Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 70,

la libération de Paris.

 

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Défilé sur les Champs-Élysées le 26 août 1944, document Wlkipédia

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Défilé des troupes Américaines le 29 août 1944, document Wikipédia.

Support Wikipedia En août 1944 les forces Alliés sont maîtres du Cotentin les divisions panzer en déroute, Avranches est pris et la route vers Paris est ouverte, Rommel est ko et plus personne du coté Allemand de son envergure put stopper l’avancée des forces Françaises libres et des Alliés vers Paris. Les généraux Américains Eisenhower et Bradley prévoient de contourner Paris pour ne pas être ralentis dans leur progression.

Sur le front de l’Est les stratèges Allemands furent convaincus que les Soviétiques attaqueront encore au sud, où le front se trouvait à 70 km de Lvov et offrait la route la plus directe vers Berlin. La situation de l’Allemagne, déjà critique, devint désespérée après le débarquement de Normandie en juin 1944. En Italie, les Alliés furent à Rome le 4 juin, voir la suite 65. De plus, ceux-ci accentuèrent les raids sur les industries et les installations Allemandes. Le 22 juin 1944, les Soviétiques lancèrent l’Opération Bagration tendant à nettoyer la Bielorussie des Allemands. Ils qui ne s’attendirent pas à une attaque sur ce front n’ayant laissé que 800.000 hommes face à 2,3 millions de soviétiques. Minsk, la capitale de la Biélorussie, tomba le 3 juillet. Dix jours plus tard, l’Armée Rouge attint l’ancienne frontière avec la Pologne. À la fin août, les pertes Allemandes furent le double de celles des soviétiques.

L’insurrection de Varsovie qui commença le 1er août fut un soulèvement armé organisé par la résistance Polonaise, Armia Krajowa, dans le cadre du plan militaire national «Action Tempête». Elle s’accompagna de la sortie de la clandestinité des structures de la Résistance et de l’État clandestin ainsi que de l’établissement des institutions de l’État polonais sur le territoire de Varsovie libre. Côté militaire, le soulèvement dirigé contre les forces Allemandes, eu pour but de préserver la souveraineté de la Pologne face à l’avancée de l’Armée rouge et de la position ambiguë des Alliés occidentaux vis-à-vis des intentions de l’Union soviétique.

En France, le général Kœning commandant en chef des Forces Françaises de l’Intérieur, prépare une insurrection afin de contrecarrer l’installation de l’Amgot combattue par le Gouvernement provisoire de la République française.

Amgot prévoit un gouvernement militaire d’occupation constitué par des officiers Américano-britanniques chargés d’administrer les territoires libérés au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le but de ce gouvernement était d’assurer un fonctionnement de l’administration en attendant l’établissement d’un gouvernement légitime, c’est-à-dire élu par le peuple. Ce gouvernement militaire fut établit avec succès dans certains pays, alors que dans d’autres il fut reconnu illégitime et dut rapidement être remplacé par un gouvernement national de transition.

De Gaulle s’opposa vigoureusement à ce gouvernement pouvant être mit en place pour une durée d’un an avec un effectif de 1.500 hommes. Il déclara notamment que les billets de banque, appelés communément billet drapeau, mis en circulation en Normandie par l’armée Américaine immédiatement après le débarquement ne furent que de la fausse monnaie. Il s’agissait de billets verts libellés en francs. Franklin Roosevelt finit par admettre la légitimité du GPRF Gouvernement Provisoire de la République Française le 23 octobre 1944, après le discours de de Gaulle au balcon de l’Hôtel de ville de Paris le 25 août.

Les instructions d’Hitler prévirent la destruction des ponts et monuments de Paris, la répression impitoyable de toute résistance de la part de la population et de combattre dans Paris jusqu’au dernier homme pour créer un «Stalingrad» sur le front Ouest immobilisant ainsi plusieurs divisions Alliées. Mais le général von Choltitz ne montra aucun empressement à les appliquer. Probablement pour la simple raison que la pratique de la terre brulée ne servait plus à rien, les Alliés aux portes de Paris, de plus détruire Paris fut été un crime contre l’humanité. En outre, la garnison Allemande n’était forte que de 20.000 hommes, mal équipés, aux unités disparates, unités administratives par exemple, de faible valeur combative, 80 chars dont certains datèrent des prises de guerre de l’été 1940 comme des chars Renault FT-17 d’un «autre âge» et autant de pièces d’artillerie, pour certaines désuètes.

Dietrich von Choltitz fut, le 7 août 1944, nommé gouverneur militaire de la garnison de Paris. Il reçut ce poste directement d’Hitler à Berlin. Von Choltiz fut marqué par cette rencontre avec Hitler, il eu la sensation d’avoir en face de lui un fou, et ne put croire à l’image donnée par la propagande. A Paris, le quartier général Allemand fut installé à l’Hôtel Meurice, somptueux palace situé Rue de Rivoli face au Jardin des Tuileries. Lorsqu’une insurrection FFI éclata les Allemands équipés de chars se replièrent alors que les résistants n’eurent aucune arme à leur opposer.

9782266115018fs.1299082939.gifDans un premier temps il laissa miner les 45 ponts de Paris, p.126 de l’édition de poche de «Paris brûle-t-il ?», le Palais Bourbon avec l’Hôtel de Lassay, le Palais du Luxembourg, l’Élysée, le Quai d’Orsay, les Invalides, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, la Madeleine, le Palais Gabriel, l’Opéra, sans compter les gares et le potentiel énergétique, eau, gaz, électricité, avec des charges de plusieurs tonnes (p.408 à 412). Le capitaine Ebernach, expert en destruction dépêché par Hitler déclara avoir miné «la moitié de Paris» (p.432). Mais, désobéissant aux ordres de plus en plus pressants de Berlin, Choltitz n’ordonna jamais la mise à feu. Malgré son éthique de soldat, malgré la «Sippenhaft», prise en otage de la famille des généraux traîtres ou insoumis, malgré les bombardements Alliés qui n’épargnèrent pas les villes Allemandes, il ne se résolut pas à transformer la plus belle ville du monde en un champ de ruines, engloutissant dans cet apocalypse des centaines de milliers de parisiens, tiré de «Paris doit-il un hommage à von Choltitz ?».

Le gouverneur accepta le cessez-le-feu dans l’après-midi du 19 août. Conscient que la destruction des infrastructures de Paris furent inutiles, que la guerre fut perdue pour son camp. Hitler, dans un accès de rage, lui téléphona en demandant si Paris brûlait (Brennt Paris ?). Le 25 août, le général von Choltitz capitula devant le général Leclerc, à la Préfecture de police de Paris, le «colonel» Rol Tanguy, commandant des FFI de l’Île-de-France assista à la cérémonie en qualité de témoin. Immédiatement emprisonné, il fut enfermé avec d’autres hauts officiers Allemands en Angleterre.

La résistance intérieure de Paris commandée par Rol-Tanguy depuis son poste de commandement sous la place Denfert-Rochereau et par Chaban-Delmas, pauvrement équipée sans liaison radio avec l’extérieur mais enthousiaste, encercla les îlots de défense Allemands. L’occupant se trouva en position défensive, une division SS fut mise en mouvement vers Paris pour renforcer l’armée Allemande. Il fut prévit qu’elle obéirait sans état d’âme aux ordres de destruction d’Hitler. Avec l’annonce de l’avance rapide des Alliés sur Paris, le métro de Paris, la gendarmerie le 13 août, puis la police qui lui emboîtèrent le pas le 15 août, suivis des postiers qui le jour suivant, se soulevèrent. Ils furent rejoints par d’autres ouvriers de la ville quand la grève générale éclata le 18 août. Des barricades furent dressées, entravant les mouvements des véhicules Allemands, et des escarmouches contre les forces Allemandes d’occupation, épaulées par des membres de la Milice restés sur Paris malgré le repli général des miliciens quelques jours plus tôt. Elles commencèrent à devenir sérieuses les jours suivants, atteignirent leur maximum le 22. De sérieux combats eurent lieu à la préfecture de police. Une trêve fut conclue, trêve qui permit à chacun des camps soit d’évacuer la capitale pour les Allemands, soit de conforter ses positions, pour la Résistance.

En marge des évènements de la capitale, des accrochages et embuscades furent organisés par des partisans et résistants en banlieue parisienne. Les insurgés, faute de munitions, n’auraient pas pu tenir bien longtemps. Mais, devant cette situation désespérée, ayant obtenu l’accord de de Gaulle, le général Leclerc forca la main aux Américains en donnant l’ordre de marche sur Paris aux éléments de reconnaissance de sa 2ème division blindée. Le général Américain Gerow, supérieur hiérarchique de Leclerc, fut furieux, considérant cela comme une insubordination. Eisenhower doutant de pouvoir retenir les Français finit par accepter et envoya la 4ème division d’infanterie Américaine en renfort.

La percée de la 2ème DB.

À partir de ses positions d’Argentan l’attaque Française se fit, sans soutien aérien Allié, sur 200 km en contournant par le sud les positions Allemandes placées à l’ouest de Paris, au milieu d’un enthousiasme populaire indescriptible qui gêna les combattants. C’est que, depuis deux mois, Paris attend les Américains, malgré la propagande de Radio Paris qui annonce la victoire Allemande en Normandie «Radio-Paris ment, Radio-Paris est Allemand» disent les résistants, et soudain derrière l’ennemi qui reflua en désordre dans la banlieue, on vit le drapeau Français sur les tourelles des Sherman M4. À la surprise initiale succéda une indicible fierté, la foule envahit les rues, on monta sur les chars, partout les drapeaux fleurirent, la rumeur se propagea jusqu’à Paris,

«Les Français, ce sont des Français de Leclerc !»

Les combats en banlieue furent sévères mais les soldats de la 2ème DB qui combattirent sans dormir pendant deux jours et deux nuits ne purent être ralentis par les points d’appui Allemands. La vive résistance Allemande fut culbutée, sans souci des pertes importantes chez les Français, et les éléments de la 2ème DB entrèrent dans Paris par la porte d’Orléans le 24 août 1944. Sous le commandement du général Leclerc, le capitaine Dronne pénétra dans Paris par la porte d’Italie avec sa 9ème compagnie, régiment de marche du Tchad, essentiellement constituée de républicains Espagnols, forte de 15 véhicules blindés, 11 half-tracks, 4 véhicules accompagnés de trois chars pour se poster en renfort des FFI devant l’Hôtel de Ville, le 24 août à 21 h 22, malgré la garnison Allemande encore puissante en attendant le gros de la 2ème division blindée. La 4ème division d’infanterie Américaine entra par la porte d’Italie le 25 août 1944. Guidés par les résistants, les Alliés atteignirent la rue de Rivoli malgré de sérieux combats en pleine ville. Les chars Français détruisirent des Panzers Allemands et des colonnes blindées à plusieurs reprises au cours de duels au canon. L’État-major Allemand fut fait prisonnier par les Français.

La signature de la reddition des troupes nazies fut faite à la gare Montparnasse le 25 août. Malgré que des combats sporadiques continuèrent en particulier du fait des unités SS qui refusèrent la capitulation du général Von Choltitz, menaçant même de fusiller les officiers «traîtres» de la Wehrmacht qui leur commandèrent la reddition.

Le même jour, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, arriva au ministère de la Guerre rue Saint-Dominique, puis fit à l’Hôtel de ville un discours à la population dont un extrait est resté célèbre,

«Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !».

Georges Bidault lui demanda de proclamer la République. De Gaulle refusa, «la République n’a jamais cessée d’être ! Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu». Pendant plusieurs jours, la population parisienne fut partagée entre la peur et l’enthousiasme. Les combats se poursuivirent en banlieue nord, vers Le Bourget et la forêt de Montmorency, où la 47ème division Allemande, venue du Pas-de-Calais, tenta de freiner l’avance Alliée. A Paris même, des tireurs isolés, Allemands ou miliciens, furent signalés à plusieurs reprises. Le 26 août, un défilé de la victoire sur les Champs-Élysée fut organisé.

La foule joyeuse salua les forces de Leclerc.

La cérémonie d’action de grâces à Notre-Dame fut perturbée par une fusillade, car des résistants croirons, (à tort ?) avoir aperçu des tireurs embusqués. La nuit suivante, un bombardement de bombes incendiaires fit environ 200 morts. Adrien Dansette historien et juriste estima le nombre de tués à 130 hommes de la 2ème DB, 532 résistants et environ 2.800 civils pendant les combats pour la libération de Paris. Les pertes Allemandes furent de 3.200 tués et de 12.800 prisonniers.

Les conséquences politiques furent symboliquement importantes par le fait que ce fut les troupes Françaises qui pénétrèrent les premières dans Paris marquant ainsi la souveraineté Française. Ce fait, un symbole, permit à la France de se positionner parmi les grandes puissances dans le camp des vainqueurs du conflit.

Grâce aux soulèvements populaires spontanés de Paris et de Nice, des maquis communistes du Limousin et de la Bretagne, régions qui, comme celle de Toulouse, se libérèrent seules de l’occupant malgré une répression féroce, et du Vercors héroïque, écrasé sans pitié par la Wehrmacht, ainsi que la prise de la Provence par la 1ère armée Française, et auparavant l’excellente tenue de 80.000 Français en Tunisie et 120.000 en Italie, voir la suite 65, le Gouvernement provisoire de la République française posséda ainsi la force et le prestige suffisants pour réaffirmer la République française et ses institutions.

La suite 71 portera sur le procès du Maréchal Pétain

Les références peuvent être consultées sur mon blog au Monde.fr