole, au Koweït… » se concrétisant, au plan financier, par « une escroquerie internationale de 22 milliards de dollars. » Au différent, la presse française, même « Charlie Hebdo », même « Marianne2 » même « Médiapart », même « Le Canard Enchaîné » et tant d’autres de la même veine toujours prompts à sauter sur une affaire « scandaleuse » qui écorniflerait des politiques dits de « Droite » et, au travers d’eux, la Présidence de la République, joue les autruches. Pourtant le monde journalistique et médiatique français(3) ne s’est, à aucun moment, « trouvé » dans l’ignorance de cette affaire plus que scabreuse ni démuni de toute information fondée.

 

En effet, le journaliste d’investigation, Denis Robert, par ses essais(4), films(5) et interviews à la presse, a dénoncé, depuis 2001, le fonctionnement opaque de la chambre de compensation financière Clearstream. Dans « Révélation$ », le journaliste accuse Cedel International, devenu Clearstream, d’être l’une des plates-formes majeures de la dissimulation de transactions financières au niveau mondial, et, dans « La boite noire », le journaliste dénonce les mécanismes de corruption du scandale Clearstream et évoque l’Affaire Basano qui «a commencé quand ce dernier s’est rendu compte qu’on s’était servi de son identité et de ses papiers pour transférer, via une banque hollandaise, des fonds provenant du Koweït. Ces fonds seront investis en titres grâce à un compte non publié de Clearstream.» Ses écrits, ses documentaires et ses déclarations lui ont valu de faire face à 60 procédures judiciaires intentées en France, en Belgique et au Luxembourg, par des banques, – Menatep, une banque russe, la Banque Générale de Luxembourg filiale de Fortis... -, et la société Clearstream. Le 3 février 2011, il est blanchi de sa condamnation pour ses deux ouvrages « Révélation$ » et « La Boîte noire », et pour son film documentaire « Les Dissimulateurs », par la Cour de cassation.

 

En effet, lors de la parution, aux Editions Fayard, en 2007, de son livre « Rapacités » qu’il a co-écrit avec Sophie Coignard, Jean Louis Gergorin, – un ancien diplomate et homme d’affaires français polytechnicien, énarque et directeur de la coordination stratégique du groupe EADS(6) -, est présent sur le plateau de l’émission conçue et présentée par Guillaume Durand et produite par Carrère group « Esprits Libres » du vendredi 9 mars 2007. Le « corbeau de l’Affaire Cleastream » y explique que « dans cette affaire de listing de comptes de Cedel International, une affaire d’État explosive dont le système médiatique français corrompu ne veut pas parler, liée aux frégates de Taïwan… » Dans le cadre de son interview, Jean Louis Gergorin fait une déclaration fracassante « sur l’existence de comptes bancaires morts-vivants appartenant à des personnalités… » et donne des noms « une des personnalités impliquées détenant un de ces comptes morts-vivants serait Dominique Strauss-Kahn… »

 

Mais Guillaume Durand interrompt son invité et, mettant un terme précipité à l’entretien car « on ne touche pas à Dominique Strauss-Kahn », le remercie d’être venu… Au différent, si le « corbeau de Cleatream » avait « balancé » le nom d’une personnalité politique proche de la Présidence de la République ou proche du candidat Nicolas Sarkosy, que se serait-il passé ? Un déferlement médiatique ? De toute évidence, la curée se serait produite et quantité de premières pages de journaux dédiées à l’affaire aurait embourbé les quotidiens, les flash d’information radiophoniques, les journaux télévisés et les bloggeurs, sur internet, auraient, par des déversements incontrôlés « de tombereaux de gadoue, d’immondices, de bouillasse et de fiente », pollué « la toile »… Belle leçon de déontologie journalistique d’autant que si, lors des présidentielles de 2007, Ségolène Royal était élue à la Présidence de la République, Dominique Strauss-Khan était un plausible premier ministre.

 

C’est, enfin, l’Affaire Dominique Strauss-Kahn/Jean Peyrelevade et la privatisation du Crédit Lyonnais qui s’est, dans un premier temps, sous la cohabitation Chirac/Jospin muée en Affaire Tapis-Adidas/Crédit Lyonnais et que, depuis 2007, la presse gogo française aux ordres de certains partis politiques de gauche par les implications, quant aux dires de Mariannes2(7), – « L’ancien ministre de Mitterrand rallié à la cause sarkozyenne en 2007 accusant la banque de l’avoir spolié d’Adidas » -, du « gouvernement qui impose d’abandonner les poursuites au profit d’une procédure arbitrale qui donne raison à … Tapie, et lui accorde une indemnisation record. », en a fait « L’Affaire Lagarde, un scandale ravageur et symbolique de Sarkofrance. »

 

C’est une interview, réalisée et publiée, avec l’entremise de l’AFP et de Reuters, par le journal « Le Monde », un journal du Groupe média Lagardère dirigé par Arnaud Lagardère en personne « crachant au bassinet du Cercle de l’Industrie » et naviguant dans les eaux du consortium constitué par les deux grands groupes « Havas-Vivendi » et « Hachette-Groupe Lagardère », – tous d’appartenance au« Cercle de l’Industrie » créé par Dominique Strauss-Kahn-, desquels fait part intégrante « Euro RSCG C&O » la société de communicants au service de Dominique Strauss-Khan, qui a allumé la mèche. En effet, il a dû paraître urgent aux communicants Gilles Finchelstein, Anne Hommel et Ramzy Khiroun emmenés par Stéphane Fouks, d’allumer des contre-feux, leur patron étant cause prenante depuis 1999, dans cette affaire Tapie-Adidas/Crédit lyonnais.

 

Le 17 Mars, se substituant aux parlementaires qui auraient dû statuer, mais pressé pour finaliser la privation de la banque Crédit Lyonnais dont son ami, Jean Peyrelevade, était aux commandes, il écrivait un courrier dans lequel il avalisait une « application des annexes 9.2 du protocole… conformément à ce que le représentant de l’État a indiqué au Conseil d’administration du 21 mars 1996, les conséquences financières éventuelles des actions engagées par les mandataires-liquidateurs du Groupe Tapie et un mandataire ad-hoc au nom de CEDEP au titre de la cession de BTD GmbH(Adidas). Ceci s’entend cependant sous réserve de la contribution forfaitaire que le Crédit Lyonnais a accepté d’apporter au titre de dédommagement du CDR en cas de condamnation, à hauteur de 12 millions d’euros, ou s’il est inférieur, du montant de la condamnation. » et par lequel l’État devenait créditeur, pour 390 millions, de Bernard Tapie.

 

Selon l’article 432-1 du Code pénal, « le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende » pour avoir rédigé et signé la lettre du 17 Mars 1999, Dominique Strauss-Kahn s’exposait à cette sanction pénale… d’où urgence, pour ses communicants d’accabler Christine Lagarde qui, en 2007, alors ministre de l’économie et des finances, a pu se commettre, dans l’Affaire Tapie-Adidas/.Crédit Lyonnais, en en donnant ou non un ordre à ses services d’arbitrer au profit de l’homme d’affaires, en outrepassant ou non ses droits, dans « un abus ou non d’autorité » qui aurait, dès lors, favorisé Bernard Tapie dans l’obtention de son dédommagement.

 

A cet effet, et dans la logique d’un contre-feux mis en place par les consultants de Dominique Strauss-Kahn, la Cour de justice de la République ayant été saisie et l’ouverture d’une enquête sur la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, pour le rôle qu’elle a joué dans l’affaire Tapie-Crédit lyonnais quand elle était ministre de l’économie, aux motifs de « complicité de détournement de biens publics et complicité de faux» dans le règlement de l’affaire Tapie. », étant imminente, un petit lapin est sorti du chapeau du magicien « Le.Monde » : Bernard Scemama ancien président de l’Établissement Public de Financement et de Réalisation, – EPFR -, qui contrôle le Consortium de Réalisation, – CDR -. Dans cette affaire, Bernard Scemama, mis en cause, depuis le 23 Juin 2011, par la Cour des comptes.

 

A cette date, Bernard Scemama avait confié, au Monde : « C’est très désagréable, car je n’ai rien à me reprocher, je n’ai joué aucun rôle dans cette histoire… J’ai pris mes fonctions, en octobre 2007, le jour même où venait en délibération la décision de recourir à l’arbitrage ! Le choix de recourir à cette procédure était en préparation depuis des mois déjà. Et l’EPFR a voté à l’unanimité la proposition de M. Rocchi, patron du CDR. » Depuis 2009, il est devenu président du conseil de surveillance de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac qui est aussi le centre opérationnel de Novespace et, à ce titre, l’Airbus A300 ZERO-G y stationne de manière permanente. Mais le vendredi 5 Août, toujours au journal « Le Monde », concomitamment à la saisine de la Cour de justice de la République et la probable ouverture d’une enquête, il déclare qu’il « a agi sur les ordres impératifs du cabinet de Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie… » et rajoute « J’ai été reçu dès ma nomination par Stéphane Richard, le directeur du cabinet de la ministre des Finances, Christine Lagarde. Il m’a tout de suite parlé du dossier Tapie et m’a donné une consigne claire: il fallait aller à l’arbitrage : C’est la décision du gouvernement. »

 

Bien étrange que les journalistes du Monde fassent le travail des futurs enquêteurs et qu’ils jettent, ainsi en pâture, en toute illégalité, les résultats non attestés par des dossiers et des rapports de justice, aux vues de la populace… Certains vont même beaucoup plus loin dans la divulgation de documents afférents à l’Affaire Adidas-Rapie/Crédit Lyonnais, tel ceux de Médiapart dont Laurent Mauduit qui, le 21 Mai 2011, en plein Affaire Nafissarou Diallo/Dominique Strauss-Kahn, publie un rapport adressé aux deux présidents des commissions des finances de l’Assemblée et du Sénat, et rédigé par des magistrats de la Cour des Comptes. Dans son article « Affaire Tapie : le rapport secret qui accable Christine Lagarde », une boite noire(8) précise « Le rapport de la Cour des comptes, tel que nous l’avons inséré au bas de la première page de cet article, n’est pas strictement conforme au modèle original… » D’autre part, le journaliste écrit : « Dans le souci que notre source ne puisse pas être identifiée nous avons apporté des modifications de forme à ce rapport, mais sans rien changer à son contenu. » Mais, pour Dominique Strauss-Kahn, dans les affaires poltico-financières dont il est mis en cause, ils font état de la vie privée pour ne pas divulguer des documents compromettants ou font état de la censure…

 

Mais entre ces deux affaires… ?

 

Notes.


(1) « DSK : Ses amis redoutaient le pire », Yvan Stefanovitch, France-Soir du 18 Mai 2011

(2) « Le Kuwait Gate gène DSK », Christian Campiche, La Liberté du 1er Mars 2011.

(3) En 2008, le journaliste Denis Robert s’est trouvé au coeur d’une polémique l’ayant opposé, pour ses écrits sur l’affaire Cleastream, à l’ancien patron du journal Charlie Hebdo, Philippe Val et au journaliste Edwy Plenel, fondateur de Médiapart.
Dans l’émission «  Esprits Libres » du vendredi 9 mars 2007, sur France 2, Jean-Louis Gergorin, le " corbeau " de l’affaire Clearstream, a déclaré avoir reçu des preuves de l’existence de comptes frauduleux qui appartiendraient à Dominique Strauss-Kahn. Alors que Jean-Louis Gergorin commence à passer à table en direct, Guillaume Durand devient blême et interrompt son invité pour le remercier d’être venu…

(4) Essais de Denis Robert : « Pendant les affaires, les affaires continuent », et « La Justice ou le chaos », en 1996 : « Révolte.com », en 2000 ; « Révélation$ », en 2001 ; « La Boîte noire », en 2002 ; « Leçons de journalisme », en 2004 : « Clearstream, l’enquête », en 2006 ; et « Tout clearstream », aux Editions Les Arènes, en 2011.

(5) Filmographie de Denis Robert : « Journal intime des affaires en cours », en 1998 » ; « Les Dissimulateurs », diffusé sur Canal+ en 2001 ; et « L’Affaire ClearStream racontée à un ouvrier de chez Daewoo », diffusé sur Canal+ en 2002, un film documentaire qui raconte, entre autres, comment le capitalisme financier se sert d’outils comme la chambre de compensation Clearstream pour fermer des usines. Il raconte aussi comment le Luxembourg, État européen, fermerait les yeux sur ces pratiques, les encouragerait même.
(6) EADS : European Aeronautic Defence and Space Company créé le 10 juillet 2000 par la fusion de trois entreprises européennes, l’allemand DASA, le français Aerospatiale-Matra, – issu de la privatisation et des négociations menées par Dominique Strauss-Khan, en 1999 d’Aérospatiale en faveur de son ami du Cercle de l’Industrie, Jean Lucien Lagardère patron de Matra -, et l’espagnol CASA.
(7) « Affaire Lagarde : Sarkozy rattrapé par sa désinvolture », Marianne2 du 6 Aout 2011.
« Affaire Lagarde : les six leçons de la décision de la CJR », Corinne Lepage , Rue89 du 6 Août 2011
« Affaire Lagarde : Sarkozy pourrait-il être responsable, coupable, mais intouchable ? », Bruno Roger-Petit du 5 août 2011.
« Lagarde, Tapie, Sarkozy : même combat », Henry Moreigne, Agora vox du 6 août 2011.
etc. etc., des centaines d’articles, ainsi pullulant sur la toile et encombrant les médias.
(8) Contenu de la boite noire : « Le rapport de la Cour des comptes, tel que nous l’avons inséré au bas de la première page de cet article, n’est pas strictement conforme au modèle original.
« Dans sa mouture initiale, le rapport comprend 105 pages, annexes comprises, frappées d’un cachet «Confidentiel» barrant chaque feuillet. La version que nous révélons diffère en quelques points. D’abord, dans le souci de protéger nos sources, nous avons fait le choix de ressaisir l’intégralité du texte. La forme du document que nous présentons diffère donc légèrement de la présentation originale. Ensuite, nous avons exclu de notre retranscription les pages 60 à 86 du rapport, qui portent sur d’autres volets des activités du CDR, et qui ne concernent donc pas l’affaire Tapie. De même, nous n’avons pas reproduit les annexes, qui, comprenant notamment une chronologie de l’affaire, n’apportent pas de précisions notables. Le reste de la retranscription est strictement fidèle au texte original.
« Lors de la mise en ligne de cet article, samedi à 11 h 45, certaines pages avaient été interverties et des pages apparaissaient manquantes. Ce samedi à minuit, nous avons rétabli les pages dans le bon ordre, et aucune page n’est manquante. Dans la journée de dimanche, nous avons apporté d’ultimes corrections orthographiques à ce texte pour qu’il soit strictement conforme à l’original. »

 

Suite de cet article : « Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XIII : Politiques, justice et communicants 2

Précédents articles concernant le même sujet :

« Plus pourri que moi, je meurs… »

« Plus pourri que moi, je meurs… » Acte II : Les politiques, la justice et les think thanks 1.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte III : Les politiques, la justice et les think thanks 2.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IV : Les politiques, la justice et les think thanks 3.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte V : Les politiques, la justice et les think thanks 4.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VI : Femmes, vieilles affaires et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VII : Femmes, vieilles affaires et communicants 2

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VIII : Femmes, vieilles affaires et communicants 3

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IX : Femmes, vieilles affaires et communicants 4

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte X : Femmes, vieilles affaires et communicants 5

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XI : Femmes, vieilles affaires et communicants 6