les dernières batailles avant l’armistice.

Les Belges à la reconquête de la Belgique

A compter de la bataille de Champagne Argonne, voir la suite 16, l’armée Allemande n’est plus en mesure d’engager une action décisive, l’initiative est du coté des Alliés. Les armées Alliées Grande-Bretagne, Italie, États-Unis, sous le commandement du généralissime Foch sont maîtres du ciel, et de la mer, de plus, elles sont chaque jour renforcées par le matériel, par des troupes fraîches Américaines et les chars Renault. La fin de la guerre est proche.

Dans les autres pays, les Allemands, Austro-hongrois, Turcs de l’Empire Ottoman, Bulgares du Royaume de Bulgarie, sont acculés et les armistices vont être demandées. Il reste un pays la Belgique qui veut conquérir le terrain perdu. La première victoire Belge intervient au cours du combat de Haelen du 10 au 12 août 1914 qui fait 1.000 morts du coté Belge et 3.000 du coté Allemand.

A lire, Année 1918, année de la victoire, octobre 1918 le prélude à la victoire .

La troisième bataille des Flandres,

objectif la poche du Kemmel


img066.1292335172.jpgCarte référence Vestiges 1914-1918.

Puis vient en 1918 la troisième bataille des Flandres du 9 avril au 20 mai. La poche de Montdidier est à peine fermée, qu’on se bat toujours avec violence à l’est d’Amiens et le 9 avril, les Allemands exécutent une nouvelle grande attaque dans la région d’Armentières. Du côté Anglais, une douzaine de divisions ont été retirées de la gauche pour être transportées sur la droite, en Picardie, dans la région d’Amiens et elles ont été remplacées par des troupes épuisées, à moitié désorganisées, qui sont venues s’y refaire. Au milieu d’elles, au sud d’Armentières, vers le village de Bois-Grenier, se trouvent des troupes Portugaises, elles-mêmes fatiguées et peu entraînées. Le front est tenu, à la droite de l’armée Belge, par la IIème armée Britannique du maréchal Plumer qui occupe le saillant d’Ypres, puis par la Ière armée du général Horne. Du côté Allemand, la IVème armée du général Sixt von Arnim s’étend de la mer à la Lys, la IVème armée du général von Quast est au sud de cette dernière rivière. Ces deux armées sont sous les ordres du Kronprinz Bavarois Ruprecht.

Le 9 mai les Allemands qui avaient regroupé en secret 27 divisions se jettent à l’attaque pour occuper la poche du Kemmel. Cette attaque provoque la rupture du front Anglais entre le 9 et 12 avril.

L’attaque démarre à 8 heures du matin, elle se produit sur un front de 15 kms pour se développer au nord les jours suivants. Un épais brouillard couvre la plaine et ce sont les troupes Portugaises qui reçoivent avec surprise l’infanterie Allemande. L’avance des Allemands est si rapide qu’une division Britannique au repos revenant de la Somme à 8 kms en arrière est enlevée dans ses cantonnements vers 10 heures. A la nuit tombante, les divisions d’assaut de l’armée Allemande de von Quast se sont avancées, par leur gauche, jusqu’à la petite rivière de la Lawe, qui couvre Béthune et Merville, tandis que par leur droite elles bordent la Lys, d’Estaires aux environs d’Armentières. Le 10 les troupes Allemandes de Sixt von Armin débouchent à leur tour entre Armentières et Warneton, (entre Quesnoy et Messines sur la carte), tournant ainsi la Lys par le nord. La seconde armée Britannique de Plumer se trouve englobée dans l’attaque. Armentières encerclée par le nord et le sud est évacuée. Le 11 von Quast franchit la Lys et enlève Merville et Neuve-Eglise, c’est le front le plus à gauche sur la carte.

Le 12, les Allemands progressent à gauche jusqu’à Calonne, au sud de la Lys, et atteignent au nord de cette rivière les lisières de la forêt de Nieppe, à droite, ils arrivent jusque devant Bailleul. Mais les Anglais se sont ressaisis et les contre-attaques commencent à se produire, qui limitent la progression de l’ennemi.

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Malgré cela, les Allemands continuent leur progression et le 14 ils s’emparent de la crête de Wytschaete, en avant du Mont Kemmel et, le 15, ils enlèvent Bailleul et même Meteren. Toute la ligne des hauteurs du Kemmel au Mont des Cats, est ainsi menacée par le sud. En six jours, les Allemands ont progressé de plus de 20 kilomètres, le saillant d’Ypres se trouve dans une situation tellement dangereuse que, dès le 13 avril, les Anglais en ont évacué la partie supérieure. 20.000 prisonniers sont restés aux mains de l’ennemi avec 400 canons, des milliers de mitrailleuses, et un butin immense. Les Anglais se trouvent ainsi dans une situation très critique. Le saillant d’Ypres est sur le point de tomber. Si Hazebrourck est pris ainsi que la ligne des monts, les armées Britanniques seraient coupées en deux. L’armée Belge et l’armée du général Plumuer seraient prisonnières ou rejetées au nord et les Allemands auraient accès à la mer à Calais et à Dunkerque, rendant encore la situation plus critque.

Foch qui a organisé la parade, les Français arrivent au secours de leurs alliés. Les deux armées la Vème du général Micheler, et la Xème du général Maistre, qui avaient été amenées et mises en réserve dans la région de Beauvais, l’une au sud, l’autre au nord de cette ville, sont prêtes à intervenir sur les flancs de la poche de Montdidier, la première du côté d’Amiens, la deuxième du côté de Noyon.

Du 12 au 14, quatre divisions Françaises ont été transportées dans la région de Saint-Omer et le 2ème corps de cavalerie du général Robillot y arrive à marches forcées. Le 16 les Allemands attaquent dans la direction d’Hazebrouck, ils sont contenus par la 34ème division Britannique que la 133ème division Française est venue renforcer. Le 17, ils développent encore leurs attaques par le nord jusqu’au delà d’Ypres. Ils concentrent leurs efforts, d’une part, au nord, dans la direction de Poperinghe, non représenté sur la carte, d’autre part, au sud, en partant de Bailleul, de façon à faire tomber à la fois le saillant d’Ypres et la ligne des monts.

L’attaque du nord est arrêtée à Mercken par les Belges qui font 800 prisonniers, l’attaque du sud vient se briser contre trois divisions Britanniques qui repoussent tous les assauts. Le 18, nouvelle tentative, cette fois au centre, en partant de la crête de Wytschaete et en direction du Kemmel, elle se heurte à la 28ème division Française du général Madelin qui reste inébranlable. La ligne des Monts, Monts des Cats, Mont Noir, Mont Rouge, Mont Kemmel, exactement orientée de l’ouest à l’est, divise le champ de bataille en deux parties et le Mont Kemmel, qui la termine à l’est, domine toute la plaine. Après leur insuccès du 18, les Allemands se décident à monter une attaque d’ensemble sur ce saillant du Kemmel. Deux divisions Françaises tiennent la position, l’une face au sud, la 154ème du général Breton, de Dranoutre au Kemmel, le long de la Douve, l’autre, la 28ème, face à l’est. Deux autres divisions et le corps de cavalerie sont en arrière.

Les Allemands se rendent maîtres du Mont Kermmel le 25 avril.

L’attaque à lieu le 25. Commencée à 2 h.30 du matin, elle a été effroyable parce qu’elle se faisait par concentration enveloppante de feux de batteries tirant les unes du sud, les autres de l’est, d’autres enfin, du nord-est, c’était une opération type Verdun dépassant de loin les plus monstrueux écrasements. Les énormes obus toxiques y dominaient une fois de plus, ce n’était pas de l’ypérite, mais des gaz qui s’attachaient au sol en le rendant inhabitable pour longtemps. Ils provoquaient un grand gène pour la respiration. Les lignes de l’attaque étaient assez rapprochées pour que les mitrailleuses, tirant par nappes, aient pu y prendre part. Cette préparation, exécutée par concentration portée au maximum de feux de pièces de tous calibres, faisant tomber les obus par centaines à la fois sur de petits espaces, a été vraisemblablement la plus terrible de toute la guerre.

L’attaque déboucha vers 6 heures, favorisée cette fois encore par un brouillard épais. Les Allemands ont pris deux directions d’attaque, l’une d’est en ouest sur le village du Kemmel, l’autre, au sud des monts, remonte le ravin de Hellebecke, petit affluent de la Douve, entre le Mont Rouge et le Kemmel, par là ils contournent le Mont Kemmel. Les deux divisions Françaises qui occupaient la position leur disputent le terrain pied à pied, et ce n’est qu’après une lutte acharnée de trois heures que les Allemands se rendent maîtres du Kemmel.

A la fin de la journée, la 39ème division du général Massenet arrive sur le champ de bataille et désormais l’attaque est enrayée, elle n’a pu occuper que le terrain où ses obus avaient aux trois quarts fait le vide.

Le 29 avril l’offensive Allemande est enrayée.

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Référence Vestiges 1914-1918

Les Allemands ne se découragent pas, ils reprennent l’attaque le 29, après une préparatlon qui a duré toute la nuit. Elle se développera cette fois sur un front de 14 kilomètres, depuis les pentes du Mont Rouge jusqu’à l’étang de Dickebusch, de part et d’autre du village du Locre, le long de la route de Bailleul à Ypres. Ce jour-là les progrès de l’ennemi furent à peu près nuls, au centre, le village du Locre avait été une fois de plus perdu, puis repris. Entre temps, cinq nouvelles divisions Françaises avaient été amenées sur le terrain de la bataille par le général Foch. Il était désormais certain que l’ennemi ne dépasserait pas le Kemmel et, de fait, après quelques journées de soubresauts plus ou moins violents, la bataille s’éteignit peu a peu. La deuxième offensive Allemande avait échoué comme la première.

Le but de l’attaque Allemande sur le Kemmel.

A n’en pas douter, il a été, après les journées du début, de percer la gauche Anglaise, d’arriver à la séparation des forces et d’atteindre la mer. La question est de savoir si cela avait été leur objectif avant d’entreprendre cette opération ou s’ils n’ont formé ce vaste dessein qu’après les éclatants succès remportés par eux dans les premières journées, qui leur ouvraient ainsi des espoirs illimités. Quoi qu’il en soit, il semble bien que l’idée première du commandement Allemand ait été de ne faire, dans la région d’Armentières, qu’une attaque secondaire, à objectif limité, une sorte de grande démonstration. Mais alors dans quel but ?

On peut en assigner deux,

a) dégager le front Montdidier, Amiens pour y poursuivre la manoeuvre initiale dans de meilleures conditions,

b) dériver du côté de l’extrême gauche du front occidental les dernières réserves tant Anglaises que Françaises et faciliter ainsi une troisième offensive, sur le front Français cette fois, en Champagne vraisemblablement.

Quoique que l’on en puisse penser, que les Allemands aient eu ou non au début l’idée de percer, ils l’ont certainement adoptée en cours d’opérations, et ils ont été entraînés par l’héroïque résistance des troupes Belges, Britanniques et Françaises, à une consommation de forces qu’ils n’avaient pas prévue. De ces deux offensives, celle de Montdidier et celle du Kemmel, ils sortaient très affaiblis, ils y ont dépensé plus de 50 divisions, et demeuraient pour un certain temps incapables d’un nouvel effort. En outre, ils se sont enfoncés dans une deuxième poche, c’est-à-dire se trouvant menacés d’enveloppement sur une nouvelle partie du front.

De notre côté, nous nous sommes saignés aux quatre veines pour venir au secours de nos alliés. Finalement les Allemands ont échoué dans leur deuxième offensive comme dans la première et ils sont momentanément épuisés. Ayant échoué à gauche, du côté de Montdidier, à droite du côté d’Armentières, vont-ils se jeter sur le centre Anglais, sur le saillant d’Arras que la création des deux poches vient de dessiner ?

Cela ne peut les conduire qu’à une rectification de front. Il faut évidemment aller chercher la décision ailleurs. Ce sera le but de la troisième offensive menée celle-là sur le front Français, dès qu’il aura été possible de réunir les forces nécessaires. Elle se produira à la fin de mai.

Suite 18 les dernières batailles avant l’armistice