Plouf !  

Les pieds en avant je saute !

 L’eau tiède accueille mon corps et m’enveloppe toute entière, mes jambes lancent des ballons imaginaires, mes bras s’étirent et mes mains se posent en équilibre sur la surface du liquide. Ma tête se soulève pour permettre à ma bouche de prendre de l’air froid, mes yeux protégés par des lunettes ne distinguent que des ombres fantomatiques plus loin devant ; la piscine fume ! Ses contours sont dans le flou !

Sur le côté une large tâche jaune me dit que le mimosa est en fleur, j’en perçois l’odeur à chaque nouvelle respiration qui se mélange à celle plus acre du chlore. Le cerveau lui-même débarrassé de ses idées récurrentes, profite de ce moment pour flotter lui aussi. Tellement déconnecté que plusieurs fois mon crâne va taper contre le mur en béton, oubliant de tourner.  

Je nage et nage encore, une fois sur le ventre une fois sur le dos ; je reçois ainsi du ciel de larges gouttes glacées qui s’écrasent sur mes joues ainsi exposés.

 Le contraste de température est saisissant, déjà  mes pieds nus sur le béton trempé, en arrivant dehors, avaient saisi toute l’étrangeté de la scène !

En bottes et manteau cinq minutes auparavant, en maillot et pieds nus ensuite. Pourquoi une telle épreuve que l’on s’impose aussi volontairement , voire même avec une certaine jubilation ,sinon pour éprouver de façon indiscutable que l’esprit dompte le corps, que la volonté est la plus forte.

La récompense est au bout de l’effort physique. En sortant du bassin, les muscles réchauffés par l’effort en guise de peignoir, on se sent bien, lavé de tout, vivant d’avoir osé combattre le froid et la pluie.

 Nager ainsi sans limites d’espace ni de temps, nager toujours encore et encore jusqu’ à atteindre le But ultime.