la bataille de France, le Fall Gelb, suite.

Dès le début de l’attaque du 10 mai, sont particulièrement visés par les bombardements Allemands les terrains d’aviations de Calais, de Dunkerque, de Metz, de Essey-lès-Nancy, de Bron et de Châteauroux. Des centaines d’appareils sont détruits au sol. En Belgique, la moitié des avions de l’Armée de l’air sont neutralisés. Au même moment, d’autres actions sont menées sur les nœuds ferroviaires et les embranchements de routes jusqu’à 400 kilomètres à l’intérieur du territoire Français, ainsi que sur les gares et les nœuds de communication de Belgique, jusqu’à Bruxelles où des carrefours sont bombardés.

La partie nord de l’offensive, en Hollande, vise les ponts de Rotterdam, Dordecht, Moerdjik, qui sont pris par l’armée Allemande. En Belgique, les troupes Allemandes progressent rapidement, grâce, en partie, à l’emploi de troupes aéroportées, notamment au fort d’Ében-Émael neutralisé par des charges creuses et en passant par les ponts au Canal Albert. L’armée Hollandaise, refoulée du Limbourg Hollandais, abandonne toute liaison avec l’armée Belge dès le deuxième jour de l’attaque. Dès lors, l’armée Belge est tournée sur sa gauche en même temps qu’elle est tournée par la basse Ardenne et par le Grand Duché de Luxembourg que les troupes Allemandes traversent comme à la promenade, car ce petit pays n’a pas d’armée pour le défendre.

En même temps, l’armée Belge qui est percée en son centre, à Eben-Emael, doit refluer pour ne pas être disloquée et pour pouvoir se reformer en un front continu avec l’armée Française elle-même en pleine retraite. Quant aux Hollandais, ils sont rapidement hors jeu. Refoulés jusqu’aux îles du delta maritime, ils capitulent au bout de cinq jours, ce qui menace la région nord du front Belge tandis que les armées Belges et Françaises s’alignent en vue de la bataille d’arrêt que les alliés croient pouvoir livrer sur la Dyle. Mais la tactique Allemande de percées en profondeur empêche de reconstituer un front allié solide et Bruxelles est occupée par l’armée Allemande le 17 mai et Anvers le 18.

Le 17 mai Le colonel Charles de Gaulle, tout récent commandant de la 4ème division cuirassé, remporte à Montcornet un petit succès. Elle est engagée à l’aube du 17 mai pour une action offensive réussie sur Montcornet et livre des combats autour de Laon. Mais ce succès n’est pas exploité, faute de soutien logistique, d’appui aérien et de renforts. La division se porte ensuite au sud d’Abbeville pour attaquer de la tête de pont Allemande, les 28 et 29 mai, l’objectif général étant de dégager les unités encerclées de la poche de Dunkerque. Le 1er juin, la 4ème DCr est relevée par la 51ème division Anglaise, et doit se regrouper dans la région de Marseille-en-Beauvaisis, pour être rattachée au groupement cuirassé du général Delestraint. Le 6 juin, le colonel de Gaulle doit quitter son commandement, car il est nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre, il est remplacé par le colonel Chaudesolle, puis le 7 juin par le général de la Font.

Le 18 mai, le général Władysław Sikorski met la première Division de grenadiers polonais à la disposition de l’armée Française. Le maréchal Philippe Pétain devient vice-président du Conseil.

Le haut commandement Allemand croyait devoir s’attendre à une contre-attaque Française qu’il considérait comme inévitable selon les principes classiques de l’art militaire, aussi tente-il, à maintes reprises, de ralentir la progression de ses chars et de leur infanterie vers l’ouest à travers les positions tenues par les troupes Françaises. Et d’ailleurs, comme pour leur donner raison, en Belgique, le général Mellier attaque les Allemands avec des troupes majoritairement marocaines et parvient à les contenir localement, ainsi que, sur la Dyle, le général Prioux à la tête de ses chars. Mais ils ne sont pas soutenus par des renforts et les commandants des Panzerdivisions, ne se laissant pas impressionner, poussent toujours plus à l’ouest en désobéissant à leurs supérieurs.

Le 20 mai, ils atteignent la mer. Pourtant, le haut commandement Allemand n’est toujours pas rassuré et vit des journées d’angoisse à l’idée d’une vaste contre-offensive stratégique sur les flancs de la percée, pensant que le recul des alliés est un piège. Mais le général Weygand , succédant à Gamelin, a reporté de trois jours la contre-offensive prévue. C’est qu’il sait que les troupes Françaises commencent à se disloquer et qu’il veut en rallier les éléments. Ils donne pour commencer l’ordre de ne plus s’occuper de colmater des brèches dans l’espoir toujours déçu de reformer le front allié, ce qui a conduit, de réajustement en réajustement, à abandonner aux Allemands des milliers de kilomètres carrés qu’il n’est plus possible de reconquérir. La consigne est de tenir sur place, en créant une série de nœuds de résistance qui vont insécuriser les pointes avancées Allemandes si elles ne peuvent plus s’appuyer mutuellement, comme elles avaient pu le faire jusque là. Il faudrait donc que l’ensemble des troupes encore en état de combattre adoptent résolument cette tactique.

Le 21 mai les villes d’Arras et d’Amiens sont prises. Les Allemands atteignent la Manche, l’armée Française est coupée en deux, ses meilleures unités encerclées en Belgique. Mais Hitler interdit aux Panzerdivisionen de compléter l’encerclement par la capture des ports et plages.

Les forces Belges tenteront en vain de contenir l’ennemi à bataille de la Lys qui commence le 23 et durera cinq jours, seule véritable bataille d’arrêt de toute la campagne, elle avait pour objectif d’interdire le franchissement de la Lys à l’armée Allemande. L’armée Belge avait pu garder sa cohésion, étant «restée sur elle-même», selon le mot du général van Overstraeten, conseiller militaire du roi Léopold III. Le commandement Français, par contre, confiant dans l’importance de ses effectifs, avait divisé ses forces en étirant son centre et sa gauche vers le nord, laissant sa droite, en Ardennes, à des troupes de réserve peu mobiles qui ne purent être secourues lors de la percée Allemande de Sedan. Le but de l’état-major Français était de livrer bataille en Belgique et aux Pays-Bas en application d’un plan Dyle-Breda. Ce plan a été une erreur fondamentale dans la stratégie des alliés et l’un des facteurs décisifs qui a contribué à une défaite des Alliés dans la bataille de France. Selon l’historien Anglais Julian Jackson, la chute de la France peut être largement attribuée à une médiocre planification stratégique du Haut commandement Français. La doctrine militaire Française était, que l’on allait assister à la répétition du plan Allemand de 1914, mais en plus étendu, englobant les Pays-Bas.

On n’imaginait pas que les Ardennes et la Meuse puissent être franchis par un groupement motorisé et encore moins que l’armée des Pays-Bas allait capituler en cinq jours. L’État major Français a donc engagé les meilleures et les plus mobiles des divisions Franco-britanniques en Belgique pour secourir les Pays-Bas. Mais ceux-ci, ayant capitulé en cinq jours sans attendre les Français, il ne leur restait qu’à refluer vers le sud pour tenter d’arrêter la poussée des meilleures forces Allemandes.

Le 23 mai, le hameau de Paradis à Lestrem , 97 soldats Anglais prisonniers sont massacrés à la mitrailleuse par les SS de la 4ème compagnie du 1er bataillon du 2ème régiment de la division Totenkopf sous le commandement de Fritz Knöchlein. Il sera pendu en 1949 pour crime de guerre.

Le 24 mai, début de l’Opération Alphabet, évacuation des troupes Britanniques, Françaises et Polonaises du port de Narvik, au nord de la Norvège, sanctionnant le succès de l’Allemagne nazie pendant l’opération Weserübung du 6 avril et la fin de la campagne Britannique en Norvège. L’évacuation fut terminée le 8 juin 1940.

Le 25 mai, début de la bataille de la poche de Lille. La poche de Lille a résisté du 25 mai au 31 mai 1940 à l’encerclement de l’armée Allemande commandée par le général Waeger .

Le 26 mai, début de l’opération Dynamo, la bataille de Dunkerque est l’évacuation alliée de Dunkerque vers le Royaume-Uni. Elle durera jusqu’au 3 juin, en dépit de la Luftwaffe qui ne parviendra pas à l’empêcher.

«L’armée Britannique ainsi que des unités de l’armée Française ont dû battre en retraite vers le nord de la France. Encerclées à Dunkerque, elles ont mené une résistance, en particulier la 12ème division d’infanterie motorisée à partir du Fort des Dunes , destinée à gagner un laps de temps nécessaire à l’embarquement du gros des troupes vers le Royaume-Uni, aidées par Adolf Hitler qui donna un ordre d’arrêt, Haltebefehl, des armées Allemandes devant Dunkerque. L’évacuation s’est opérée à l’aide de tous les navires que la Royal Navy put réquisitionner pour traverser la Manche, tandis que la RAF luttait dans le ciel pour couvrir l’opération. Les troupes et le matériel n’ayant pas pu être embarqués ont été capturés par la Wehrmacht, mais la réussite du sauvetage du gros des troupes a peut-être sauvé le Royaume-Uni d’une invasion face à laquelle il aurait difficilement résisté».

Prises en étau par les troupes Allemandes, et sous le feu de leurs avions et de leur artillerie, les forces alliées embarquent à Dunkerque pour rejoindre l’Angleterre. Le 20 mai, la situation est désespérée, deux divisions de panzers commandées par Heinz Guderian atteignent Abbeville et la mer. La Wehrmacht parvient ainsi à couper les armées alliées en deux avec, entre les mâchoires de la tenaille, un million de soldats Français, Belges et Britanniques pris au piège. Les chars Allemands poursuivent leur progression. Le 24 mai, les avant-gardes de Guderian établissent six têtes de pont sur l’Aa et atteignent Bourbourg, elles ont pratiquement le champ libre lorsqu’un ordre impératif du général von Rundstedt, confirmé par Hitler, les stoppera net jusqu’au matin du 27 mai.

Il existe deux théories défendues par les historiens, pour expliquer cela, la première est qu’Hitler, obnubilé par la prise de Paris, ait voulu reposer ses troupes, la seconde se base sur le fait que l’État-major Allemand ait voulu amadouer les Anglais en vue de leur coopération dans l’opération Barbarossa dirigée contre l’URSS. Les Alliés profiteront de l’aubaine. Ils se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un corridor s’étendant de la région Lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur. Pour se dégager, le général Weygand mise sur une traditionnelle contre-attaque. Le chef du corps expéditionnaire Britannique, le général Gort, ne partage pas cette option. À moyen terme, l’évacuation lui semble inévitable. Le cabinet de guerre Britannique lui donnera raison. Le 26 mai, la décision tombe,

«en de telles conditions, une seule issue reste, vous frayer un chemin vers l’ouest, où toutes les plages et les ports situés à l’est de Gravelines seront utilisés pour l’embarquement. La marine fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force apportera un soutien total… »

Les Anglais préparent leur rembarquement en abandonnant froidement la droite de l’armée Belge, comme le relate l’amiral Anglais Keyes qui était officier de liaison Anglais auprès du roi des Belges. Or, les Belges ont pu contenir les Allemands pendant les cinq jours de la bataille de la Lys. Se sentant abandonné, le roi Léopold III décide alors de capituler le 28 mai, l’armée Belge étant au bord de l’effondrement et de la rupture de ses stocks de munitions. Il en prévient Anglais et Français, ces derniers recevant en quelques jours plusieurs communications radio adressées au général Blanchard. Le gouvernement Britannique décide d’accélérer la défense de Londres. Les troupes Norvégiennes et Polonaises repoussent les Allemands jusqu’à la frontière Suédoise. Mais les Français n’ont plus de capacité offensive. La capacité offensive, c’est ce qui, depuis le début de la campagne, a manqué aux armées alliées confrontées à une armée Allemande essentiellement orientée sur l’offensive.

La capitulation de l’armée Belge est un acte purement militaire qui n’engage pas le pays politiquement, au contraire du traité d’armistice que le gouvernement du maréchal Pétain va conclure, plus tard, avec l’Allemagne. Aussi, le gouvernement Belge en exil continuera-t-il la guerre, notamment en Afrique, contre les Italiens d’Abyssinie, et sur mer et dans les airs avec trois escadrilles dans la Royal air force, ainsi qu’en Europe continentale en soutenant la Résistance armée et, plus tard, par l’envoi de troupes contribuer à la libération du nord de la côte Française et de la Belgique. Considéré comme allié, le gouvernement n’a jamais conclu de traité avec l’Allemagne. Quant au roi, considéré prisonnier des Allemands, il s’abstient de toute activité politique.

Le 31 mai les Allemands réduisent les Français pris dans la poche de Lille où ils contribuent à permettre le rembarquement de Dunkerque en protégeant les arrières anglais. Vaincus, les Français de Lille capitulent et les Allemands se lancent vers la mer.

C’est que le commandement Français, abasourdi par la rapidité manœuvrière de l’armée Allemande, reste sans trouver de solution devant les progrès quotidiens de l’ennemi. Les unités Françaises qui ne se sont pas effondrées sont envoyées en ordre dispersé, dans des contre-attaques locales sans réel plan d’ensemble, du fait de la nature extrêmement mouvante de la situation.

On peut se demander ce qui serait survenu si le gouvernement Britannique n’avait pas préféré rembarquer pour regrouper ses troupes à Londres et si l’armée Belge se voyant abandonnée et au bord de l’épuisement n’aurait pas capitulée. De tout cela, il ressort que c’est une défaillance de nos alliés, principalement des Anglais, sur lesquels nous comptions, qui associée à un commandement Français défaillant ont permit l’invasion de la France, le chacun pour soi a été déterminant dans cette débâcle.


280px-bundesarchiv_bild_121-0412_frankreich_panzer_somua_s35_geschutz.1293873448.jpgChars Français capturés par les troupes Allemandes en mai 1940.

Pourtant, les troupes alliées n’ont pas toujours reculés devant le combat, on peut citer le sacrifice, chez les Belges, des chasseurs Ardennais à Martelange et Bodange, ainsi qu’à Vinkt, pendant la bataille de la Lys, où les Allemands commettront des atrocités contre les civils (ce qui, en 1945, vaudra à deux officiers de la Wehrmacht qui avaient survécu à la guerre, d’être condamnés). Il faut citer la victoire Française de la bataille de Hannut, première bataille de chars de l’histoire ainsi qu’une victoire Française qui détruisit 164 chars Allemands contre 105 Français.

La bataille de Stonne dans les Ardennes Françaises surnommée le «Verdun de 1940», est la tentative de contre-attaque du 231ème RI appuyé de chars FCM 36. On dénombrera coté Allemand près de 26 500 pertes, dont 3 000 tués, constituant une des batailles les plus coûteuses en vies humaines infligées lors de la campagne de France alors que du côté Français, on dénombre environ 7 500 pertes, dont près de 1 000 tués, le reste étant des prisonniers de guerre, des blessés ou des disparus. Les pertes matérielles sont de 33 chars Français détruits pour 24 chars Allemands détruits.

«Cette bataille peu connue du grand public, qui s’est déroulée du 14 au 25 mai 1940, vaut par l’emploi intelligent, côté Français, des chars associés à l’infanterie et à l’artillerie. Elle est en quelque sorte le modèle de ce qui aurait dû être réalisé sur l’ensemble du front, à savoir la rapidité de violentes contre-attaques, utilisant toute la puissance de feu de l’armement moderne en des points névralgiques. Par ailleurs, elle met à mal l’idée reçue de la supériorité matérielle de l’armée Allemande. Le char B1 bis s’avère en effet supérieur en plusieurs points au Panzer : blindage plus épais, armement sans équivalent».

Le char B1 bis

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Finalement, les troupes Françaises déplorent soixante mille morts en six semaines de combats. La Belgique termine sa campagne des dix-huit jours avec 12.000 morts.

Les forces de l’aile gauche Française et le corps expéditionnaire Britannique sont enfermés dans une vaste poche autour de Dunkerque et contraintes au rembarquement. Il faut le sacrifice d’une division d’infanterie Française qui se fait littéralement tuer sur place, luttant à un contre quatre durant plusieurs jours jusqu’à épuisement des munitions, appuyée par l’infanterie Britannique et la RAF qui a autant souffert que l’Armée de l’air Française dans cette bataille, pour permettre l’évacuation de 340 000 hommes, Britanniques et Français, dans des conditions épouvantables.

La suite 31 sera l’invasion de la France, la débâcle.

Références,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fort_d%27%C3%89ben-%C3%89mael
http://fr.wikipedia.org/wiki/W%C5%82adys%C5%82aw_Sikorski
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Lys_%281940%29
http://home.nordnet.fr/~lestrem-adsl/histoire/paradis.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Fritz_Knoechlein
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Alphabet
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Weser%C3%BCbung
http://fr.wikipedia.org/wiki/Poche_de_Lille
http://www.mamet-dom.net/Hdin/Vest/Mai40.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Dynamo
http://histoiresdunord.blogspot.com/2010/03/juin-40-lete-tragique-du-fort-des-dunes.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Heinz_Guderian
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gerd_von_Rundstedt
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Vereker
http://www.linguee.fr/anglais-francais/traduction/fusiliers.html
http://www.larevuetoudi.org/fr/story/la-belgique-se-d%C3%A9chire-%C3%A0-la-bataille-de-la-lys-23540-28540
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_fran%C3%A7aise_en_1940
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Hannut