En septembre, le plan européen d’aide aux plus démunis a pris du plomb dans l’aile. Pourquoi ça et quel est le niveau d’intervention adéquat ?

 

 

Les associations ont de nombreuses raisons de s’inquiéter. Outre la baisse des dons due en partie à un pouvoir d’achat en berne et à la crise financière, elles peuvent craindre une baisse de l’aide européenne qui rentrait dans le cadre du Programme européen d’aide aux plus démunis.

 

Les ministres de l’agriculture des 27 se sont réunis il y a un mois à Bruxelles. Pourquoi les ministres de l’agriculture ? Tout simplement parce que les aides provenaient de la transformation des surplus agricoles depuis 1987, année au cours de laquelle Coluche et Jacques Delors avaient fait le forcing au niveau européen pour obtenir une aide globale. Or ces surplus agricoles sont aujourd’hui nuls. Selon certains, ces aides ne relèveraient plus de la Politique Agricole Commune (PAC) comme c’est le cas aujourd’hui, mais des politiques sociales nationales. 

 

L’importance de ce sujet se résume en quelques chiffres : la diminution de l’aide, qui pourrait passer de 480 millions actuellement à 113 M ferait qu’il y aurait 113 M de repas en moins de distribués. Outre cet argument symbolique, ces aides représentent un tiers de la provision des quatre associations françaises qui en dépendent directement : la Croix-Rouge, les Restos du Coeur, le Secours Populaire et la Banque Alimentaire. Ce sont les chiffres avancés par les défenseurs d’un niveau européen de l’aide. Ces derniers pensent en outre que passer à un niveau national d’intervention ferait que l’aide baisserait pour certains Etats. La meilleure solution serait donc que les Etats donnent en fonction de leur capacité financière, de regrouper tout cela dans un budget communautaire où on regarderait pas "qui donne quoi". Ainsi, un Etat qui se porterait mieux pourrait compenser la perte d’un autre Etat. Logique si on estime que les pays qui ont les plus forts moyens financiers ne sont pas forcément ceux qui ont le plus fort besoin d’aide aux plus démunis. Enfin, rester à un niveau européen permettrait de faire preuve de solidarité dans un contexte économique qui a montré que la solidarité européenne était, si non faible, très friable. 

 

Cependant, d’autres voix se font entendre, plutôt favorables à un niveau national d’intervention. Pour eux, les chiffres évoqués sont faibles à l’échelle d’un Etat. On parle ici de quelques millions d’euros alors que le PIB de la France s’élève à 2 000 milliards d’euros. De plus, les niveaux de richesse sont relativement comparables en Europe. Passer à un niveau national n’aurait donc pas de grosses conséquences.

 

Une décision sera prise dans les jours à venir. Prochainement, nous verrons l’impact qu’une telle décision aurait sur la création d’un modèle social européen, dont certains rêvaient il y a encore quelques années.