la bataille du Chemin des Dames.

Depuis avril 1917

En 1917 le général Nivelle prend la tête des armées Françaises, alors que Joffre n’était que le chef du front du Nord-est. Le général Pétain est nommé chef d’État-major général, poste spécialement créé pour lui. Il s’oppose à Nivelle qui est peu économe du sang de ses hommes, et dont l’attitude contraste avec le pragmatisme de Pétain. Le commandement de Nivelle est à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-avril 1917, 100 000 hommes sont mis hors de combat du côté Français en une semaine. Bien que les Français, à défaut de percer, aient tenu, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve en situation de lui succéder, sa réputation à Verdun et ses positions visant à limiter les pertes est reconnue. Le 15 mai 1917, il est nommé, commandant en chef des armées Françaises. Son commandement vise à redonner confiance aux troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en mettant fin aux offensives mal préparées et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité fut fusillée malgré les exigences d’une partie des hommes politiques. En octobre 1917, il reprend le Chemin des Dames aux Allemands, par des offensives plus limitées, ne gaspillant pas la vie des soldats.

La bataille du chemin des Dames. voir aussi la référence les offensives d’avril 1917.

Assaut Français au Chemin des Dames

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Chemin des Dames du 27 mai au premier juin 1918, Vestiges 1914-1918

Elle commence le 16 avril 1917 à 6 heures du matin. L’objectif était de percer le front Allemand entre Soissons et Reims vers Laon. Pour Nivelle l’heure est venue de laisser une trace historique indélébile, mais c’est de Pétain que l’on se souviendra.

La décision d’une offensive de grande ampleur est prise par le général Joffre quand il est encore à la tête de l’armée Française. Les grandes lignes de l’offensive sont alors décidées, ce sera une attaque conjointe avec les troupes Anglaises sur le front entre Vimy et Reims. Le front a la forme d’un angle droit, entre Vimy et Soissons, il est d’orientation nord-sud et ouest-est entre Soissons et Reims. Quand les Canadiens attaqueront sur la ligne entre Vimy et Soissons, à lire absolument, document en pdf, lire aussi la capture de la crête de Vimy, les Français le feront entre Soissons et Reims afin d’affronter les Allemands selon deux directions différentes.

Mémorial Canadien de Vimy

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Ce monument représente l’hommage le plus impressionnant que le Canada a rendu à ceux de ses citoyens qui ont combattu et donné leur vie au cours de la Première Guerre mondiale, points culminants stratégiques, offrant des vues imprenables sur le bassin minier, les collines de l’Artois qui furent à plusieurs reprises le cadre de violents et sanglants combats. Le Mémorial Canadien de Vimy est le plus prestigieux des monuments Canadiens d’Europe, devenu terre Canadienne «un don de la nation Française au peuple Canadien» et symbole de l’histoire internationale, sur lequel sont gravés les noms des victimes des combats. Il a été élevé à la mémoire des 66000 jeunes Canadiens ayant laissé leur vie ici en France et commémore la bataille du 9 avril 1917. Le Monument fait plus qu’indiquer l’emplacement des combats dont les Canadiens tirent plus de fierté que de toute autre opération de la Première Guerre mondiale. II représente un hommage à tous ceux qui ont combattu pour leur pays durant ces quatre années de guerre et, en particulier, à ceux qui ont donné leur vie. Sur le socle du Monument, sont gravés dans la pierre, en Français et en Anglais, les mots suivants,

Vimy à la vaillance de ses fils pendant la Grande Guerre, et à la mémoire de ses soixante mille morts, le peuple Canadien a élévé ce momnument.

awm-e00589.1291382324.jpgAvance vers la ligne Hindenburg.

Des soldats Australiens traversent Vaulx–Vraucourt, France, 20 avril 1917.

En décembre 1916, Nivelle remplace Joffre à la tête des armées. Il reprend le projet de Joffre, son idée est de concentrer un maximum de forces sur cette partie du front afin de l’enfoncer. Pour prévenir une telle offensive, les Allemands se replient du 15 au 19 mars 1917 sur la ligne Hindenburg. Le front est réduit de soixante-dix kilomètres. Les Alliés mettent trois semaines à se rendre compte de la réalité de ce retrait. Le plan initial de l’offensive est désormais caduc. Cependant, Nivelle persiste dans ce premier projet et se contente de dissocier l’attaque Canadienne sur Vimy de l’attaque Française qui se fera sur le Chemin des Dames.

Le terrain.

Le Chemin des Dames est un plateau calcaire, orienté Est-Ouest, situé entre la vallée de l’Aisne, au sud, et la vallée de l’Ailette, au nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l’est entre Reims et Laon, que celle située au sud depuis Soissons. Les Allemands sont présents sur le plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse en aménageant les carrières souterraines, «Cavernes du dragon», en creusant des souterrains permettant de relier l’arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses, voir la «prise de la Caverne du dragon». Depuis cette date, c’est un secteur relativement tranquille qui n’a pas fait l’objet, depuis la fin 1915, de grosses offensives. Les Allemands tiennent la ligne de crête et les Français sont établis sur les pentes.

La Caverne du dragon

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De la revue «Le Monde illustré» n° 3107 du 7 juilet 1917

Les tactiques.

L’artillerie est primordiale, Nivelle est polytechnicien et pour ces officiers l’artillerie est la base de l’action militaire. Un bombardement massif et incessant doit permettre à l’infanterie de progresser rapidement. Les Français disposent ainsi 5 310 canons qui tirent 5 millions d’obus de 75 et 1,5 millions de gros calibres. La préparation de l’offensive par l’artillerie devait permettre, selon Nivelle de détruire jusqu’aux septièmes voire huitièmes lignes ennemies. Pendant cette préparation, du 12 au 15 avril, 533 obus sont tirés en moyenne par minute. Mais le temps est très couvert durant cette première quinzaine d’avril, d’où des réglages d’artillerie approximatifs. Une fois l’offensive lancée, pour se conformer à la vitesse de progression voulue par Nivelle, le barrage d’artillerie doit avancer, de 100 mètres toutes les 3 minutes. Il faut comparer cette décision avec les dernières offensives de la bataille de Verdun où le barrage devait avancer de 100 mètres toutes les 4 minutes et se souvenir que les poilus vont devoir escalader les pentes du Chemin des Dames, réduire les résistances ennemies tout en collant au barrage d’artillerie pour éviter que la défense Allemande n’ait le temps de s’organiser entre la fin du bombardement et l’arrivée des fantassins. C’est une tactique très dangereuse si les soldats suivent de très près les zones bombardées risquant d’être pris sous le feu des canons s’ils collent aux impacts des obus.

Ils sont chargés de s’engouffrer dans les ouvertures faites par l’artillerie de nettoyer les premières lignes et prendre les lignes plus en arrière. 180 000 hommes sont massés au pied des premières lignes Allemandes, prêts à s’élancer. Les troupes de seconde ligne devaient dépasser rapidement ces hommes pour bousculer les défenses ennemies et emporter la victoire. En fait, elles se contenteront de les seconder.

Les fantassins lourdement chargés dans leur tenue d’assaut sont handicapés à la fois par le poids et le terrain.

200px-granatnik.1291368053.jpgLa grenade VB mise en service en 1916, fut la plus célèbre des grenades à fusil Françaises.

Le règlement d’infanterie de janvier 1917, précise qu’il s’agit de porter, en sautoir, la couverture roulée dans la toile de tente, un outil individuel, la musette de vivres, la musette à grenades, en théorie, 5 grenades dont 2 VB, Vivien- Bessière, mais on ira jusqu’à distribuer 16 grenades par homme, un bidon d’eau de 2 litres et un bidon supplémentaire d’un litre, le masque à gaz, deux si possible, des sacs à terre, un panneau de signalisation ou des feux de bengale, le paquet de pansement, les vivres du jour, les munitions 120 cartouches. En revanche, le sac est laissé sur place. Ils ont en plus des vivres pour 6 jours.

194 chars Schneider et Saint-Chamond, participent au combat, ils sont éparpillés entre les différentes unités. Pour monter en ligne, les «batteries» se déplacent en colonne. Pour combattre, elles se mettent en ligne. Le char de commandement a alors deux de ses chars à sa gauche et le dernier à sa droite. Pour communiquer, le commandant d’unité dispose de fanions, qu’il agite pour indiquer ses ordres. Il dispose aussi de pigeons voyageurs dont les cages sont emportées dans l’habitacle. Nous sommes en 1916.

Le champ de bataille.

Les conditions météorologiques sont terribles quand commence l’offensive. Il fait très froid et il neige même le 16 avril. Les Sénégalais qui se sont entraînés sur la Côte d’Azur, ne sont pas préparés à de telles températures. Nombre d’entre eux souffrent du gel. Le 17 avril, la pluie tombe d’une manière quasiment continue et rend le terrain très boueux. C’est surtout le mauvais temps qui gêne les préparations d’artillerie dont les objectifs visés ne seront pas toujours atteints. Les soldats qui s’élancent le 16 avril trouvent des positions Allemandes très peu touchées par le bombardement. Les bombardements ont mis la terre à nu et ont sculpté un paysage lunaire, trous d’obus, absence de végétation. Cette terre boueuse est continuellement retournée par les obus, elle est donc instable, elle se dérobe sous les pieds si bien que le soldat ne cesse de tomber, pour se relever et tomber à nouveau.

L’offensive.

Le 16 avril, les hommes se lèvent à 3 h 30 et prennent position près des lignes ennemies. A 6 h l’assaut est lancé.

A 7 h, selon le député Jean Ybarnegaray, «la bataille a été livrée à 6 heures, à 7 heures, elle est perdue».

Un peu partout sur le front, les hommes se rendent compte que l’avancée n’est pas aussi rapide que prévue. En effet les hommes qui se sont lancés à l’assaut, échouent contre des deuxièmes lignes très peu entamées par les bombardements. Ils sont de plus pris en enfilade par des nids de mitrailleuses cachés et sont même parfois pris à revers par des soldats Allemands qui sortent des souterrains comme à Hurtebise. En effet le terrain est très favorable aux défenseurs, situation en surplomb, réseau de souterrains desservant carrières souterraines, les creutes, et abris bétonnés, alors que les assaillants qui ne peuvent pas se protéger doivent grimper une pente souvent raide, progressant sur un sol très instable. Les pertes sont considérables parmi les troupes de la première partie de la vague d’assaut.

Les creutes de la première guerre mondiale.

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«C’est dans la région de l’Aisne, où l’ennemi s’est accroché depuis des mois aux falaises rocheuses. En face de lui, autant et mieux que lui, nos troupes se sont adaptées à l’étrange vie souterraine des troglodytes… Un tournant brusque et voici qu’une gueule sombre s’ouvre devant nous, dans un chaos de blocs de pierres. La grande carrière est là. Elle abrite maintenant 2 compagnies d’infanterie Française. Comme dans les catacombes romaines, des galeries s’ouvrent….». Lire la suite introduction aux creutes…

Le soldat Paul Clerfeuille note ainsi dans son journal, «la première vague part, mais est aux deux tiers fauchée par les mitrailleuses ennemies qui sont dans des petits abris en ciment armé». La 10ème division d’infanterie coloniale qui s’élance sur Hurtebise est aussi décimée. Les pertes s’élèvent à 150 officiers et 5 000 soldats dont la moitié étaient des tirailleurs Sénégalais.

A 9 h, à l’est du Chemin des Dames, les chars d’assaut sont engagés dans le secteur de Berry-au-Bac, mais cette première intervention des chars dans l’Armée Française est un échec cuisant, sur 128 chars engagés, 57 sont détruits, 64 sont tombés en panne ou sont enlisés. Ces chars sont lourds, lents, 4 km/h et restent souvent prisonniers d’un terrain marécageux. Ce sont donc des cibles faciles pour l’artillerie, d’autant plus que le réservoir d’essence placé sur le côté n’est pas protégé. Les pertes là aussi sont lourdes, 33 officiers et 147 soldats. A 14 h, premier communiqué officiel, «la lutte d’artillerie a pris un caractère de violence extrême pendant la nuit sur tout le front compris entre Soissons et Reims». Il n’est pas encore question de l’offensive mobilisant plus d’un million d’hommes et qui a été lancée à 6 heures du matin. C’est que sur le terrain, la situation ne s’améliore pas. Il s’est mis à neiger et les soldats s’aperçoivent qu’ils ne progressent guère, que l’offensive est un échec. Le soldat Paul Clerfeuille écrit ainsi dans son journal, «ordre nous est donné de creuser des trous individuels. Moi qui ai entendu parler du plan, je sais qu’à cette heure nous devrions déjà avoir passé Craonne et être dans la vallée de l’Ailette. Je dis aux camarades, «Ça ne va pas !» C’était vrai. Le plan d’attaque du général Nivelle est raté».

Cette bataille est un échec presque total pour l’armée Française. Alors qu’elle devait être décisive, elle se solde par un massacre inouï. L’estimation des pertes fait l’objet de polémique en fonction de la période et du terrain retenus. Le député Favre les estime à près de 200 000 hommes côté Français au bout de deux mois d’offensives. C’est un bilan probable et assez peu éloigné du décompte incomplet réalisé par J.-F. Jagielski. Chaque division a perdu en moyenne 2 600 hommes sur le Chemin des Dames. Les tirailleurs sénégalais, notamment perdent plus de 7 000 tués sur 16 500 engagés, 40-45%, dans les premières journées, soit le quart de leurs pertes totales au cours de la guerre. Quant au bilan côté Allemand, il est encore moins aisé à réaliser. L’état-major Français estimait en juin 1917 les pertes Allemandes autour de 300 000 hommes, ce qui est sûrement exagéré. Le général en chef Allemand Ludendorff a écrit, «Notre consommation en troupes et en munitions avait été ici aussi extraordinairement élevée».En fait à part les morts la situation n’avait guère évoluée.

La suite 6 sera les mutineries.