la Françe avant et pendant la Première Guerre mondiale.

 

La France est une démocratie libérale de type parlementaire ou le pouvoir est essentiellement celui du parlement au détriment du gouvernement réduit à un rôle de subordination. Régime vivement combattu jusqu’à la fin du XIXème siècle. La République parlementaire est acceptée par tous les partis. Au début du XXème siècle la France est riche par son activité industrielle, mais sa population est majoritairement rurale au détriment du monde ouvrier. Les classes moyennes, la petite bourgeoisie sont fortement développées. La France est une grande puissance mondiale avec un Empire colonial et un réseau d’alliances qui fait que son avis compte. La Chambre des députés est élue au suffrage universel instauré depuis 1848. Son rôle est le contrôle du gouvernement. Le Sénat désigné au second degré par un collège dans lequel les notables ruraux sont majoritaires. Il vote les lois, le budget, et il peut renverser un gouvernement en lui refusant la confiance. Le président de la République n’est qu’un président honorifique après la crise du 16 mai 1877qui voit s’opposer le maréchal Mac-Mahon un monarchiste à la Chambre des députés qui considère qu’il appartient aux élus du suffrage universel de décider de la politique nationale. La victoire des députés scelle le rôle du président à celui d’un président honorifique dont le rôle consiste désormais à désigner le président du Conseil, qui est chargé de la formation du gouvernement. C’est lui le responsable de la politique menée devant la Chambre des députés.

Les forces politiques nationalistes anti Juives, protestantes, franc-maçonnes sont minoritaires. Le syndicalisme révolutionnaire issu des doctrines anarchistes est énoncé dans la Charte d’Amiens adoptée par la CGT, dont le but est le renversement de la république bourgeoise par la grève générale et son remplacement par une société dont le syndicat serait la cellule de base. Toutes les grèves organisées échouent et en 1911 la CGT renonce à renverser la république.

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Une mobilisation de rue en 1900 : défilés et meetings sur fond d’occupation militaire. Les grèves se déroulent dans la rue. Référence, écomusée Creusot-Monceau.

Dès l’annonce de la cessation du travail, les ateliers et les mines sont fermées par les chefs d’entreprise et l’armée est mobilisée pour surveiller les établissements. Les grèves du Creusot et de Montceau-les-Mines n’ont pas connu d’épisodes sanglants ou mortels mais les bagarres et les violences furent multiples, entre forces de l’ordre et grévistes, entre grévistes et non-grévistes d’autre part. Les défilés ont lieu tous les jours, pour maintenir la cohésion des grévistes et démontrer la puissance des mouvements.

La droite, royalistes, conservateurs sociaux, catholiques forment l’Action libérale parlementaire mais hostile à la laïcité.

Le centre est formé des modérés républicains qui ont constitués à l’époque de l’affaire Dreyfus, l’Alliance républicaine et démocratique créé en 1901, attachée au parlement et à la laïcité. Ils représentent la bourgeoisie libérale et les classes moyennes. Le centre modéré est un transfuge des membres du parti radical socialiste lié au monde des affaires. C’est dans leurs rangs qu’une grande partie des hommes de gouvernement sont recrutés, Léon Gambetta, Jules Grévy, Jules Ferry, François-René de Chateaubriand, Adolphe Thiers, Raymond Poincaré, Paul Reynaud. Ils votent la liberté de presse et d’association, syndicats, limitent l’influence de l’Église, et réalisent une œuvre scolaire considérable, école laïque, gratuite et obligatoire, formation d’un corps d’enseignants «les hussards noirs de la république», création des écoles normales… ainsi qu’une politique d’expansion coloniale importante.

La gauche radicale, radicale socialiste et socialiste est groupée autour du parti radical devenu un parti de gouvernement. C’est le parti qui défend avec le plus d’énergie les institutions républicaines laïques attaché à la Loge maçonnique du Grand Orient de France, c’est un parti de réformes sociales qui rejette toute mise en cause du droit de propriété privée. Loi de séparation de l’Église et de l’État dite loi 1905 du second gouvernement Rouvier du rapporteur Aristide Briand socialiste jusqu’en 1906. Ces grandes figurent sont Gustave Mesureur, Maurice Faure, Émile Combes, Édouard Herriot, Clemenceau. C’est le parti majoritaire de la XIème législature 1914-1919 lors de l’Union sacrée qui a soudé les Français de toutes tendances, politiques ou religieuses, lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

L’extrême gauche est rassemblée au sein du parti socialiste constitué en 1905 comme section Française de l’Internationale socialiste ouvrière, SFIO, autour de la doctrine marxiste et révolutionnaire. Sous l’influence de Jaurès, directeur du journal l’Humanité, le parti socialiste devient une formation à pratique réformiste qui compte pour faire triompher le socialisme, le suffrage universel et l’éducation. Il accepte la république parlementaire. Aux élections du printemps 1914 socialistes et radicaux qui pratiquent la discipline républicaine se désistent entre eux au second tour et remportent la victoire.

A la veille de la Première Guerre mondiale, la France est un pays uni autour de la république et de son système parlementaire. La France de 1914 compte 41.6 millions d’habitants, niveau qu’elle ne retrouvera qu’au début des années 50, c’est dire le temps qu’elle mettra à se remettre du conflit qui va éclater et qui va balayer plusieurs générations de jeunes hommes. Cette population est rurale à 44 %, mais une société industrielle émerge et les ouvriers sont environ 5,5 millions. La devise de la république est Liberté, Égalité, Fraternité, mais de grandes disparités existent. La vie est rude dans les campagnes et les villes.

Les ouvriers représentent 30% de la population active en 1914. Leurs conditions sociales varient considérablement pour les ouvriers des ateliers, et des petites entreprises, ouvriers à domicile, ouvriers d’usines des secteurs mines, métallurgie, textile. Tous connaissent l’insécurité d’emploi et la hausse du chômage, la faiblesse des salaires leur interdit l’épargne, déjà. Ils vivent mieux qu’au XIXème siècle, leur alimentation est plus variée et comprend désormais sucre viande, pain blanc et café. Quand au logement, il reste médiocre et les vacances n’existent pas. La législation sociale est très insuffisante. Les ouvriers se sentent exclus de la prospérité nationale.

Les classes bourgeoises sont 5 à 6 millions de personnes. Là aussi la diversité est grande, au sommet se trouve la haute bourgeoisie des banquiers et industriels. Au dessous une bourgeoisie formée d’industriels, de négociants, de propriétaires ruraux, d’avocats, de médecins, notaires, de notables en quelque sorte. Mais le groupe le plus important est celui de la bourgeoisie des classes moyennes des petits patrons, artisans, employés des professions libérales, travailleurs indépendants, fonctionnaires. La paysannerie et la bourgeoisie forment un groupe attaché aux moyens de promotion sociale comme l’école, le travail, l’épargne sans en avoir toujours les moyens.

Les difficultés du monde rural font que les jeunes dans les départements pauvres ne rentrent plus au pays et vont former le monde ouvrier ou la fonction publique. Dans les grandes entreprises les conditions de travail sont déplorables et les grèves générales de la CGT dans le cadre de la Charte d’Amiens sont réprimées par la violence, 1905-1906. Cette classe ouvrière naissante a peu de droits et ne croit pas en la République ! La guerre qui va venir va les fédérer autour des valeurs de la Patrie et de l’Honneur, valeurs portées par l’école publique. Pour l’ouvrier le repos dominical n’est en vigueur que depuis 1906, la journée de travail de 12 heures, 8 pour les mineurs depuis 1905. Quand à la retraite, on parle, mais rien n’est fait.

La condition des femmes pendant cette guerre est faite de travail et sacrifices. La guerre n’est pas seulement une affaire d’hommes elle mobilise aussi les femmes à des tâches impliquant travail et responsabilités. Avec la mort de plus d’un million de soldats Français, cette guerre plonge plus de 600.000 femmes et 986.000 orphelins dans la détresse. Les conditions difficiles dans lesquelles vivent nombre de veuves de poilus, qui ne peuvent plus subvenir correctement à l’éducation de leurs enfants, incitent l’État à prendre des mesures pour leur assurer les ressources nécessaires.

5,5 millions de blessés, 1 117 000 invalides et 1 393 000 soldats morts pour la France, soit 10 % de la population active masculine et 1/5 des hommes de moins de 50 ans, la Première Guerre mondiale représente une véritable hécatombe pour la population Française. Durant le conflit, de très nombreuses femmes ont pris une part active à l’effort de guerre, occupant au sein du système de production les places laissées vacantes par les hommes partis sur le front. Avec la disparition du soutien de famille, la majorité d’entre elles se trouvent en situation de précarité. Une fois la paix revenue, les conventions sociales incitent les employeurs à utiliser des hommes plutôt que des femmes à qui l’on demande de regagner le foyer familial afin d’élever leurs enfants.

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Les orphelins de la colonie agricole et ménagère de Dampierre-sur-Salon en promenade. Source :Bibliothèque Marguerite Durand, Les Chemins de Mémoire

monument_peronne.1293566624.jpgMonument aux morts de Peronne source SHD, Les Chemins de mémoire.

L’émotion provoquée par le sacrifice consenti par les veuves des poilus et surtout par la constatation que la plupart de ces femmes vivent dans des conditions difficiles qui ne leur permettent pas d’éduquer correctement leurs enfants incite l’État à prendre des mesures pour leur assurer des ressources indispensables en leur attribuant des emplois réservés dans la fonction publique et en leur allouant des pensions. Des lois sont alors votées qui accordent des aides financières à l’ensemble de ces femmes (pour mémoire, la première loi allouant une pension aux veuves de guerre date de la Révolution française). C’est ainsi que la loi du 31 mars 1919 reconnaît aux militaires blessés et à leurs ayants cause le droit d’obtention d’une pension. Celle du 24 juin 1919 étend ce droit aux victimes civiles de la guerre et à leurs ayants cause. Une femme est considérée comme veuve de guerre et donc autorisée à faire valoir les droits afférents à ce titre si elle est l’épouse d’un militaire mort en service ou mort des suites de blessures ou de maladies contractées pendant le service. Cette disposition sera étendue aux compagnes par la loi du 12 novembre 1955. Le 20 janvier 1920, le ministère des pensions des primes et allocations de guerre est créé pour appliquer cette législation, le premier ministre en est André Maginot, tiré de Chemins de mémoire.

Cet article marque la fin de la période 1870-1918, la suite 27 portera sur l’entre deux guerres.

Références,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_d%27Amiens
http://www.ecomusee-creusot-montceau.fr/rubrique.php3?id_rubrique=55
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://en.wikipedia.org/wiki/French_Third_Republic
http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_r%C3%A9publicain,_radical_et_radical-socialiste
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hussard_noir
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_s%C3%A9paration_des_%C3%89glises_et_de_l%27%C3%89tat
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Combes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Union_sacr%C3%A9e_%28mouvement%29
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=14886