Naples en feu ! 

 

Nul besoin des destructions dues aux débordements du Vésuve pour voir disparaître les œuvres d’art humaines. Nous sommes capables de le faire aussi bien nous-mêmes.  

 

  Les précédents sont hélas nombreux. Les autodafés, Savonarole à Florence, en Allemagne durant l’ère nazie. « Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes ».  H Heine.

Les explosions de Bouddhas en Afghanistan.

La liste est longue. Et chacun a en tête d’autres temps et d’autres lieux où notre génie malfaisant s’exerce.

 

  A Casoria, près de Naples, Le Directeur du Musée d’Art Contemporain, a décidé de brûler chaque semaine une œuvre pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement italien dans le domaine de la culture.

 

  Dans un des pays où la culture, sous toutes ses formes et depuis plus de 2000 ans, s’est développée avec une constance qui fait le bonheur des touristes, on en vient à cette implosion.

 

  C’était la «foi »de Savonarole qui a sacrifié beaucoup d’œuvres de Botticelli.

 

 

 

  Maintenant, à cause de la crise financière, on sacrifie l’art. Entre l’argent et la beauté, on en vient à détruire l’art et vénérer le fric. Qui ne voit la tragédie dont cet évènement est le symptôme ?

 

  Pour qui a produit la moindre chose non commerciale, dessin, musique, texte, pour qui a exprimé, fait naître quelque chose de personnel, en arriver à le détruire, le tuer est l’indice d’un désespoir sans fond, sans fin.

 

  Il est des mères infanticides. Mais les causes sont personnelles. Ce n’est pas le fruit d’un système sous-jacent.

 

  Il faut savoir aussi que les œuvres sont détruites avec l’accord des artistes, et parfois en leur présence. Quelles fautes expient-ils en acceptant cette forme de suicide ? En regardant l’œuvre née des forces de leur esprit disparaître ? Un masochisme ? Une pénitence ? Un renoncement à l’altérité. Puisque je vaux rien, puisque vous ne voulez pas de ma contribution à l’humanité, je me retire de votre vue. Picsous invétérés, baignez-vous, noyez-vous dans votre baignoire de fric ! L’or du veau contre la naissance de Vénus ?

 

 

 

Comment en est-on, nous tous, arrivé à admettre sans réagir cette autophagie ? Quel niveau de décadence avons-nous atteint pour observer ce sacrifice avec indifférence ?

 

Personne pour arrêter cette horreur ? Personne pour mettre quelques euros à ce sauvetage plutôt qu’au casino bancaire ?

 

Je propose que chacun réfléchisse au sens immédiat et à long terme de cet évènement. Peut-être que, victime d’une variante du syndrome de Stockholm, trouvons-nous plaisir à notre disparition aux yeux des générations suivantes. Se dévaluer à ce point devient pathétique.