la bataille de Verdun, Douaumont est repris.

La défense de Verdun début 1916

Panorama de Verdun vue prise du fort de la Chaume, Wikipédia

Support Wikipedia Le 25 février 1916, Joffre décide l’envoi à Verdun de la IIème Armée, qui avait été placée en réserve stratégique, et dont le général Pétain était le commandant depuis le 21 juin 1915. Il lui confie le commandement en chef du secteur de Verdun.

«Philippe Pétain est un fantassin de formation qui a le respect du feu. Ne répète-t-il pas sans cesse «le feu tue» ? Pour lui la progression de l’infanterie doit s’effectuer avec l’appui de l’artillerie. L’année précédente, la justesse de sa tactique a été démontrée. Il est économe des efforts de ses hommes. Il veille à adoucir au maximum la dureté des épreuves pour ses troupes».

Dans un premier temps, le général Pétain réorganise la défense. Elle s’articule sur les deux rives de la Meuse. Une artillerie renforcée dans la mesure des disponibilités couvre les unités en ligne. Les forts sont réarmés. Pour ménager ses troupes, il impose «le tourniquet». Les troupes se relaient pour la défense de Verdun. En juillet, 70 des 95 divisions Françaises ont participé à la bataille. Dans un second temps, il réorganise la logistique. La seule voie de ravitaillement possible consiste en une voie ferrée sinueuse doublée d’une route départementale. La route ne fait que sept mètres de large et se transforme en bourbier dès les premières pluies. Sur ces 56 km de piste, il fait circuler une succession ininterrompue de camions roulant jour et nuit. Cette artère vitale pour le front de Verdun est appelée «La Voie Sacrée» par Maurice Barrès voir la suite 3. Maurice Barrès est bien connu pour ses idées nationalistes. Il y circule plus de 3 000 camions, un toutes les quinze secondes. 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions sont transportés chaque semaine.

Cette voie dite sacrée a été quelque chose d’extraordinaire comme logistique miltaire.

Des carrières sont ouvertes dans le calcaire avoisinant. Des territoriaux et des civils empierrent en permanence la route. Des milliers de tonnes de pierres sont jetées sous les roues des camions qui montent et descendent du front. Les deux files font office de rouleau compresseur et dament les pierres. Un règlement draconien régit l’utilisation de cette route. Il est interdit de stationner. Le roulage se fait pare-choc contre pare-choc, de jour comme de nuit. Le flot ne doit s’interrompre sous aucun prétexte. Tout véhicule en panne est poussé au fossé.

Enfin, il réorganise l’artillerie. L’artillerie lourde restante est récupérée. Un groupement autonome est créé et directement placé sous ses ordres. Cela permet de concentrer les feux sur les points les plus menacés. Ces changements apportés à cette partie du front font remonter le moral de la troupe qui sent en Pétain un véritable chef qui les soutient dans l’effort et la souffrance. Pour la première fois depuis le début de la guerre, l’aviation intervient de manière véritablement organisée avec la création de la première grande unité de chasse, chargée de dégager le ciel des engins ennemis, et de renseigner le commandement sur les positions et les mouvements de l’adversaire, «Je suis aveugle, dégagez le ciel et éclairez-moi», leur dira-t-il. Les Allemands sont arrêtés à quatre kilomètres de leurs positions de départ, avance très faible eu égard aux moyens qu’ils ont engagés.

Les combats se livrent sur les deux rives de laMeuse.

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Situation le 21 février 1916, Wikipédia

Pétain était déjà le précurseur de la guerre moderne, logistique, aviation, artillerie, fantassins, en permutation permanente, les composantes de la guerre moderne. Les canons Français font mal aux Allemands et le Kronprinz, Guillaume de Hollenzollern supplie Falkenhayn d’attaquer la rive gauche pour les faire taire. Les Allemands attaquent autour du Mort-Homme, du côté de la rive gauche. Le Mort-Homme et la cote 304 en 1916, à lire absolument.

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Le Mort-Homme, référence Vestiges 1914-1918

fort_vaux4.1291221921.JPGLe Fort de Vaux.

Puis ils attaquent sur la rive droite autour du Fort de Vaux. Vaux est le symbole du poilu poussant son sens du devoir jusqu’à l’ultime sacrifice. Il est défendu par une petite garnison dirigée par le commandant Raynal. Le 6 mars 1916, les Allemands attaquent le fort, le village tombe le 2 avril, mais le fort résiste.

Ce sont à chaque fois des boucheries pour les deux camps. En ces lieux, ces hommes ont fait preuve tout à la fois de courage, de désespoir, de sacrifice et d’abnégation. Sur ces positions, l’armée Française est impitoyablement usée et saignée à blanc. Nombreuses sont les unités qui doivent être entièrement reconstituées à plusieurs reprises ou qui disparaissent. Falkenhayn reprend l’offensive sur la rive droite de la Meuse. Sur un front de six kilomètres, les Allemands sont à quatre contre un. Ils mettent les moyens pour emporter la décision qui tarde depuis si longtemps. Le Fort de Vaux est défendu par une garnison de 600 hommes. L’eau, les vivres et l’artillerie sont en quantités insuffisantes le 1er juin, l’infanterie Allemande se lance à l’attaque du fort. Le 2 juin, ils pénètrent dans l’enceinte. Toutefois, il faut encore «nettoyer» la place. Les combats se livrent couloir par couloir. Il faut gazer la garnison pour la réduire. Une expédition de secours est anéantie le 6 juin.

Finalement, le commandant Raynal, chef de la place, capitule car les réserves d’eau a l’intérieur du fort sont tombées à zéro. Les honneurs sont rendus par l’ennemi aux défenseurs de la place, tous les soldats Allemands ainsi que les officiers se sont mis en rangs et ont salués les soldats Français, sortant du fort au-delà de l’épuisement.

Falkenhayn croit la victoire à sa portée. Le 18 juin 1916 il fait bombarder le secteur avec des obus au phosgène. Mais, les 70 000 Allemands doivent attendre, l’arme à la bretelle, que le gaz se dissipe pour attaquer. Ce temps précieux est mis à profit par les forces Françaises pour renforcer la position. Lorsque l’assaut recommence le 23 juin il réussit à occuper la crête de Fleury, référence à lire absolument. Puis les Allemands repartent à l’assaut le 11 juillet après une préparation d’artillerie de trois jours visant le Fort de Souville. Ce dernier est écrasé par les obus de très gros calibre car il est le dernier arrêt avant la descente sur la ville de Verdun.

abri_caverne04.1291220150.jpgL’heure suprême devant Verdun. Abri caverne de Souville. Photo de JP le Padellec

Néanmoins l’artillerie de 75 lointaine ainsi que des mitrailleurs sortis des niveaux inférieurs du Fort de Souville portent un coup d’arrêt définitif aux vagues d’assaut Allemandes. Une cinquantaine de fantassins Allemands parviennent quand même au sommet du fort mais ils sont faits prisonniers ou regagnent leurs lignes, le Fort de Souville était définitivement dégagé le 12 juillet dans l’après-midi. Souville marque donc l’échec définitif de la dernière offensive allemande sur Verdun en 1916.

Le sort de la bataille bascule.

les Alliés ont attaqué sur la Somme, les batailles de la Somme. Les Russes avancent sur le front oriental. Les Italiens font reculer les Autrichiens. Des troupes et de l’artillerie ont été prélevées sur le front de Verdun. Ces conditions compliquent la situation du commandement Allemand pour continuer les opérations à Verdun. Le 11 juillet, Falkenhayn lance l’offensive de la dernière chance. Elle est bloquée par le fort de Souville, à trois kilomètres de la ville de Verdun. À ce moment, les Allemands perdent l’initiative. Du 21 au 24 octobre les Français pilonnent les lignes ennemies. Écrasés et gazés par des obus de 400 mm, les Allemands évacuent Douaumont le 23 octobre. Les batteries ennemies repérées sont détruites par l’artillerie Française. Puis, le 24 octobre, trois divisions Françaises passent à l’attaque sur un front de sept kilomètres. Douaumont est repris et 6 000 Allemands capturés. Le 2 novembre, le fort de Vaux est évacué par les Allemands. À la mi-décembre, les troupes Allemandes sont refoulées sur leurs positions de départ.

La bataille de Verdun aura été un massacre inhumain pour un résultat territorial nul, les troupes Allemandes ont été refoulées sur leurs positions de départ et elle annonce la chute de l’empire Allemand. Après 10 mois d’atroces souffrances pour les deux camps, la bataille aura coûté 378 000 hommes, 62 000 tués, plus de 101 000 disparus, et plus de 215 000 blessés, souvent invalides, aux Français, 337 000 aux Allemands, 22 millions d’obus, une estimation parmi d’autres, aucun chiffre officiel n’existe.

Philippe Pétain fut considéré le vainqueur de Verdun, oui et non.

Sa présence exceptionnelle parmi ses soldats fit de lui un héros national. Cette bataille fantastique le fit nommer le «vainqueur de Verdun». Au mois de mai, il était nommé au commandement des armées du Centre. En 1917, à la suite de l’échec de la sanglante offensive de Nivelle sur le Chemin des Dames, il fut nommé commandant en Chef des Armées et appelé par le gouvernement Ribot pour faire face aux inquiétantes mutineries qui se développaient dans certains régiments de première ligne. Il réussit, réduisant les sanctions même si parfois il s’est montré impitoyable, améliorant l’organisation et l’intendance, les soldats sont soignés, nourris convenablement, les permissions rétablies, surtout, les troupes ne sont plus jetées à l’attaque sous le feu ennemi en de meurtrières et inutiles offensives. Pétain ménage le sang des hommes. En mars 1918, c’est Foch qui est désigné comme généralissime des armées alliées, Pétain restant commandant en chef de l’armée Française.

Toutefois, Joffre , Foch et Clemenceau , attribuent la victoire de Verdun à Mangin et Nivelle, et ont reproché à Pétain son pessimisme. Mais la réputation de Pétain s’affirme auprès des soldats avec les erreurs de Nivelle, en 1917, et il existe en fait deux traditions de la victoire de Verdun, comme l’écrit Marc Ferro, biographe de Pétain, «celle des chefs militaires et politiques qui la mettent au crédit de Nivelle, et celle des combattants qui ne connaissent que Pétain».

La vérité sur le vainqueur de Verdun d’après des extraits de Henri Guillemin reproduits sur le site Marrick & Kervin Weblog .

On lit dans les notes de Raymond Poincaré, sous à la date du 27 mars 1918, ce propos de Joffre que le Président enregistre, «Pétain a péché par les mêmes défauts que lorsqu’il voulait abandonner Verdun». Est-ce possible ? Erreur de texte sans doute. Ou le Président a mal entendu, ou Joffre se permet là quelque boutade paradoxale. Car il est acquis, établi, définitif, que Pétain s’appelle «le vainqueur de Verdun», le «sauveur de Verdun», c’est même là son titre de gloire, le plus incontestable et le plus usuel. Et il aurait voulu «abandonner Verdun» ? Reportons-nous aux Mémoires de Joffre lui-même ; t. II, p. 216, nous lisons : «Vers le début d’avril, 1916, je cherchai le moyen d’éloigner le général Pétain du champ de bataille de Verdun », et un peu plus loin, p. 222, après l’attaque Allemande du 9 juin, une «vive émotion» s’est emparée du G.Q.G. au reçu des nouvelles envoyées du front par Pétain, Joffre se renseigne, «en fait, écrit-il, Pétain, encore une fois, avait alarmé tout le monde», n’ayant qu’une confiance limitée dans la durée possible de la résistance à Verdun, Pétain soutenait qu’il «importait d’envisager dès maintenant le retrait des troupes sur la rive gauche de la Meuse». L’Histoire de la Guerre mondiale apporte sur ce point tous les éclaircissements nécessaires. La chose est demeurée à peu près ignorée du grand public, elle n’en est pas moins hors de discussion. Par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l’abandon de la rive droite de la Meuse, par deux fois, Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais catégoriques du maréchal Joffre dans ses Mémoires (t. II, p. 269), «si l’histoire me reconnaît le droit de juger les généraux qui opérèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle », lire la suite sur la référence citée.

Les avis sont donc controversés, sans mettre en doute les déclarations de Joffre, qui avait nommé Pétain, mais qui n’était pas le généralissime, il faut savoir que Pétain à révolutionné la tactique militaire de l’époque contre l’avis de nombreux généraux, la montée au front sous les mitrailleuses Allemandes fît des milliers de morts inutiles. En outre, les politiques étaient pour la répression à outrance des mutineries, de nombreuses condamnations à mort ont été exécutées. De plus, il faudrait aussi connaître l’ordre chronologique de cette déclaration de Joffre, tous les généraux ont participé à la victoire de Verdun, de plus Pétain ne s’est pas prononcé. En fait,

les vrais vainqueurs de Verdun furent les Poilus.

La suite 5 sera la bataille du chemin des Dames.