L’affaire remonte à longtemps puisque, dans des cliniques et hôpitaux d’Afrique, on utilise de longue date du sucre ou du sel pour cicatriser les plaies. Ce qu’a voulu tenter, au Royaume-Uni, un chercheur hospitalier de Birmingham, vers 2008. L’expérimentation étant probante, Moses Murandu, originaire du Zimbabwe, s’est vu, en juillet 2009, décerner une bourse de la Fondation Le Lous, soutenue par la marque de pansements Urgo. Les recherches ultérieures, visant à déterminer le bon dosage efficace, ayant abouti, le sucre va bientôt rejoindre les médicaments sur les plateaux des infirmières et infirmiers de très nombreux hôpitaux. En attendant, peut-être, le sparadrap avec du sucre dedans.

Il n’y allait pas avec le dos de la cuillère, Moses Murandu. Pour un patient présentant une plaie profonde, Alan Bayliss, au début du traitement, tout le pot de sucre (en poudre, glace ? on ne sait) y passait. Deux semaines plus tard, tout juste deux-trois cuillerées (comme nous sommes en Angleterre, de cuillère à thé) suffisaient : la plaie finissait par totalement cicatrisée.
Cela fonctionne pour toutes les plaies purulentes ou infectées, les escarres, ulcères cutanés, &c. Car les bactéries ont besoin d’humidité pour proliférer et le sucre l’absorbe.
Cela fonctionne aussi avec du sel, comme cela se fait dans des hôpitaux africains de longue date, mais l’inconvénient du sel sur une plaie est que le tissu cutané n’est pas tel un textile taché (le sel étant censé absorber vin et autres liquides) : ouille, cela fait mal. Tandis que le sucre agit tout en douceur.

Grâce à un infirmier immigré

C’est un chirurgien britannique de Birmingham ayant pratiqué en Ouganda et constaté les résultats de l’emploi du sucre qui a soutenu Moses Murandu. 

Il reste aux laboratoires pharmaceutiques et marques de pansements d’en tirer les conséquences, et de proposer des solutions aux concentrations utiles pour remplacer certaines de leurs préparations. Car aller chercher du sucre à la cuisine centrale d’un hôpital serait peut-être trop simple et contreviendrait aux règles comptables administratives.

Au fait, et l’aspartam ou un autre édulcorant en poudre, cela irait tout autant ? La question n’est pas là puisque c’est le pouvoir absorbant et non le pouvoir sucrant qui entre en jeu.

De là à utiliser des farines animales, il y a peut-être un pas qu’il ne faudrait pas forcément franchir.

L’enjeu industriel semble faible, mais allez savoir… Le sucre de betteraves absorbe-t-il mieux que celui de canne ?

En tout cas, en l’espace de 24 heures environ (pourquoi à présent et non pas en juillet 2009 ? C’est là l’un des mystères du fonctionnement des médias), la nouvelle a fait le tour de la Toile et des principales rédactions de la presse mondiale. En fait, il semble que ce soit le cas d’Alan Bayliss, hospitalisé pour une amputation de la jambe à Birmingham en janvier dernier qui ait déclenché l’intérêt de la presse locale, puis nationale, et enfin mondiale. Les infirmières de Moseley Hall, au fait des recherches de leur collègue dans leur hôpital et deux autres, l’ont contacté à l’université dont il est devenu l’un des instructeurs, pour ce cas spectaculaire. 

Multiples avantages, rares contrindications

L’université de Wolverhampton a consacré une page de son site à cette recherche pilote.
Les contrindications portent sur les patients certains taux spécifiques et les femmes enceintes et diabétiques. Attention lors de la consultation : photos de type « avant-après » qui peuvent choquer les personnes sensibles.

Le traitement au sucre semble fort bien supporté et permet d’employer des antidouleurs de type courant (codéine et paracétamol). Il permet aussi de réduire l’odeur dégagée par les plaies, donc de faire passer les patients plus rapidement en salles ouvertes. 

Autre avantage : un coût moindre. À quand une expérimentation dans les hôpitaux français de l’Assistance publique et ceux de recherches de la Sécurité sociale ?