Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 3,

la bataille de Verdun.


Voir aussi le déclenchement de la bataille de Verdun le 21 février 1916


Le 14 septembre, Philippe Pétain est général de division et le 22 octobre, il prend officiellement le commandement du 33ème corps d’armée avec lequel il réalise des actions d’éclat, notamment dans les batailles de l’Artois en 1915, tout en se montrant soucieux d’épargner la vie de ses hommes. Le 21 juin 1915, il reçoit le commandement de la IIème armée. En février 1916, lorsque les Allemands déclenchent leur offensive sur Verdun, Pétain est désigné par Joffre pour prendre le commandement de ce front et organiser la défense aérienne et terrestre. C’est lui qui commande les troupes Françaises à la bataille de Verdun, et son sens de l’organisation soutenu par un réel charisme ne sont pas étrangers à l’issue victorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme, par exemple, celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. La vision stratégique de la bataille lui a permis de comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure, ou relevé après de durs combats, est finalement vaincu. Pétain met en place une noria de troupes, d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui deviendra la «Voie Sacrée» de la petite route de Bar-le-Duc à Verdun.

Détail du mémorial de la voie sacrée

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Au cours de cette guerre Philippe Pétain sera soucieux de la vie des hommes contrairement au général Nivelle qu’il remplaça étant la cause d’importantes mutineries suite à son échec au Chemin des Dames ou les alliés perdirent 350.000 hommes pour un gain de terrain minime.

Assaut Français au Chemin des Dames, Wikipédia

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La bataille de Verdun eu lieu du 21 février au 19 décembre 1916. Conçue par von Falkenhayn comme une bataille d’attrition pour «saigner à blanc l’armée Française» sous un déluge d’obus dans un rapport de pertes de un pour deux, elle se révélera en fait presque aussi coûteuse pour l’attaquant, elle fit plus de 300 000 morts, 163 000 soldats Français et 143 000 Allemands, et se termina par un retour à la situation antérieure.

Carte de Verdun et ses environs

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Parallèlement, de juillet à novembre, l’armée Britannique sera engagée dans les batailles de la Somme toutes aussi sanglantes, 1.060.000 victimes dont 442.000 morts ou disparus pour des résultats également mineurs. Alors que, côté Allemand, ce sont pour l’essentiel les mêmes corps d’armée qui livreront toute la bataille, l’armée Française fera passer à Verdun, par rotation, 70 % de ses Poilus, ce qui contribua à l’importance symbolique de cette bataille et à la renommée du général Pétain qui commanda la première partie de la bataille.

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Les poilus dans une tranchée, référence «Le blog de la Déconfiture »

C’est au général Robert Georges Nivelle que revint le mérite de l’enrayement définitif de l’offensive Allemande, juin – juillet 1916, puis de la reconquête du terrain perdu entre octobre et novembre 1916 avec la récupération du Fort de Douaumont , aidé en cela par son subordonné le général Charles Mangin .

Le Fort de Douaumont, vue générale, Wikipédia

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Verdun sera, comme la Somme, une terrible leçon que certains théoriciens militaires Allemands sauront comprendre. L’immobilité du front, malgré les moyens engagés.

«En 1940, soumise au feu motorisé des panzers, Verdun tombera en 24 heures, il faut dire aussi que la motivation Française, n’y était, nous n’avions fait aucune préparation à la guerre. Nous nous sommes engagés par alliance».

Les objectifs de guerre.

Pour les Français dirigés par le maréchal Joffre, il faut en finir au plus vite, et la guerre de mouvement reste d’actualité.

Pour le commandement Allemand, en la personne du général von Falkenhayn, chef de l’état major impérial, ce n’est pas tout à fait la même façon d’aborder le problème. Effectivement, il faut en finir avec ce conflit, car pour lui, l’Angleterre cherche à asphyxier les empires centraux dans une guerre d’usure. Mais, pour cela, il faut rendre la guerre coûteuse aux Anglais par une nouvelle méthode, la guerre sous-marine, et surtout il faut détruire les forces Françaises, «les forces de la France seront saignées à mort… Que nous atteignions notre objectif ou non». Le caractère extrémiste de ces propos laisse augurer de la sauvagerie dans les combats à venir. Le but est de décourager la France qui devrait ainsi demander grâce.

La prise de Douaumont

Il choisit donc Verdun pour sa vulnérabilité et aussi du fait qu’il n’aura pas à déplacer beaucoup de troupes. Comptant sur la supériorité Allemande en artillerie lourde, il va employer la méthode du Trommelfeuer, une préparation d’artillerie en «roulement de tambour» qui devrait permettre de niveler le terrain à conquérir. Les Allemands amassent face à Verdun quelque 1 225 pièces d’artillerie de tous calibres dont 542 obusiers lourds.

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Parc d’artillerie près de Verdun, Cliquez sur la photo.

Référence, Assemblée nationale.fr

En moyenne, on peut compter un mortier rapide de 210 mm tous les 150 m. Ils déploient 13 obusiers Krupp de 420 mm, 17 obusiers Skoda de 305 mm, 2 pièces de marine de 380 mm et les munitions en conséquence, environ 2 500 000 obus. Ils massent 72 bataillons d’infanterie dans des abris enterrés, stollen. Sur les vingt divisions affectées à l’opération, dix sont prévues pour la bataille proprement dite, les dix autres étant réservées pour une éventuelle bataille décisive sur un autre secteur dégarni en conséquence.

Stollens

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Le Ziegelrücken Stollen à l’Hartmannswillerkopf, référence Vestiges de 1914-1918

Le lundi 21 février 1916 vers 7 heures, un obus de 380 mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. C’est le début d’une bataille inhumaine, opération baptisée Gericht , tribunal par les Allemands qui dure dix mois. Un déluge de fer et de feu s’abat sur un front de quelques kilomètres, le bombardement est perçu jusque dans les Vosges, à 150 km. Deux millions d’obus, un obus lourd toutes les trois secondes tombent sur les positions Françaises en deux jours. À 16 heures, le même jour, 60 000 soldats Allemands passent à l’attaque sur un front de six kilomètres au bois des Caures, croyant s’attaquer à des troupes à l’agonie, totalement désorganisées. L’infanterie Allemande effectue une progression limitée, aménage immédiatement le terrain afin de mettre l’artillerie de campagne en batterie. La portée ainsi augmentée, les canons Allemands menacent directement les liaisons Françaises entre l’arrière et le front.

Les forces Françaises sont écrasées par cette pluie d’acier. Le lieutenant-colonel Driant trouve la mort le 22 février dans le bois des Caures. Avec lui, 1 120 hommes tombent. Il n’y aura que 110 rescapés parmi les 56ème et 59ème bataillon de chasseurs à pied. Sur le reste du secteur, les défenses sont broyées, disloquées, écrasées. En quelques heures, les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire. Les massifs de Haumont, de Herbebois et des Caures sont déchiquetés, hachés, nivelés. Derrière le feu roulant, le 7ème corps rhénan, le 18ème hessois et le 3ème brandebourgeois avancent lentement. Le fort de Douaumont, qui n’est défendu que par une soixantaine de territoriaux, est enlevé dans la soirée du 25 février 1916 par le 24ème régiment brandebourgeois.

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Tranchée Française en 1916, Wikipédia .

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Verdun 1916, référence Vestiges 1914-1918

Ce succès fut immense pour la propagande Allemande et une consternation pour les Français. Par la suite, 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes occupent Douaumont qui devient le point central de la défense Allemande sur la rive droite de la Meuse. Par cette prise, les Allemands ne se trouvent plus qu’à 5 km de la ville de Verdun, s’y rapprochant inexorablement. C’est la fin de la première phase de la bataille de Verdun. Manifestement, les objectifs de Falkenhayn ne sont pas atteints. Un front trop limité, un terrain impraticable et la hargne du soldat Français semblent avoir eu raison du plan de l’Allemand, Wikipédia, la bataille de Verdun .

Ce qu’il faut savoir c’est la collaboration au sein de la Triple entente France, Angleterre, Russie que les deux fronts Français et Russe sont liés. On ne peut comprendre certaines décisions prises par les généraux Français et Russes si on oublie ce fait. Quand la pression Allemande devient insupportable sur le front Français, les Français demandent aux Russes de lancer des offensives afin d’obliger le Kaiser, l’Empereur allemand, à alléger son dispositif et de transférer des troupes sur le front Russe. Même chose pour les Russes qui demandent également, à des moments critiques, aux Français de lancer des offensives dans le même but. C’est ce jeu de bascule entre les deux fronts qui permet, en fin de compte, à l’armée Française de ne pas être emportée en 1914 et 1915.

Sans la contribution cruciale de l’effort de guerre Russe, la France eût été dans l’impossibilité de tenir tête à l’Allemagne. En décembre 1914, la Triplice ou Triple Alliance, Allemagne, Austro-Hongrie, Royaume d’Italie, (qui s’en est dégagée en 1915 le 25 avril pour rejoindre la triple entente), a oppose 101 divisions à l’armée impériale Russe, dont 40 Allemandes, et 97 à la France. En août 1915, les effectifs sont montés à 65 divisions Allemandes sur le front Russe contre 73 sur le front Français. En janvier 1917, c’est 187 divisions que la Triplice engage contre la Russie, 49% du total contre 131 contre la France 34%.

«Vers la fin de 1914, l’intensité de la lutte sur le front Russe imposera à l’armée Allemande une attitude défensive sur le front de France. Elle sera maintenue jusqu’en février 1916. Quand, en 1916, les Allemands attaqueront en France durant la bataille de Verdun, il sera trop tard, ils ne seront plus capables d’entamer les forces alliées».

Après la fin des combats fin 1917 sur le front de l’Est, l’armée Allemande dispose en février 1918, de 192 divisions en ligne à l’ouest. Vingt de plus que les alliés. À cette date, 53 divisions sont encore à l’est. La France aurait certainement été vaincue dès 1914, comme elle l’avait été en 1870. En 1914, l’armée Allemande est la plus puissante d’Europe, la mieux équipée et la mieux entraînée. Depuis 1870, les écarts démographiques et industriels des deux pays n’ont cessé de s’élargir. Le 4 mars 1913, Raymond Poincaré soutint un projet de loi visant à prolonger de deux à trois ans le service militaire en France, cette mesure semblait la seule façon possible de compenser l’avantage du nombre que possédait l’Allemagne, qui comptait une population de 70 millions d’habitants contre 40 en France.

La suite 4 sera le Fort de Douaumont est repris.

 

4 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 3, »

  1. [b]Est-il vrai que le Maréchal Pétain était contre les exécutions de ces soldats considérés comme mutins ?

    En tous les cas ce chapitre, qui mériterait, tout comme les autres, d’être publié dans une revue historique, est une véritable leçon d’histoire…

    J’attends, avec impatience, les autres chapitres à venir…[/b]

  2. [b]Dominique[/b] bonsoir,

    Tout à fait Dominique Pétain à été un général soucieux de préserver la vie des hommes, d’ailleurs cela lui a été reproché.

    A la suite 6 « les mutineries » je développe l’action de Pétain sur le moral de l’Armée qui permit la confiance et finalement de gagner la guerre

    Bien à toi,

    Anido

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