La justice de Dieu, la même pour tous, mais qui nous marque par la perte d’un grand républicain .

Il avait l’envergure d’un grand président de la république.

Il a traversé ma vie comme un exemple d’homme politique qui du fond du pays natal de sa famille à Bagnols-en-Forêt dans le Var à su, par la culture républicaine qu’il a reçue, rester dans ses principes d’égalité, de fraternité et de justice alors que d’autres de son parti les ont oubliés. Fils adoptif de la république, pupille de la Nation, et gaulliste de gauche dans un parti de droite dominé par Balladur du temps du RPR sous Jacques Chirac, ou la marque de Charles de Gaulle a disparue, n’est pas le meilleur moyen d’accéder aux responsabilités suprêmes. Et sa traversée du désert à partir de 2002 lorsqu’il refuse d’intégrer l’UMP après sa démission du Conseil de Paris faisant suite à sa défaite contre le socialiste Bertrand Delanoé pour la mairie de Paris, il réintègre la Cour des comptes son poste d’origine de la haute fonction publique, et il en devient en 2004 premier président, poste très honorable certes mais sans pouvoir. Il a préféré le départ plutôt que l’abandon de ses principes. Mais poste qui lui allait comme un gant, ou sa culture républicaine de respect des institutions mais aussi des deniers des Français lui a permit des rappels au gouvernement sur les équilibres des comptes de la nation, largement bousculés par notre président Nicolas Sarkozy. N’était-il pas devenu le premier opposant à Sarkozy par ses rappels sur la dette de l’Etat, sur la réforme des institutions en montrant que l’on ne pouvait pas tailler dans les effectifs sans réfléchir aux missions qu’ils assurent, et sur l’argent prêté aux banques ? Mais aussi sur les sondages de l’Elysée, le coût de la présidence de l’Union Européenne et puis sur l’UPM et les dépenses inconsidérées de l’Elysée, sans oublier la TVA sur la restauration qu’il trouvait mal documentée sur les garanties d’emplois. En outre, il a su préserver l’indépendance de cette institution dont on voit maintenant à la suite de son décès son importance. RPR mais à gauche comme Pierre Mendès France l’a été à gauche, même parcours retirés de la vie politique par ce qu’ils croyaient en l’État, en sa valeur républicaine, droit dans leur engagement sans jamais déroger à leur conviction de justice comme sont les hommes de gauche. Les propos de Julien Dray qui a bien connu Philippe Seguin lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, dit de lui, s’il avait connu François Mitterrand bien avant, et pour lequel il avait beaucoup d’estime, il serait socialiste.

Pour lui seule la république maintient la cohésion de l’État et tout ce qui est contre le bien du peuple est contre la république. Jamais il n’aurait fait les réformes que Sarkozy entreprend sans penser aux conséquences pour les Français. Pourquoi, par ce qu’il est venu de rien et qu’il a seul fait une carrière politique exemplaire. Son père tué par les Allemands alors qu’il avait six ans, et qu’il reçoit, à Tunis son pays de naissance, sa médaille militaire et sa croix de guerre. Dans un cahier relié vert consacré à la mémoire de son mari, sa mère Denise a laissé quelques mots à son «petit Philippe». «Voilà, mon fils, la fin de ton papa. Suis son exemple de bravoure. Sois à son exemple brave, courageux, bon, honnête. Je te laisse ses notes et toutes nos lettres. Voilà ton héritage». Avec un tel enseignement on ne peut être mauvais par ce que l’on ne peut se détacher de cet héritage. Il refusa la légion d’honneur par ce que son père ne l’avait pas eue, estimant qu’il était plus méritant que lui. Il a combattu le traité de Maastricht par ce qu’un gaulliste digne de ce nom ne peut concevoir la perte de souveraineté de son pays, mais il a aussi, contre son camp, soutenu l’abolition de la peine de mort, en fait il a toujours été en marge de son parti.

«L’Europe que l’on nous propose n’est ni juste, ni libre, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution, 1992 est littéralement l’anti 1789 » Philippe Seguin.

Tout le monde se souviens à la suite d’un discours mémorable à la tribune de l’Assemblée nationale contre la ratification du traité de Maastricht, il est choisit par François Mitterrand pour un débat télévisé à la Sorbonne le 03 septembre comme contradicteur au sujet de ce traité pendant la campagne référendaire, ou seul, contre les ténors de son parti, il a défendu une certaine idée de la France, regroupant dans cet engagement le front National, Charles Pasqua avec 56 RPR sur 126 , les communistes, les socialistes souverainistes de Jean Pierre Chevènement, une poignée d’UDF et les souverainistes. Dans ce débat, il montre sa crainte d’une Europe trop libérale, ce que nous constatons maintenant dans cette Union Européenne à 27 ou seul les intérêts commerciaux comptent au détriment des personnes.

Président de l’Assemblée nationale en avril 1993 après la victoire de la droite aux législatives, son combat consiste à protéger l’autonomie des parlementaires face au gouvernement. Il instaure le vote électronique, rendant impossible la pratique jusqu’alors tolérée de vote par procuration en masse, et il déclare que nul ne sera écrasé par personne. C’était un tenor de la politique qui ne mâchait pas ses mots, un tribun. Au cours de ses années de Ministre des Affaires sociales et de l’Emploi et de président de l’Assemblée nationale, Philippe Séguin et François Mitterrand vont, malgré leurs divergences politiques, se lier d’un profond respect et d’une grande amitié.

Lors de la campagne présidentielle de 1995, Philippe Séguin apporte son soutien sans compter à Jacques Chirac. Il joue un rôle-clé puisqu’il est l’un des inspirateurs du discours de Jacques Chirac sur la fameuse «fracture sociale» avec Henri Guaino. Mais contrairement à ce qu’il espérait, Philippe Séguin n’est pas nommé Premier ministre, une fois Jacques Chirac élu président de la République et c’est un de ses concurrents de toujours, Alain Juppé, qui est nommé à sa place. Il prendra cela comme une trahison de Jacques Chirac à son égard, il avait tant fait pour lui, en fait il faisait peur par ce qu’intègre et fort dans ses convictions, mais aussi un verbe haut sans compromission. Il reste donc président de l’Assemblée nationale jusqu’en avril 1997. Après la dissolution de l’Assemblée nationale voulue par Jacques Chirac en 1997 malgré son avis défavorable, Philippe Séguin, au cours de la campagne électorale des législatives anticipées, s’est rapproché des libéraux du RPR de Charles Pasqua tout en maintenant l’idée de faire une Europe sociale, en fait, on n’a jamais su ce qu’il entendait par Europe sociale ?

Président du RPR après l’échec de la droite aux législatives il prend la tête du RPR. Ses projets sont divers, il souhaite rénover le parti en proposant de nouveaux statuts aux membres du parti. Ainsi, il propose que les militants votent de façon directe pour le président. Il élabore également un projet social-libéral ? Toutefois, il est très vite confronté à de nombreux obstacles au sein même de son parti, certains le soupçonnent de se mettre déjà en campagne pour la Présidence de la République de 2002 et de vouloir trahir Jacques Chirac. Le parti se divise également au sujet de la monnaie unique et de la construction de l’Europe. Il ne parvient pas à établir une liste unique aux élections européennes. Finalement, sous la pression et surtout les différentes manœuvres des chiraquiens, Philippe Séguin abandonne la direction du RPR en avril 1999. Puis ce fut sa candidature à la mairie de Paris avec ce que l’on sait d’amertume pour finalement rejoindre la Cour des comptes.

«S’il a servi de figure exemplaire, s’il a été une leçon vivante de ce que pouvait être le service de l’État, l’amour de son pays, l’amour de la République, alors tout ce qu’il a fait aura servi à quelque chose», précise Henri Guaino.

Homme de conviction, liberté d’esprit il a gagné le respect des hommes politique de tout bord et ses derniers moments en tant que président de la Cour des Comptes ont permis de mesurer sa valeur républicaine devant l’état de notre pays sous le règne de Nicolas Sarkozy.

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Ces obsèques nationales à la Cathédrale Saint-Louis des Invalides le 11/01/2010.

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