Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 21,

le soldat inconnu.

 

Son histoire.

Dès 1916, lors de son discours du 6 novembre 1916 au cimetière de l’est à Rennes, le président du Souvenir Français de Rennes, François Simon, eut l’idée de placer un soldat inconnu au Panthéon. Il proposa ainsi de choisir le corps d’un soldat Français tombé au champ d’honneur et non identifié. Le 12 juillet 1918, le député Maurice Maunoury soumet l’idée d’élever un tombeau à un soldat anonyme. Cette même année, il est également proposé à Clemenceau le transfert symbolique au Panthéon du corps d’un combattant. Cette idée est adoptée par les députés réunis à l’Assemblée nationale le 12 novembre 1919. Mais une campagne de presse propose l’inhumation d’un soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. Finalement le 2 novembre 1920, un projet de loi est déposé par le gouvernement et voté à l’unanimité par le Parlement. Il comporte deux courts articles :

* Article 1er : Les honneurs du Panthéon seront rendus aux restes d’un des soldats non identifiés morts au champ d’honneur au cours de la guerre 1914-1918. La translation des restes de ce soldat sera faite solennellement le 11 novembre 1920.

* Article 2 : Le même jour, les restes du Soldat inconnu seront inhumés sous l’Arc de Triomphe.

Chaque commandant des huit secteurs tenus pendant la guerre (Artois, Somme, Île-de-France, Chemin des Dames, Champagne, Lorraine, Verdun et les Flandres) reçut comme instruction de «faire exhumer dans un endroit qui restera secret le corps d’un militaire dont l’identité comme Française est certaine mais dont l’identité personnelle n’a pu être établie». Mission pour le moins compliquée, si difficile qu’il fut impossible dans un des secteurs de désigner un corps avec certitude qu’il soit bien Français. Le 10 novembre 1920, en fin de matinée, ce sont huit cercueils, recouverts d’un drapeau tricolore, qui sont alignés dans une galerie souterraine de la citadelle de Verdun transformée en chapelle ardente.

Un bouquet pour un cercueil.

Suivant un cérémonial bien établi, le soldat Auguste Thin, du 132ème RI, vêtu d’un uniforme neuf, se trouve devant deux rangées de quatre cercueils en présence du ministre des Pensions André Maginot, qui lui demande, en lui présentant un bouquet de fleurs, de le déposer sur un des huit cercueils qui sont ici. «Celui que vous choisirez sera le soldat inconnu, que le peuple de France accompagnera demain sous l’Arc de triomphe».

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Choix du soldat inconnu – reconstitution à Verdun, Wikipédia.

La suite est narrée par un journaliste de l’époque. «Un silence écrase les poitrines. Anxieuse attente, le soldat blême qu’il était est devenu rouge la démarche raide, il a fait le tour des huit cercueils. Il a tourné une première fois très vite, sans s’arrêter, puis au second tour, brusquement, il a déposé son bouquet sur le troisième cercueil de la rangée de gauche. Un murmure s’élève, soulageant les cœurs, «C’est fini, il a choisi». Le soldat Auguste Thin, avait effectué son choix en additionnant les 3 chiffres composant le numéro de son régiment, 132. C’est ainsi qu’il a déposé son bouquet sur le sixième cercueil, comme il en témoigna plus tard : « Il me vint une pensée simple. J’appartiens au 6ème corps. En additionnant les chiffres de mon régiment, le 132, c’est également le chiffre 6 que je retiens. Ma décision est prise, ce sera le 6ème cercueil que je rencontrerai».

Hissé sur de solides épaules le cercueil fut ensuite transporté à la gare sur l’affut d’un canon de 75, tiré par un attelage, puis chargé à bord d’un train en direction de Paris. Dans la nuit il arrivait dans la capitale, où il était déposé place Denfert-Rochereau dans une chapelle ardente. Avant de gagner l’Arc de Triomphe, il fut porté au Panthéon où le président de la République Raymond Poincaré prononça une allocution. Puis placé sur un canon de 155, il est acheminé vers sa dernière demeure où il est béni par l’archevêque de Paris puis déposé sous la voûte centrale de l’Arc de Triomphe, au milieu d’une foule immense, qui voit passer un des siens.

Fils d’un soldat mort pour la France, Auguste Thin est commis épicier, il s’est engagé à Lisieux le 3 janvier 1918, à l’âge de 19 ans. Il participe dans les rangs du 243ème régiment d’infanterie à la contre-attaque en Champagne où il est gazé. Quelques mois après, il se retrouve à l’Hartmannswillerkopf, puis à l’Armistice, à Guebwiller. En novembre 1920, il est à Verdun à la caserne Niel, soldat du 132ème RI.

Chars transportent le Soldat inconnu et le cœur de Gambetta, au premier plan, devant le Panthéon, 11 novembre 1920. Source : Historial de la Grande Guerre.

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Source, Les Chemins de la mémoire

L’hommage poétique.

Le monde entier disait : la France est en danger ;
Les barbares demain, camperont dans ses plaines.
Alors, cet homme que nous nommions « l’étranger »
Issu des monts latins ou des rives hellènes.

Ou des bords d’outre-mer, s’étant pris à songer
Au sort qui menaçait les libertés humaines,
Vint à nous, et, s’offrant d’un cœur libre et léger,
Dans nos rangs s’élança sur les hordes germaines.

Quatre ans, il a peiné, saigné, souffert.
Et puis un soir, il est tombé dans cet enfer…
Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N’est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ?
Pascal Bonetti, 1920

La véritable histoire du soldat inconnu

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Autres soldats inconnus.

Quatre ans plus tard, le 11 novembre 1920, un soldat inconnu Britannique fût inhumé dans l’abbaye de Westminster à Londres. Le Soldat inconnu et le cérémonial qui l’entoure étaient nés et l’idée, officiellement présentée en France en 1916, allait être reprise par de nombreux pays sortis victorieux du premier conflit mondial. Cette idée sans entrer dans le débat stérile posait la question sur une quelconque paternité, revenait-elle aux Britanniques ou aux Français ? Il convient cependant de noter qu’il y eut une réaction, une forme de «concurrence», entre les deux nations quand la France apprit que la Grande-Bretagne allait venir chercher sur ses champs de bataille le corps d’un tommy anonyme

Tombe du soldat inconnu Britannique à l’Abbaye de Wesminster à Londres.

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Source Corbis, Les Chemins de la Mémoire

D’autres pays désignèrent leur soldat inconnu soldats inconnus le Portugal, l’Italie et les États-Unis reprenant un cérémonial calqué sur ceux des Français et des Britanniques, mode de désignation, solennités autour du transport des corps, rituel d’inhumation et culte autour des tombes des Inconnus. Soulignons cependant que dans le cas des États-Unis, à l’image de ce qui se passait simultanément en France, la question du rapatriement des corps entraîna un vif débat entre L’American Field of Honor, favorable au maintien des corps sur place, et la puissante Bring Home the Soldier Dead League qui l’emporta finalement puisque les familles Américaines eurent le choix de faire rapatrier ou non les corps des sammies reposant sur le sol Français. Entre 1922 et 1932, d’autres pays prirent le relais, la Belgique, la Yougoslavie, la Roumanie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, source, Les Chemins de la Mémoire.

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Tombe des Soldats inconnus au cimetière d’Arlington, Etats-Unis. Source : DR, Les Chemins de la Mémoire.

La suite 22 sera pouvait-on éviter la Première Guerre mondiale ?

Les références des sites consultés.

Je supprime le références, elles ne passent pas.

Si l’on en fait la demande je les programmerais  sur un autre article. 

Une réflexion sur « Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 21, »

  1. [b]Bravo, Anido, pour le chapitre de ta fresque sur Pétain…

    Je trouve étrange qu’il n’y ait pas eu une tombe du soldat inconnu mort pendant la IIè Guerre Mondiale… [i]Qu’en penses-tu ?[/i]

    Bien à toi,

    Dominique[/b]

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