la libération de la France, suite.
Les Armées de l’Axe décimées en Afrique permirent aux Alliés de constituer une base arrière pour la libération de l’Europe Occidentale. La campagne d’Italie qui commença par l’invasion de la Sicile en février 1943 fut suivie par le débarquement en août 1944 dans le sud-est entre Toulon et cannes.
La campagne d’Italie est née d’un compromis entre les Alliés à la conférence de Casablanca appelée aussi conférence d’Anfa pour préparer la stratégie militaire des Alliés à l’égard de l’Europe en janvier 1943,
* les Américains furent en faveur d’une attaque de front, c’est-à-dire par la voie la plus courte, la Manche, pour atteindre le cœur de l’Allemagne
* Churchill, de son côté pensait que l’Italie, en tant que «ventre mou de l’Axe» constituait un objectif idéal.
La victoire en Afrique du Nord étant proche, la suite logique fut la conquête de la Sicile afin de libérer les routes maritimes en Méditerranée. À ce moment, les Américains furent décidés à s’arrêter là et à ne s’occuper exclusivement que de l’opération Overlord, le débarquement depuis l’Angleterre dans le nord-ouest de l’Europe.
Assistèrent à cette conférence, outre Roosevelt et Churhill, les généraux Giraud et de Gaulle, Joseph Staline refusa d’y participer. La décision de libérer la Sicile puis le reste de l’Italie fut adoptée mais aussi l’aide à apporter à l’URSS, et également de réconcilier de Gaulle avec Giraud. La rencontre Giraud de Gaulle fut tendue, de Gaulle s’indigna que la garde de la conférence fut confiée à des troupes Américaines, et obtint qu’un détachement des troupes Française d’Afrique soient présent avant d’engager le débat. Il faut rappeler que Roosevelt m’aimait pas de Gaulle et préférait Giraud.
Les commandants des Forces Françaises, le général Charles de Gaulle serrant la main du général Henri Giraud devant Franklin Roosevelt et Winston Churchill, 17 Janvier 1943, document Wikipédia.
Les accords conclus lors de cette conférence furent les suivants,
* Les Alliés décidèrent d’exiger la reddition sans condition des puissances de l’Axe.
* Ils se mirent d’accord pour poursuivre leur aide à l’Union soviétique.
* Ils décidèrent d’envahir la Sicile, puis l’Italie, dès la fin des combats de Tunisie.
* Ils se prononcèrent pour une direction conjointe par Giraud et de Gaulle de l’ensemble des forces Françaises en guerre. Il sembla qu’à cet effet furent demandées à Giraud la libération des chefs de la résistance, arrêtés sur son ordre le 30 décembre 1942, et une certaine libéralisation de son régime.
Il fut donc contraint quelque mois plus tard de faire relâcher les chefs de la résistance qu’il avait déportés dans le sud Algérien, puis de libéraliser partiellement le régime en Afrique du Nord, sous l’influence de Jean Monnet. Le 14 mars 1943, il prononça ce qu’il qualifia lui-même ironiquement de «premier discours démocratique de sa vie», rédigé par Monnet. Il y renia Pétain et la Révolution nationale. Cependant, il fallu attendre son éviction en octobre pour que la citoyenneté Française soit restituée aux Juifs d’Algérie, voir mon dossier suite 15 sur la Franc-maçonnerie. En juin 1943, il devint l’un des co-présidents avec le général de Gaulle du Comité Français de Libération Nationale.
Le général Giraud obtint de Roosevelt l’équipement de plusieurs divisions Françaises en matériel Américain.
Le Président Roosevelt présenta les résultats de la conférence au peuple Américain dans un discours radiodiffusé du 12 février 1943. La conférence de Casablanca-Anfa fut suivie des conférences du Caire, de Téhéran, de Yalta et de Potsdam.
La libération de la Sicile, opération Husky, commença en février 1943. Le 15ème groupe d’armée sous les ordres du maréchal Britannique Harold Alexander fut constitué de la 7ème armée Américaine du général Patton, et de la 8ème armée Britannique du général Montgomery. L’amiral Andrew Cunningham et le général Arthur Tedder furent respectivement les commandants des forces navales et aériennes associées. L’opération amphibie eut lieu sur la pointe sud-est de l’île. Huit divisions débarquèrent le premier jour sans rencontrer de véritable résistance. Une tempête ayant fit rage dans la nuit précédant l’assaut, les Italiens eurent relâché leur surveillance côtière. Montgomery compta s’emparer rapidement de Messine pour empêcher l’arrivée des renforts en provenance de la pointe de la botte Italienne. Il fut bloqué dans la plaine de Catane, tandis que Patton progressa rapidement vers l’ouest de l’île. Palerme fut prise le 22 juillet. Dès la fin juillet, la plupart des Italiens se rendirent. La garnison Allemande, prise entre deux feux évacua rapidement la Sicile. L’île fut conquise, après 38 jours de campagne, quand Patton entra dans Messine le 17 août.
La chute de Mussolini.
Pendant ce temps le Grand conseil fasciste Italien se réunit le 24 juillet 1943, Benito Mussolini fut mis en minorité. Le roi Victor-Emmanuel III le fit mettre en prison le 25. Le maréchal Badoglio en formant un nouveau gouvernement, déclara son intention de continuer la guerre. En fait, il chercha déjà à trouver un moyen de sortir du conflit. Des négociations furent entamées avec les Alliés concernant l’annonce d’une reddition coïncidant avec une importante attaque Alliée sur le sol Italien. Pendant ce temps, fin août 1943, lors de la conférence de Québec, les Américains donnèrent leur accord à un débarquement en Italie à la condition que leurs Alliés reconnurent la priorité à l’opération Overlord en Normandie. La suite de la campagne d’Italie se fit avec des effectifs réduits.
La reddition Italienne.
Le 3 septembre les troupes du général Montgomery entrèrent de Messine à Reggio di Clabria puis progressèrent vers le centre de l’Italie à travers les montagnes. Le 8 septembre, suite aux négociations entre le gouvernement Italien et les Alliés, Eisenhower et Badoglio annoncèrent presque simultanément la reddition Italienne. Suite à l’accord prévu avec Badoglio, la 5ème armée Américaine du général Mark Clark remplaçant la 7ème armée de Patton, débarqua à Salerne les 8 et 9 septembre, opération Avalanche. La réaction du maréchal Kesselring fut foudroyante. Pendant huit jours, les forces alliées restèrent clouées sur leurs têtes de pont, la situation ne fut rétablie que grâce à l’artillerie navale de la flotte. Dans le même temps fut lancée l’opération Slapstick, la Première division aéroportée Britannique fut débarquée directement dans le port de Tarente par la flotte de l’amiral Cunningham.
Le 12 septembre, Mussolini fut libéré de sa résidence surveillée sur les ordres de Adolf Hitler, lors d’une opération commando réalisée par les hommes d’Otto Skorzeny l’homme le plus dangereux d’Europe !
La dure bataille du Monte Cassino.
Elle dura 5 mois. Hitler remplaça Rommel par Kesselring en tant que commandant en chef des forces du sud-ouest de l’Europe. Il résista de longs mois le long de la ligne Gustave, dont la clé de voute fut le monte Cassino. Un nouveau débarquement eu lieu au nord de la Ligne Gustave à Anzio le 22 janvier 1944. Le débarquement s’effectua si facilement que le général Américain Lucas, commandant les troupes débarquées, craignit un piège, ne poursuivit pas son attaque et préféra renforcer ses positions ce qui donna le temps à Kesselring d’abord surpris de réagir. Il installa de l’artillerie lourde sur les montagnes dominant la plaine du Monte Cassino où les Alliés avaient débarqué et les écrasa sous son tir. «Tête de pont, tête de mort» déclara Kesselring.
Le maréchal Harold Alexander ramena l’essentiel des forces dont il disposa au printemps sur l’ouest de la ligne Gustave, et après avoir trompé Kesselring sur un nouveau débarquement à Civitavecchia, et il adopta le plan présenté par le général Alphonse Juin qui consista à déborder par la gauche la position du Monte Cassino sur laquelle les Alliés buttèrent depuis 5 mois. Cette offensive fut menée avec 13 divisions le 11 mai. Le 17 mai, le Monte Cassino, débordé sur la gauche, fut évacué. Le 23 mai, la tête de pont sur Anzio obtint la rupture. Les armées Allemandes furent en cours d’encerclement, mais le général Américain Clark préféra libérer Rome le 4 juin.
Plusieurs divisions Alliées furent prélevées du front Italien pour le débarquement en Provence, opération Anvil, ce qui permit à Kesselring de se réorganiser sur la ligne Gothique une autre ligne de défense sur les Apennins.
La Conquête du Nord de l’Italie.
Les Alliés tentèrent de forcer la ligne Gothique par une attaque le 25 août 1944. Rapidement les défenses furent balayées, mais Kesselring réussit à ramener rapidement des renforts et à bloquer l’avance de la 8ème armée, à présent dirigée par le général Oliver Leese. Une nouvelle attaque le 8 septembre permit d’atteindre la plaine de la Romagne. Les Alliés se retrouvèrent alors devant un labyrinthe de cours d’eau endigués, où chaque digue fut formidablement défendue. Les pluies à partir du 20 septembre firent que ce ne fut que le 9 avril 1945 qu’une nouvelle action d’envergure fut lancée. Le 25 avril les 5ème et 8ème armées eurent franchi le Pô. Le 2 mai 1945, les Allemands signèrent à Caserte leur capitulation sans condition.
Le débarquement en Provence, une bataille méconnue.
De nom de code Anvil à partir du 15 août 1944 entre Toulon et Cannes un peu après celui de l’opération Overlord du 6 juin 1944. Initialement dénommée Anvil, écume en Anglais, elle fut baptisée Dragoon par Winston Churchill qui ne souhaita pas ce débarquement préférant une percée des troupes déployées du front d’Italie vers les Balkans afin de prendre en tenaille l’armée Allemande en Europe centrale et d’arriver à Berlin avant les Soviétiques. Il s’opposa notamment à de Gaulle, qui menaça de retirer les divisions Françaises du front Italien.
La veille du débarquement, Radio Londres diffusa 12 messages pour la Résistance, des régions R1-R2, R3-R4 et R6, et dont les plus connus furent, «Le chasseur est affamé, Bibendum» ou «Nancy a le torticolis, guérilla». Comme lors de l’opération Overlord, le plan de bataille prévit une division des troupes en différentes «forces» avec toutes un but précis.
L’assaut naval eu lieu sur les côtes Varoises entre Toulon et Cannes. 880 navires Anglo-américains, 34 Français et 1 370 navires pour le débarquement.
Document Wikipédia
Durant la nuit du 14 au 15 août, les commandos Français furent débarqués sur les flancs du futur débarquement,
* Au nord Force Rosie, groupe naval d’assaut Français, capitaine de frégate Seriot, débarqua à Miramar pour couper la route aux renforts Allemands venant de l’est.
* Au sud, Force Romeo, un groupe Français des commandos d’Afrique du lieutenant-colonel Bouvet, débarqua de part et d’autre du Cap Nègre.
La Force Sitka constitua la 1ère Special Service Force et fut commandée par le colonel Edwin E. Walker se charga la même nuit de détruire les batteries des îles côtières de Port-Cros et du Levant situées devant Hyères. Les trois divisions Américaines formèrent la Force Kodak du général Lucian Truscott. Les troupes d’assaut du 6ème corps Américain furent elles-mêmes divisées en trois forces,
* La Force Alpha du général John W. O’Daniel, composée de la 3ème Division d’infanterie et du Combat command 1 de la 1ère division blindée Française du général Sudre , débarqua du côté Ouest sur la plage de Cavalaire et Pampelone.
* La Force Delta du général William W. Eagles, composée de la 45ème division d’infanterie, au centre à La Nartelle.
* La Force Camel du général John E. Dahlquist , composée de la 36ème division d’infanterie, du côté Est sur 3 plages différentes, Fréjus, face à la base aéronavale, au Dramont et sur la plage d’Anthéor. L’objectif fut de débarquer et de constituer une ligne de front de 25 km de profondeur, appelé Blue Line. Puis, d’avancer vers la vallée du Rhône et prendre contact avec le 2ème corps Français.
La 3ème division d’infanterie Américaine débarque à Cavalaire le 15 août 1944, document Wikipédia.
L’assaut aéronaval.
À l’aube du 15 août, les Alliés déployèrent la Task Force 88 au large de la Provence. Cette force tactique eu pour mission d’assurer la couverture aérienne du débarquement dans un premier temps, puis d’aider les troupes débarquées dans leur progression dans un deuxième temps.
Le bilan.
Plus de 94.000 soldats et 11.000 véhicules furent débarqués le premier jour. Sur un effectif de 260.000 combattants, dont 5.000 auxiliaires féminines, 10% furent originaires de la métropole ou d’Afrique noire, 90 % virent d’Afrique du Nord, parmi ces derniers, 52% furent d’origine maghrébine et 48% d’origine européenne.
Dans les grandes unités, le pourcentage de soldats maghrébins variaient entre 27% à la 1ère DB et 56% à la 2ème DIM. Par type d’arme, ce pourcentage fut d’environ 70% dans les régiments de Tirailleurs, 40% dans le génie et 30% dans l’artillerie. Du 15 au 29 août, à la prise de Marseille, les pertes de cette armée B s’élevèrent à 933 tués, 19 disparus et 3.732 blessés, les jours les plus terribles furent les 23 et 24 août. Environ 35.000 Allemands furent capturés. Les soldats Alliés tombés au cours de la campagne de Provence furent enterrés dans différents cimetières,
* Nécropole Nationale de Boulouris, située a quelques kilomètres de la plage du Dramont, y repose les corps de soldats Français tués durant le mois d’aout 1944.
* Nécropole Nationale de Luynes, entre Aix-en-Provence et Marseille, près de 10.000 soldats tués au cours des deux guerres mondiales y repose.
* Rhône Américan Cemetery, à Draguignan, près de 900 soldats Américains tués au cours des combats de la libération de la Provence reposent en ce lieu.
* Cimetière Militaire Britannique de Mazargues, Marseille, ce cimetière regroupa les corps des soldats de l’Empire britannique tués au cours de l’année 1944 en Provence auprès des tombes de soldats de la Grande guerre.
Les corps des soldats Allemands tués durant l’opération Anvil-Dragoon ainsi que durant les années d’occupation du sud de la France furent regroupés au cimetière Allemand de Dagneux dans l’Ain.
Le débarquement en Provence
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La suite 66 sera l’opération Overlord, le débarquement en Normandie.
Les références peuvent être consultées sur mon blog au Monde.fr