Elle est à la fois drôle et pathétique cette controverse autour de la page wikipedia d’Yves Jego. La page est en tout cas désormais figée. La raison, trop de mouvements suspects, de corrections, de suppressions. Leur auteur, un anonyme qui sous un pseudo variable, YvesJego, JegoYves, et JegoY se charge d’élaguer les condamnations gênantes ou d’ajouter quelques superlatifs bien sentis…

Le voilà bien avancé désormais…

L’homme n’en est pas à son coup d’essai viruel puisque durant la dernière campagne il avait bravé quelques interdits et lois pour diffuser l’adresse IP d’un de ses opposants avant de s’en excuser en plaidant l’erreur informatique.
D’erreur informatique il n’en fut cependant pas question sur Twitter qui somme toute assez basique d’utilisation. Yves Jego s’en donne à coeur joie et post régulièrement des petites phrases assassines. Jusqu’à ce que Lionel Jospin en personne ne le remette en place, l’accusant d’avoir plagié un article sur son blog. Le sang du bon Yves ne fait qu’un tour et le voilà qui rentre en polémique avec l’ancien premier ministre socialiste. Enfin, l’ancien premier ministre socialiste de Twitter, c’est à dire un quidam moyen qui avait pris son identité pour férrailler avec Yves Jego qui n’y avait vu que du feu…
Pour se remettre de ses émotions sans doute, et se rassurer un peu aussi, le même Yves Jego , sur son désormais fameux blog, profite de son statut de tête de liste en Seine-et-Marne. Il place ainsi astucieusement sur son site un sondage sur la gestion de la région par le président PS sortant. Problème, le buzz se met en marche autour de cette démarche bien naïve et les votes favorables affluent en faveur de… Jean-Paul Huchon jusqu’à ce que le sondage soit discrètement retiré…
Des mésaventures à répétition pour le conseiller internet de notre Président lors de sa brillante élection qui jette un voile sur ses compétences réelles en la matière et le niveau d’éthique qu’il confère à l’outil internet.
Et il n’est pas le seul si l’on veut bien se souvenir quand Rue89 révéla que la fille du secrétaire d’Etat Alain Marleix allait bénéficier d’un piston pour décrocher un poste à la Sorbonne. La polémique avait enflé jusqu’à empêcher cette nomination. A charge de revanche, la page Wikipedia de Marleix a été ensuite visitée et modifiée. Pas de Amarleix dans le coup ni de marleixa. Pour autant il fut tout de même enfantin de retrouver que l’adresse IP de l’ordinateur provenait de… la place Beauvau.
Décidemment internet et ses multiples possibilités reste difficile d’accès pour toute une génération de politique : usage tendancieux, malvenu ou mal écrit de twitter, sites internet opportunistes à durée déterminée et tentatives désordonnées et maladroites de maîtriser son image publique sur la toile témoignent du malaise.
Un malaise qui s’amplifie tant il semble que ce nouveau média reste finalement le seul à résister à leurs exigences. Il n’est qu’à voir les charges régulières contre les humoristes pour mesurer le degré d’asservissement de tout un monde médiatique soumis ou complice. Chroniqueurs ou journalistes traditionnels ne génèrent aucune polémique, où, s’ils le font, c’est quand ils officient sur France Télévision et le Figaro, et pour aller dans le sens du vent gouvernemental.
Un internet sous contrôle et des humoristes interdits d’antenne, il ne manque finalement plus grand chose pour que la Sarkozie se retrouve en ordre de bataille pour faire basculer l’opinion. Et si cela n’est pas suffisant, quitte à avoir déjà modifié les modes de scrutin, nos élites tenteront peut être à distance de modifier le résultat des urnes. Virtuellement bien sûr.