l’offensive sur la ligne Hidenburg,

du 15 août au 26 septembre 1918

La ligne Hindenburg ou ligne Siegfried était un vaste système de défenses et de fortifications au nord-est de la France pendant la Première Guerre mondiale. Elle fut construite par les forces armées Allemandes pendant l’hiver 1916-1917. La ligne s’étendait sur près de 160 km de Lens, près d’Arras, du Pas-de-Calais, à l’Aisne, près de Soissons.

fwwludendorff4.1292085703.jpgPaul von Hidenburg.

La décision de commencer sa construction fut prise par les généraux Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff à la suite de la Bataille de la Somme. Elle fut construite à travers une poche sur le front Allemand. Ainsi, en se retirant jusqu’à ces fortifications, l’armée Allemande raccourcissait sa ligne de front. Sa longueur totale fut ainsi réduite de 50 km, ce qui permit aux Allemands de libérer 13 divisions et de les mettre en réserve.

La retraite jusqu’à la ligne débuta en février 1917, et le territoire entre le précédent front et nouveau fut dévasté par les Allemands qui employèrent la tactique de la terre brûlée. Les fortifications comprenaient des bunkers en béton armés de mitrailleuses, entourés de plusieurs lignes de fil barbelé, reliés entre eux par des tunnels pour les liaisons entre soldats, des profondes tranchées, des abris contre les obus et des postes de commandement. À une distance d’un kilomètre en avant des fortifications une ligne d’avant-postes plus légère, dont le rôle était comparable à celui des chasseurs à pied, ralentir et perturber l’avance ennemie.

L’offensive Britannique au nord de la Somme et la Française entre Oise et Aisne 18-29 août.

Vestiges d’une bataille

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img063.1292172540.jpgLa première phase de la bataille de Picardie était close, voir la suite 14. Mais un grand effort se prépare entre la Somme et la Scarpe. Déjà, entre Aisne et Oise, l’armée Mangin a été lancée à la conquête des plateaux. Partie à l’attaque le 18 août, elle borde l’Ailette le 23. Suivant cette progression, l’armée Humbert reprend violemment l’offensive le 21, conquiert les pentes nord du Plémont, franchit la Divette, occupe Lassigny. Par leur avance, ces deux armées menacent la droite de la XVIIIème armée Allemende accrochée sur la ligne Chaulnes-Roye. En même temps, l’armée Byng, entre l’Ancre et Croisilles, et la gauche de l’armée Rawlinson, au nord de la Somme, attaquent.

Le 21 août, à l’aube, les 4ème et 6ème corps de l’armée Byng partent à l’assaut, entre Miraumont et Movenneville. Très brillamment, les troupes Britanniques, appuyées par des tanks enlèvent les avancées des défenses ennemies. La lutte est particulièrement vive aux abords d’Achet-le Grand et du Bois longeast la progression continue méthodique, la voie ferrée d’Arras à Albert, ligne principale de défense de l’ennemi, est atteinte, 2000 Allemands sont faits prisonniers.

Le 22 août ,après cette attaque préparatoire, l’offensive est déclenchée sur un front de 53 kilomètres, entre Lihons et Mercatel. Au sud de la Somme, le corps Australien enlève Herleville, Chuignes et fait 2000 prisonniers, la gauche de l’armée Rawlinson passe l’Ancre, enlève Albert, porte sa ligne sur les collines à l’est de la route Albert-Bray, capture 2.400 prisonniers. Le coup le plus rude est donné plus au nord par l’armée Byng. Dépassant la ligne principale de défense, la voie ferrée Arras-Albert, les 6ème et 4ème corps enlèvent Gomiécourt, Ervillers, Boyel, avec une grande quantité de canons, font plus de 5.000 prisonniers, et poussent sur Bapaume et Croisilles. A cheval sur la route Arras-Bapaume, le 6ème corps se rabat sur Bapaume et menace d’encercler les Allemands cramponnés aux crêtes de Thiepval, qui, attaqués en même temps plus au sud, succombent. Bray-sur-Somme est enlevé.

La bataille continue du 25 au 28. La résistance augmente, l’ennemi contre-attaque, oppose sur cet ancien champ de bataille de 1916, au terrain semé d’obstacles, une défense désespérée.

Le 29, Bapaume tombe. Les Allemands se replient du nord de Bapaume à la Somme, sur le front Cléry, Combles, Frémicourt, Bullecourt, Heudecourt. Menacé à la fois au nord de la Somme par les armées Britanniques et sur les rives de l’Oise par les armées Françaises, l’ennemi commence son repli dans la boucle de la Somme, talonné de près par Rawlinson, Debeney et Humbert, il se retire sur la rivière de Péronne à Ham. Chaulnes et Nesle sont occupés par les Alliés.

Les offensives sur la Scarpe et l’Ailette 25 août – 8 septembre.

Mais la bataille continuait en s’élargissant. Le maréchal Foch poursuit inlassablement son plan offensif. Il écrit au maréchal Haig,

«poursuivez vos opérations sans laisser de répit à l’ennemi en étendant la largeur de vos actions. C’est, d’une action croissante et d’une offensive nourrie par derrière et fortement poussée en avant, sans objectif limité, sans préoccupation d’alignement d’une liaison trop étroite qui nous donnera les plus grands résultats avec les moindres pertes… Les armées du général Pétain vont repartir immédiatement dans la même logistique».

En même temps que l’armée Mangin s’apprête à rompre le front ennemi entre l’Aisne et Saint Gobain, l’armée Horne, sur la Scarpe, attaque le saillant formé à l’est d’Arras.

Dès le 25 août, le corps Canadien, à cheval sur la Scarpe, et la gauche de l’armée Byng avaient enlevé les positions difficiles de Monchy le Preux, Guémappe et porté leur ligne au contact de la redoutable position de Quéant-Drocourt, rameau de la ligne Hindenburg.

Le 2 septembre, le corps Canadien se porte à l’assaut, progresse rapidement le long de la route Arras-Cambrai, pénètre de 10 km dans les lignes Allemandes et atteint Buissy. Au centre, les Australiens dans la nuit du 30 au 31 août se sont jetés fougueusement à l’assaut en pleines ténèbres et ont enlevé le bastion formidable de Mont Saint-Quentin.

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Un détail du camp retranché Allemand de Péronne. On y distingue un réseau de voies du chemin de fer de campagne, l’équivalent Allemand du système Péchot Français, un cimetière…Wikipédia

Le 1er septembre, après des combats sanglants, ils pénètrent dans Péronne. Pour flanquer cette attaque au nord de la ville, Bouchavesnes, Frégicourt sont enlevés. Plus au sud, sur les bords de l’Oise, l’armée Humbert, en dépit d’une résistance tenace, avait conquis Noyon et les hauteurs qui, à l’est, dominent la ville.

Partant de l’Ailette, le 5 septembre la lutte se poursuit, Mangin pénètre dans la forêt de Coucy et la gauche de l’armée se porte vers Chauny jusqu’aux lisières de la forêt de Saint-Gobain dans les anciennes lignes de mars 1918. Les régiments de la 41ème Division de la 69ème DI et de la 5ème DI en chasse l’ennemi au prix de terribles combats. Débordés au nord, en direction de Cambrai, et au sud sur les rives de l’Oise, en direction de La Fère, attaqués en même temps fortement, au centre, à Péronne, les Allemands reculent vers les positions Hindenburg.

Les armées Britanniques et Françaises refoulent les arrière-gardes ennemies qui ne peuvent s’accrocher sur la ligne de la Tortille et du canal du Nord.

Le 8 septembre, le front allié passe à l’ouest d’Arleux, de Marquion, à Havrincourt, Epehy, Vermand, puis suit le canal Crozat.

Les offensives et les avancées vers la ligne Hindenburg.

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Référence Vestiges 1914-1918

10-25 septembre. Les Allemands sont arrivés dans les avancées de leur fameuse position Hindenburg, constituées par les anciennes lignes Britanniques perdues en mars, positions formidables qui couvrent le rempart réputé imprenable de la ligne Hindenburg. Entre Havrincourt et Holnon, les 3ème et 4ème Armées Britanniques, Byng et Rawlinson, attaquent dès le 10 septembre.

La 4ème Armée enlève Vermand, les lisières ouest des Bois d’Holnon, et pénètre dans Epehy et Jeancourt. Au même moment, le 12 septembre, la 11ème armée Américaine enlevait tout le saillant de Saint-Mihiel, avec 15000 prisonniers et 200 canons.

Le 13, après des combats ardents, elle s’empare des Bois et du village à Holnon. La 3ème armée Britannique franchit le canal du Nord au sud de la route Bapaume-Cambrai, déborde les positions d’Havrincourt à Gouzeaucourt, qui sont emportées en grande partie. La lutte est âpre, l’ennemi s’accroche désespérément.

Le 14 septembre, Mangin et Degoutte se porte avant, à leur tour, contre le redoutable bastion de Laon qu’ils attaquent, l’un par le massif de la forêt de Coucy, l’autre par l’Aisne. Ce jour-là, à l’armée Mangin, les régiments de la division Bablon, de la division Segonne, de la division de Roig-Bourdeville, enlèvent Vauxaillon, Laffaux, Allemant, Sancy, le Moulin de Saint-Pierre et, sur un front de 1500 mètres, capturent 2500 prisonniers. L’Armée Degoutte, moins heureuse quoique tout aussi vaillante, ne réussit pas à chasser de Gleures les divisions d’Eberhart, mais elle fixe l’ennemi et l’empêche de porter le gros de ses forces contre la 1ère Armée.

Le 16 septembre, Mangin s’empare du Mont des Singes, de Vailly, et prend pied sur le Chemin-des-Dames. Il s’agit, d’après les ordres de Fayolle, d’aborder par l’ouest cette formidable position et de s’installer sur la ligne Vailly-Chavignon, pour obliger l’ennemi, pris en flanc, à l’évacuer sans combat.

Le 18, une attaque générale est déclenchée par les armées Byng et Rawlinson en liaison avec l’armée Debeney. Toutes les positions entre Gouzeaucourt et Holnon sont emportées avec 10000 prisonniers et 150 canons. Au sud, l’armée Debeney a pris le front de la 3ème Armée Humbert. Celle-ci a appuyé la zone de la 10ème Armée, retirée du front par suite d’un front plus étroit, pour être transportée en Lorraine en prévision d’une offensive future. L’armée Debeney, étendue jusqu’au sud de l’Oise, attaque, après avoir enlevé l’épine de Dallon, au sud ouest de St Quentin par les 40ème, 102ème, 119ème bataillon de chasseurs, et 321ème et 401ème régiments d’infanterie aidés du 265ème RAC, Castres et Essigny-le-Grand, (4 régiments d’infanterie de ligne et le 210ème régiment d’artillerie), dans la vallée de l’Oise. L’ennemi est désorganisé, usé, fatigué, dans l’incapacité d’exécuter une contre-offensive. Pour se soustraire à cette bataille continuelle qui l’épuise, il a cherché à se réfugier dans des positions qu’il estime imprenables, et à l’abri desquelles il espère pouvoir se réorganiser, se reposer, se reconstituer des réserves.

C’est pour lui une nécessité, car du 15 juillet au 25 septembre il a envoyé à la bataille 163 divisions, dont 75 ont été engagées deux ou trois fois.

Le 26 septembre, malgré une réduction de front de près de 200 kilomètres, il doit maintenir en ligne presque le même nombre de divisions qu’au 15 juillet, parce que leurs effectifs et leur valeur combative sont très amoindris. De plus, il n’a réussi à conserver ces effectifs qu’en dissolvant déjà 10 divisions, en ramenant dans une cinquantaine d’autres les bataillons de 4 à 3 compagnies, en rappelant des usines un grand nombre de sursitaires pour ne pas entamer la classe 1920, sa dernière ressource. De toutes parts les armées alliées sont en contact avec la position Hindenburg, prêtes au grand assaut des lignes réputées imprenables, d’où les Allemands se sont élancés le 21 mars pour leur victoire.

La suite 16 portera sur l’offensive en Champagne et en Argonne