Le Crédit Lyonnais à sa création.

Adhèrant, en 1976, au Parti Socialiste, après un court passage au Centre d’Études, de Recherches et d’Éducation Socialiste(1), – ou CERES -, de Jean-Pierre Chevènement, Dominique Strauss-Khan se rapproche de Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti Socialiste, qu’il conseille à partir de 1981. Bien que les militants socialistes de la Haute-Savoie aient rejeté sa candidature, – celle-ci, finalement et au titre de tête de liste, étant imposée par la direction nationale -, il est élu, au scrutin proportionnel, député socialiste à partir du 16 Mars 1986. Il devient, en charge des études et du programme, de 1986 à 1988, puis de l’économie et des finances, de 1988 à 1989, secrétaire national du Parti Socialiste. A l’Assemblée Nationale, il préside, de 1988 à 1991, la commission des finances.

Du 17 mai 1991 au 2 avril 1992, François Mitterrand nomme Dominique Strauss-Khan ministre délégué à l’Industrie et au Commerce extérieur dans le gouvernement d’Édith Cresson et, du 4 avril 1992 au 29 mars 1993, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur dans celui de Pierre Bérégovoy. Battu aux élections législatives de 1993. il crée alors, avec Raymond Lévy, patron de Publicis, le Cercle de l’industrie(2), dont il en est vice-présent « à titre bénévole tout en bénéficiant d’un bureau, d’une secrétaire et de notes de frais » et, dans les locaux de celui-ci, le cabinet d’avocat « DSK Consultants. » Parallèlement, Michel Rocard lui confie la présidence du « groupe des experts du PS. »

Après avoir été membre du conseil municipal, du 20 mars 1989 au 18 mars 2001, il est élu maire de Sarcelles le 18 juin 1995 et député de la 8e circonscription du Val-d’Oise le 12 juin 1997 jusqu’au 4 juin 1997, date à laquelle il est nommé ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie du gouvernement Lionel Jospin, un gouvernement duquel, rattrapé par des affaires politico-financières, – Mutuelle des Étudiants de France, Elf, Cassette Méry, affaire Karl lagerfel…-, il en démissionnera le 2 novembre 1999. La soif des mandats électoraux ne l’abandonnant pas, il a été, du 2 avril 2001 au 19 octobre 2007, député de la 8e circonscription du Val-d’Oise, du 4 juin 1997 au 31 Octobre 2007 ; adjoint au maire de Sarcelles, de 2002 à 2007, président de la communauté d’agglomération Val de France ; et, du 15 mars 1998 au 2 avril 2001, laissant la présidence à Jean Paul Huchon, conseiller régional d’Île-de-France.

Enfin, en 2007, avec l’accord préalable de Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, et, pour les États Unis, Condoleezza Rice, secrétaire d’État lors du second mandat de Président de George Walker Bush, apportent leur soutien à Dominique Strauss-Kahn en vue de la désignation du nouveau directeur général du Fonds Monétaire International, une institution dont il en est nommé, le 1er novembre 2007, Directeur Général…

C’est au cours des deux septennats de François Mitterrand, – Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard, Edith Cresson et Pierre Bérégovoy, premiers ministres -, y compris lors des deux cohabitations – Jacques Chirac et Edouard Balladur, premiers ministres -, et de la cohabitation, lors du septennat de Jacques Chirac, – Lionel Jospin premier ministre -, que se sont ourdis les plus grands scandales politico-financiers que la France ait eu à connaître dans l’histoire de la Ve République(3).

Certains d’entre eux, – Affaire des frégates de Taïwan ; Affaire de vente de deux sous-marins au Pakistan/attentat de Karachi/Ziad Takieddine ; Affaires cléastream 1 et 2 et des comptes morts-vivants frauduleux dont certains, (suivant Jean Louis Gergorin), appartenant à Dominique Strauss-Kahn ; Affaire l’Oréal/Bettencourt membre du Cercle de l’Industrie ; Affaire du CREF plus juteuse encore que celle de la MNEF ; Affaire Crédit Lyonnais/Tapie démarrant d’une correspondance et d’une signature de Dominique Strauss-Kahn ministre des finances ; Affaire du Koweïtgate consécutive à une intervention de Dominique Strauss-Kahn près le ministre du pétrole koweïtien ; Affaire des suicides à France Télécom ; etc. etc. -, continuent, du reste à empoisonner, – les journalistes bobos de gauche en occultant certaines ou ne regardant que les volets qui ne peuvent qu’éclabousser la droite et oubliant malicieusement les implications de la gauche -, la vie des français.

Pour connaître l’origine de la majorité de ces affaires, il faut remonter au 4 juin 1997, Lionel Jospin, nouveau Premier ministre, le nomme ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Lors de la campagne électorale pour les législatives 1997, le Parti Socialiste ne cesse de marteler « Nous refusons la privatisation des services publics et leur transformation en objet de profits. » Peine perdue pour les électeurs qui avaient fait confiance à la bonne parole socialiste car, quelques semaines plus tard, le Monde du 7 août 1998 titrait : « Lionel Jospin privatise plus que Alain Juppé.(4) »

A cela une cause, Dominique Strauss-Kahn, ministre des finances et, parallèlement, vice-président du Cercle de l’Industrie où émargeaient des sociétés telles Air Liquide, Alcatel, Alstom, Matra, EDF, France-Télécom, Lafarge, L’Oréal-Bettencourt, Valéo, Rhône Poulenc… Ces sociétés, le nouveau ministre ayant pris ses fonctions, avaient rappliqué, sans attendre, à Bercy. En tout premier, Michel Bon, le président Directeur Général de France-Télécom et, dès le 19 Juin 1997, dans sa déclaration de politique générale, Lionel Jospin, sur les conseils de son grand argentier et ministre régalien, revient sur son engagement de campagne, « des adaptations seront nécessaires. » Sous la houlette de Dominique Strauss-Kahn, France-Télécom, Thomson-CSF, Thomson-Multimédia, Air-France, Aérospatiale et les banques, – GAN, CIC, la Marseillaise de Crédit, le Crédit Lyonnais, les Caisses d’Épargne et le Crédit Foncier de France -…, le concept privatisation étant honni, sont « transférés » au public.

Bien que jusqu’alors prospère, libéré de l’État et de ses contraintes, Michel Bon, en 2000, – France-Télécom devenant la seconde entreprise la plus endettée du monde, à hauteur de 75 milliards d’euros, frôlant même les enfers d’un gouffre sans fond -, rachète, avec l’accord, – dans ces milieux d’affaires tout accord se traduisant par des rétribution et des rétrocommissions… -, de l’État et du Ministère des finances, pour 50 milliards d’euros, le britannique Orange et s’entiche de quelques autres affiquets. Et c’est l’État qui, en 2002, vint au secours de ce fleuron de la communication en réaménageant de quinze milliards la dette à prendre en charge par les banques et les investisseurs, en augmentant de quinze milliards le capital et en nommant un nouveau Président Directeur Général, Thierry Breton, qui dut s’engager sur 15 autres milliards « d’économies en interne », des économies qui se sont traduites, pour le personnel, par une pression effrénée source des suicides à répétition qu’a connu et que connait l’entreprise.

« Une excellente nouvelle », ainsi s’exprime Dominique Strauss-Kahn, ministre des finances et « coordinateur aéronautique en Europe », après la privatisation de l’Aérospatiale. Et c’est Matra-Lagardère, – un patron crachant au bassinet au Cercle de l’industrie et au cabinet d’avocat « DSK Consultants. » -…  Et c’est Dominique Strauss-Kahn qui a été présent à toutes les étapes de cette transaction, c’est lui qui a négocié, – le ministre ou l’avocat ? sachant que l’avocat se faisait payer, lorsqu’il exerçait dans les bureaux du cercle de l’Industrie, rubis sur ongle, des émoluments exorbitants pour quelques conseils ou un mot transmis à un grand de ce monde, par les 48 des 50 plus grands patrons français -, et tout accordé : « Airbus » et, surtout, les pleins pouvoirs au privé.

Par le fait, Matra, pourtant étrangère aux avions civils, devient propriétaire et bénéficie d’une ristourne sur les actions évaluées à quatre milliard de francs. Dans la nouvelle entreprise, les lieutenants de Jean Luc Lagardère, Philippe Camus, Noël Forgeard, Jean-Louis Gergorin, – le corbeau de cléarstream2 -, Philippe Delmas et Jean-Paul Gut, en occupent les postes-clés. Et, dans le Monde du 15 Juin 2006, alors que les actionnaires se sont goinfrés, que le cours du titre en bourse a grimpé de 70 %, qu’un rachat d’actions, à hauteur de 7 milliards d’euros, est programmé et qu’à l’automne 2006 la direction décrète le plan Power 8 et la suppression de 10.000 emplois en Europe, Arnaud Lagardère, le fils de Jean Lucien Lagardère, déclare  « J’ai le choix de passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J’assume cette deuxième version. »

Et puis il y a l’Affaire Dominique Strauss-Kan/Jean Peyrelevade et la privatisation du Crédit Lyonnais. Le 17 mars 1999, le ministre des finances, signe un courrier important adressé à son ami Peyrelavade qui va au-delà de l’autorisation donnée par le parlement dans la loi du 28 Novembre 1995. Se substituant à une décision du dit parlement qui aurait dû entériner la décision et afin que la privatisation du Crédit lyonnais puisse se faire sans anicroches, Dominique Strauss-Kan dresse la liste des risques que devra appliquer le Consortium de Réalisation, – le CDR mis en place en 1994 par Edmond Alphandry ministre de l’Économie et des Finances sous le gouvernement de cohabitation d’Edouard Balladur, premier ministre -, en écrivant « il apparaît qu’en application des annexes 9.2 du protocole… conformément à ce que le représentant de l’Etat a indiqué au Conseil d’administration du 21 mars 1996, les conséquences financières éventuelles des actions engagées par les mandataires-liquidateurs su Groupe Tapie et un mandataire ad-hoc au nom de CEDEP au titre de la cession de BTD GmbH(Adidas). Ceci s’entend cependant sous réserve de la contribution forfaitaire que le Crédit Lyonnais a accepté d’apporter au titre de dédommagement du CDR en cas de condamnation, à hauteur de 12 millions d’euros, – il faut penser qu’en 1999, nous en étions encore au francs pourquoi, lors des euros ? Et Tapie n’était-il pas du clan Dominique Strauss-Khan ? -, ou s’il est inférieur, du montant de la condamnation. » En fait, l’Etat prenait en charge le 360 millions de l’Affaire Tapie que Christine Lagarde a avalisés. Petite question anodine : « N’est-elle pas, actuellement, en lieu et place de Dominique Strauss-Khan, Directrice générale du FMI ? » L’un valant l’autre fort certainement…

Et faut-il parler de la privatisation des Caisses d’Epargne, gérée et menée de main de maitre par Dominique Strauss-Kahn. Il sait trouver les mots qui touchent et qui font plier les députés récalcitrants à ses idées comme, par exemple, l’ouverture du marché de l’électricité, avec inscription d’un « droit à l’énergie », et pour la privatisation des Caisses d’Épargne, le « développement durable » et contre « l‘exclusion bancaire. » Mais, comme pour toutes les privations qu’il a engendré et mené à terme, c’est Dominique Strauss-Kahn qui est présent à toutes les étapes de la transaction, c’est lui qui négocie, – le ministre ou l’avocat ? sachant que l’avocat se faisait payer, lorsqu’il exerçait dans les bureaux du cercle de l’Industrie, rubis sur ongle, des émoluments exorbitants pour quelques conseils ou un mot transmis à un grand de ce monde, par les 48 des 50 plus grands patrons français -. Pour en arriver… à la débâcle record de Natixis de près de 10 milliards d’euros épongés par les contribuables…

En regard de toutes ces affaires, de Maire à Ministre de la République, en passant par député, secrétaire du Parti Socialiste et autres, sous couvert d’un cabinet d’avocat niché dans un bureau du Cercle de l’Industrie… mille questions peuvent se poser sur les activités de Dominique Strauss-Khan au sein de ces structures politiques… mais il et vrai, une société de communicants, Euro RSCG C&O, composée de Gilles Finchelstein, – un ancien conseiller de Dominique Strauss-Kahn qui lui servirait encore de plume, à l’occasion-, Anne Hommel et Ramzy Khiroun, – l’homme à la Porsche -, emmenée par Stéphane Fouks, veille au grain…

Les aventures judiciaires politico-financières de Dominique Strauss-Khan, après celles des années 1999-2001, – Mutuelle des Étudiants de France et ses factures antidatées, Elf et l’emploi fictif de sa secrétaire, Cassette Méry et le financement occulte du RPR, Karl Lagerfeld sans en omettre celles, bien que partie prenante, il était oublié : Affaire Bidermann, Affaires des frégates de Taïwan liées aux Affaires Cléastream2, Affaire Jean Peyrelevade et Crédit Lyonnais, Affaire Franck Ullman-Hamon -, ne vont pas tarder à redevenir sur le devant de la scène politico-judiciaire. Et nombre d’autres pourraient apparaître comme la prise en compte des émoluments d’Euro RSCG C&O, – faisantt partie du Groupe Havas ainsi que du réseau Euro RSCG Worldwide et étant membre du réseau mondial AMO-, une société de communicants au service de Dominique Strauss-Khan, par le Fonds Monétaire International, d’une part, et, d’autre part, ceux de Ramzi Khiroun, – l’homme à la Porshe, une voiture de fonction à 150 mille euros, et conseiller du groupe Hachette-Havas-Lagardère et de Dominique Strauss-Khan -, par son employeur principal.


Notes.


(1) Le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste ou CERES est l’un des courants présents à la fondation du Parti socialiste lors du Congrès d’Épinay en 1971, animé par Jean-Pierre Chevènement, Alain Gomez, Didier Motchane et Pierre Guidoni. Le CERES, devenu en 1986 Socialisme et République, a quitté le Parti Socialiste en 1991 après la Guerre du Golfe et avant le référendum sur le Traité de Maastricht pour créer un nouveau parti, le Mouvement des Citoyens, – MDC -. En 2003, le MDC devient Mouvement Républicain et Citoyen.

(2) En février 1993, Dominique Strauss-Khan projette la création d’un cercle spécialisé dans la défense de l’industrie française à Paris et à Bruxelles. avec Raymond Lévy, patron de Publicis. Y seront représentés Rhône-Poulenc, Lafarge, Péchiney, Elf, L’Oréal, Bull, Schneider, Renault, Total, BSN…

Dominique Strauss-Kahn en est le vice-président représentant la gauche et y côtoie notamment des personnalités et industriels comme Louis Schweitzer, ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius, Vincent Bolloré, Alain Lamassoure, Benoît Potier, Président Directeur Général d’Air Liquide. Vingt-cinq dirigeants de grandes entreprises françaises sont membres du Cercle de l’industrie.

(3) L’Affaire Pelat et la vente de Vibrachoc à Alsthom en 1982 ; Le prêt illégal de 25 milliards de dollars de l’Arabie Saoudite à la France, pour tenter de camoufler le naufrage économique de Mauroy en 1983. Au passage, 1,3 milliards de dollars ont disparu alors aux iles Cayman ; l’Affaire UTA ; l’Affaire de la Française des Jeux ; l’Affaire Boucheron ; l’Affaire Jeanny Lorgeaux ; l’Affaire Jacques Pilhan ; l’Affaire Pechiney /Tiangle avec délit d’initié entre amis ; l’Affaire de la société suisse Noblepac : l’Affaire Luchaire ; l’Affaire du circuit de Magny-Cours ; l’Affaire Urba ; l’Affaire Agos ; l’Affaire Gilibert : l’Affaire du Carrefour du Développement ; l’Affaire Destrade ; l’Affaire Erulin ; l’Affaire Doucé ; l’Affaire du contrat Dominique Strauss-Khan/EDF de 2001 ; l’Affaire MNEF ; l’Affaire des tripotages de comptes des mutuelles et des Banques Mutuelles ; l’Affaire Elf et le financement de la politique de Mitterrand et de son fils en Afrique ; l’Affaire Elf/ Dumas/Deviers-Joncour ; l’Affaire Laurent Raillard ; l’Affaire Falcone ; l’Affaire du financement de Globe ; l’Affaire de la banque Fiba ; l’Affaire Lagerfeld ; l’Affaire du rachat d’Yves Saint Laurent par Sanofi, filiale d’Elf ; l’Affaire de la MGP, ; l’Affaire du financement occulte des syndicats ; l’Affaire de l’achat de Leuna et des commissions Kohl ; l’Affaire des privatisation des banques par Dominique Strauss-Khan ministre des finances ; l’Affaire Aérospatiale/Matra et l’intercession de Dominique Strauss-Khan en faveur de Jean-Lucien Lagardère ; l’Affaire du sang contaminé, etc. etc.

(4) Les Echos du 3 novembre 1999.

 

Suite de l’article : « Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XII : Politiques, justice et communicants 1

 

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« Plus pourri que moi, je meurs… »

« Plus pourri que moi, je meurs… » Acte II : Les politiques, la justice et les think thanks 1.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte III : Les politiques, la justice et les think thanks 2.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IV : Les politiques, la justice et les think thanks 3.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte V : Les politiques, la justice et les think thanks 4.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VI : Femmes, vieilles affaires et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VII : Femmes, vieilles affaires et communicants 2

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VIII : Femmes, vieilles affaires et communicants 3

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IX : Femmes, vieilles affaires et communicants 4

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte X : Femmes, vieilles affaires et communicants 5