Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 14,

la bataille de Picardie

du 8 au 15 août 1918

Le maréchal Foch n’a pas attendu d’avoir recueilli tous les fruits de sa victoire de la Marne pour continuer son œuvre. Le 24 juillet, tandis que nos troupes Françaises entraient à Fère-en-Tardenois, les commandants en chef avaient été réunis au château de Bombon et avaient reçu des directives pour les opérations ultérieures.

Le plan Foch. référence, 1918 nos derniers combats sur le chemin de la victoire.

Après la bataille qui vient de le ramener sur la Vesle, malgré les renforts de 850 000 hommes l’armée Allemande commence à donner des signes d’épuisement. Maintenant que sa tenaille cherchant à enserrer l’Île de France est brisée, et se trouvant très affaiblie, l’armée Allemande est obligée de puiser dans ses réserves pour se reconstituer. Pour Foch, l’occasion semble opportune. Il se rappelle dans quelles conditions les lignes s’étaient stabilisées au front et sur les bords de la poche de Montdidier. Sur la ligne occidentale notre première armée, du général Debeney, dominait sur tout le front. Disposant d’une rivière au milieu de marécages et de tourbières, von Huiter se maintenait encore sur le plateau de Rouvrel-Grivesne en vue de tenir sous son feu la voie ferrée de Paris. Mais, devant lui, depuis trois mois Debeney ne perdait pas son temps. Dès le 13 juillet après s’être successivement emparé, avec l’appui des chars d’assaut Britanniques, du bois de Sénécat, du parc de Grivesnes, de Cantigny, du bois Billot et de la ferme Anchin, le 23 juillet, il conquiert Mailly-Raineval, Sauvillers, et Aubvillers faisant au passage 1800 prisonniers et 300 mitrailleuses. Ce sont les régiments de la 3ème division Française qui ont inscrit ce beau succès.

rwg05086.1292002466.jpgGénéral Rawlinson, cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Foch a vu Haig le 3 août, à Mouchy-le-Châtel, et les détails de l’opération ont été arrêtés secrètement en trois nuits. Il s’agit d’une offensive combinée de la 4ème armée Britannique du général Rawlinson et de la 1ère armée Française du général Debeney sous les ordres du maréchal Haig. Les troupes d’assaut Françaises, Canadiennes, Australiennes et Britanniques déjouant les observations de l’aviation ennemie arrivent à pied d’œuvre dans la nuit du 7 au 8 août. Rawlinson qui a en première ligne 7 divisions britanniques et en soutien 5 divisions, attaquera entre Morlancourt et la route d’Amiens à Roye, sur un front de 18 kilomètres. Debeney qui dispose de 8 divisions Françaises en première ligne, et qui sera renforcé par 4 divisions, n’agira que par sa gauche, au sud de la route de Roye, et sur un front de 7 kilomètres, jusqu’à Moreuil inclus. On poussera «le plus loin possible».

rwg05078.1292003917.jpgField Marshal sir Douglas Haig .

La région de Sancerre qu’elles vont attaquer est un vaste plateau couvert de riches moissons de blé et d’avoine coupé de ravins et de bouquets d’arbres où se trouvent 72 000 hommes de l’armée de Marwitz entre l’Ancre et la Luce tandis que Hutier dispose de 3500 hommes entre Luce et Braches. C’est ce front de 34 kilomètres que Rawlinson et Debeney comptent prendre. Rawlinson doit prendre la tête du mouvement appuyé au Sud par Debeney trois quarts d’heure plus tard avec barrage roulant, tanks, gros chars d’assaut, nombreux camions ravitailleurs et une masse impressionnante d’artillerie de tous calibres qui, pour sauter sur les points d’appui attendront l’artillerie de Debeney.

L’attaque a été fixée au 8 août. Référence http://www.chtimiste.com/

Or justement, dans la nuit du 7 au 8 août, la pluie cesse, le temps est favorable aux Alliés.

A 4h20, tandis qu’une brume épaisse obscurcissait encore le ciel, on entend trois coups d’une pièce de gros calibre, comme si quelque formidable impresario eût donné le signal d’une gigantesque levée de rideau, un barrage roulant d’artillerie se déchaîne devant les divisions Canadiennes et Australiennes de Rawlinson, qui précédées par 400 chars de toutes dimensions, suivies par leur artillerie, et par leurs camions de ravitaillement, survolées par des centaines d’avions, se portent en avant, comme une marée irrésistible… Affolés, les Allemands s’enfuient sans tenter la moindre résistance. Ludendorff, dans ses mémoires, signale cette journée, comme l’un des plus pénibles de la guerre «qui scellèrent le destin». «Six ou sept divisions Allemandes, écrit-il, que l’on pouvait considérer comme des plus particulièrement résistantes, furent complètement mises en pièces». Des unités entières avec leurs cadres se sont rendues sans combattre». Le brigadier Français Cellier, avec 15 soldats alliés, a capturé 700 Allemands, 14 officiers dont un colonel, et 2 pièces d’artillerie.

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Référence Vestiges 1914-1918

Le soir, la ligne Anglaise a progressé de 12 kilomètres. Elle passe par Chipilly, Harbonnières, Beaucourt-en-Santerre. Mais l’ennemi a largement évacué le terrain, si bien que, ce soir là, le contact ne soit pas entièrement repris par les cavaliers et par les automitrailleuses à 10 kilomètres plus à l’est, sur la ligne Proyart-Bouchoir. La vague ennemie est brutalement refoulée à 30 kilomètres d’Amiens. Les Allemands ont laissé 7000 prisonniers, dont un général et un État-major de corps d’armée aux mains de nos alliés. Seule, au milieu de la débâcle générale, la garnison de Morlancourt résistera jusqu’au lendemain. Le général Debeney qui disposait de moyens moindres, fut obligé d’avoir recours au procédé classique de la préparation d’artillerie. Cette préparation dura 45 minutes et l’attaque se déclencha à 5 heures. Le terrain était difficile, il fallut manœuvrer. Les soldats Français de la 37ème division, 2ème et 5ème Zouaves, 2ème et 3ème Tirailleurs, débouchèrent d’abord de la Luce, en liaison avec l’offensive Anglaise. Là, l’ennemi, inquiet des progrès Britanniques, résista mollement, et il fut possible à nos troupes de gagner un terrain moins accidenté et plus favorable aux chars d’assauts.

Par surcroît, ce mouvement, qui débordait Moreuil par le Nord et par le Sud, faisait tomber ce point d’appui dont n’avait pu triompher un assaut de la 66ème division Française, plusieurs régiments de chasseurs. Puis, l’attaque se développe de proche en proche vers le sud, et le soir, la 1ère armée Française a dépassé la Neuville-Sire-Bernard, et largement Villers-aux-Erables, ayant gagné 8 kilomètres en profondeur.

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1918. La guerre touche à sa fin, mais la bataille de Picardie, de mars à septembre fait rage. Des troupes en train de monter en ligne, Source l’internaute. © Roger Viollet

Ludendorff sent le besoin de réserves pour faire face à un choc qui, si rude dès le premier moment, annonce de terribles lendemains. Ces réserves, il ne peut guère les prendre que dans le Nord, entre Ypres et la Bassée. Il va donc évacuer le saillant de Merville, que la gauche de l’armée Sixt von Armin et l’armée von Quast abandonnent aux armées Britanniques Plumer et Birdwodd. Commandé discrètement le 8, du coté de Bailleul, ce mouvement prendra plus d’ampleur dans quelques jours. Le 9 août est encore une journée de victoire. Foch qui a transporté son Quartier Général du château de Bombon à Sarcus y reçoit Haig, Fayolle et Persching, et leur prescrit de ne plus prendre de repos avant que les objectifs assignés n’aient été atteints. Pershing doit hâter les préparatifs de son opération de Saint-Mihiel, Fayolle et Haig exploiter à fond les grands résultats obtenus sur l’Avre. Donc, Canadiens et Australiens progressent encore ce jour-là de plusieurs kilomètres en direction de Chaulnes et de Lihons.

Debeney continue à gagner du terrain, la gauche en avant débordant les lignes Allemandes successives et triomphant de leur résistance par la seule manœuvre, presque sans combattre. Il a l’ordre de gagner Roye, nœud de routes d’une importance capitale, dont la chute fera vider la poche de Montdidier. Mais pour aller à Roye, Debeney doit passer par Montdidier, et il voudrait épargner à ces pauvres Allemands les horreurs d’une dernière bataille. Tandis qu’une nouvelle offensive débouche au nord de Pierremont et progresse jusqu’à la ligne Le Quesnoy-Dave-Nescourt-Gratibus, le corps d’armée du général Jacquot se lance à l’attaque, à 16 heures, au sud de Montdidier, sur le front Gonnelieu, le Ployron, face au nord-est.

D’un élan magnifique, les régiments Français de la 169ème division d’infanterie appuyés par deux bataillons du 225ème R.I., prêtés par la 60ème division, ceux de la 133ème division 401ème, 321ème régiment d’infanterie, 32ème et 116ème bataillons de chasseurs à pied, poussent jusqu’aux abord de Faverolles, en plein est de Montdidier.

Alors, dans la nuit du 9 au 10 août, les Allemands s’empressent d’évacuer Montdidier, et sous l’ardente pression des colonnes Franco-britanniques, leur ligne se replie depuis Méharicourt jusqu’à Rollot.

Le maréchal Foch s’adresse à l’armée du général Humbert. Il sait bien que cette armée n’a aucune réserve, mais il compte sur l’énergie de son chef et sur la démoralisation de l’ennemi. C’est un coup d’audace qu’il demande, Humbert doit pousser sa gauche de 3 kilomètres en avant dans les organisations Allemandes. Je n’ai rien observe Humbert par acquit de conscience. «Allez-y tout de même!» Répond Foch. Et Humbert heureux d’avoir carte blanche, y va….. Le 10 août, à 4h20 du matin, le corps d’armée du général Nudant attaque, à 7 heures, c’est le corps d’armée Français du général Fonclare qui le prolonge à droite . Les Allemands essaient de résister, ils sont bousculés.

Dès 9 heures, les régiments de Nudant sont dans la région de Ressons-sur-Matz, et ceux de Fonclare dépassent la région de Vendelicourt. Haig et Debeney progressent, eux aussi, sur toute la ligne. Le soir, tout le front Allemand a été refoulé, malgré une résistance acharnée, il finit par se fixer, à la nuit, à peu près sur les lignes de 1914 à l’Echelles-Saint-Aurin, Marquivillers, Grivilliers, Bus, Boulogne-la-Grasse, Conchy-les-Pots, Roye-sur-Matz, le Plessier, Elincourt, Chevincourt .

Le maréchal Foch sans repos, calmement, inlassablement, poursuit son plan qui se déroule comme mû par un mécanisme d’horlogerie. «Travail d’horloge», like clock work, disaient les Britanniques en parlant du maréchal Foch. Du 18 juillet au 12 août, Foch avait remporté deux très grandes victoires stratégiques aux poches de Château-Thierry et d’Amiens.

La suite 15 portera sur l’offensive sur la ligne Hidenburg


 

3 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France, suite 14, »

  1. Merci pour tout, Anido…..!! continuez à m’apprendre ce que je ne sais pas sur cette grande boucherie….Bonnes Fêtes et bonne année à Tous.

  2. Burdinus l’ancien bonsoir,

    Merci à vous de venir sur ces articles probablement trop techniques, mais ils représentent des faits réels de notre histoire.

    Bien à vous,

    Anido

  3. Mais, Anido, cette boucherie, n’aurait-elle pas pu s’arrêter beaucoup plus tôt ?

    Bien à toi,

    Dominique

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