Depuis septembre, les élèves de seconde ont eu la joie de découvrir l’algorythmique dans les programmes de mathématiques. Quelle ne fut pas la surprise des professeurs, qui généralement ne s’y connaissent pas en programmation, de constater qu’ils devaient faire écrire des programmes à leurs élèves aussi bien sur leur calculatrice que sur ordinateur. Comme c’est passionnant quand on n’a jamais fait d’informatique et qu’on n’a toujours pas de cours d’informatique ! L’utilité de ces programmes est également discutable. Mais ce qui est plus grave, c’est que le temps passé à écrire des programmes est pris sur le temps habituellement passé à revoir des notions de calculs ou découvrir des notions plus utiles pour la suite des études. De l’avis des élèves de seconde de cette année, le programme de mathématiques n’a rien d’attrayant ou de passionnant.
Aussi l’Education Nationale a-t-elle envisagé de persister dans cette voie pour la réforme des lycées : non seulement l’algorythmique et l’écriture de programmes sur calculatrice et/ou ordinateur va se généraliser mais elle va se prolonger en classes de première et de terminale. Pour pouvoir écrire pleins de beaux programmes, des notions mathématiques importantes vues en première vont soit passer en terminale, soit être supprimées. De même, des notions importantes de terminale vont passer à la trappe. Cet allégement est-il bon ou souhaitable ? En effet, les programmes de l’enseignement supérieur ne sont pas réformés et le fossé entre le lycée et l’enseignement supérieur va se creuser d’avantage avec un risque d’échec élevé ou bien un nivellement vers le bas des études supérieures.
Pour enfoncer un peu plus le clou du ridicule, les nouveaux programmes prévoient d’élargir la culture scientifique des lycéens en leur proposant un enseignement d’exploration (http://media.eduscol.education.fr/file/CIT/08/6/LyceeGT_Ressources_2_Exploration_Creation-Innovation-Technologiques_147086.pdf). Par exemple, on peut leur demander de faire un dossier sur l’imagerie satellite. Cela peut paraître passionnant pour les enseignants mais les sujets proposés ne vont pas ravir les élèves, surtout que ces études vont faire appel à des notions complexes. Soit on les simplifie à l’extrême et alors on ne peut plus rien faire ou expliquer, soit on noie les élèves dans un flot d’information insurmontable qu’ils ne pourront pas comprendre car il leur manque les notions les plus élémentaires. Comment parler des problèmes de la télédétection, phénomène qui se passe dans un espace à 3 dimensions, quand on ne fait plus de géométrie dans l’espace ? Comment expliquer la compression et la décompression d’une image numérique, qui fait appel à des outils mathématiques puissants et met en œuvre des calculs complexes, quand on n’apprend même plus les calculs de base ?
Les nouveaux programmes soulèvent plein d’autres problèmes : à la rentrée 2010, les éditeurs n’auront pas eu le temps d’imprimer les nouveaux manuels scolaires, les professeurs n’auront pas eu le temps de bien s’y préparer, on va demander aux élèves de choisir leur orientation dès le début de l’année alors qu’en sortant de 3e ils n’ont toujours pas d’idée du bac qu’ils veulent faire et encore moins du métier qui les intéresse ! De plus, les spécificités des filières L, ES et S s’estompent et les programmes donnent l’impression d’une classe unique dès la première. A quoi bon faire un bac L si c’est pour faire les mêmes maths qu’un bac S ? Mais le contenu exact des programmes n’a pas été dévoilé alors difficile d’en dire plus.
Les parents vont avoir de plus en plus de mal à suivre leurs enfants, et ce ne sont pas les 2 h de soutien prévues par la réforme qui vont y changer quelquechose! D’ailleurs, on peut s edemander pourquoi l’Education Nationale tient tant à se mêler de tout. Pourquoi vouloir lutter avec tant d’acharnement contre le soutien scolaire? L’Ecole ne peut pas et ne doit pas se substituer à tout, il est bon que les élèves aillent aussi voir ailleurs ne serait-ce que pour l’ouverture d’esprit. Mais c’est un autre débat.