la Résistance intérieure, suite.
Le droit à la résistance à l’oppression est un droit naturel, chaque peuple à droit à sa liberté et ce droit est contenu dans la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen de 1789, article 2 et celle de 1793 articles 33, 34, 35. Toute oppression doit être combattue. C’est aussi un droit canon contre la tyrannie. Chaque peuple sous son drapeau à droit à résister pour son indépendance. La Résistance intérieure n’est que l’expression de ce droit. Des hommes ont fait le sacrifice de leur vie pour que d’autres puissent vivre libres, quel est le peuple qui accepterait de vivre sous une domination étrangère, sous une dictature ?
«Au moment ou j’écris ces articles je ne peux m’empêcher de penser à la révolte de cette jeunesse arabe qui, d’un même élan s’unie contre l’oppression d’un pouvoir corrompu et autoritaire n’ayant que l’armée et la police pour exister. Ce ne sont pas comme ces gens plus à de droite qu’à gauche qui voient des barbus partout, et pas tous heureusement, seulement des imbéciles qui vous disent que bientôt la France sera islamiste, pauvres gens qui n’ont pas compris que la résistance justement est l’action qui libère les peuples, et que font ces jeunes, ils résistent à l’oppression de ces dictateurs que nos politiques de tout bords ont reçus sur tapis rouge. Ce monstre de Kadhafi que nous avons reçu avec sa tente bédouine plantée dans le parc de l’hôtel de Marigny pour le remercier d’avoir libéré les infirmières Bulgares qu’il avait emprisonnées et lui vendre notre rafale et autres armes de guerre, dépassait tout ce que l’on pouvait imaginer dans l’asservissement à ce monstre. Espérons que ces avions qui mitraillent les manifestants ne sont pas nos rafales. A cette époque, en 2007, nos politiques avaient estimé qu’il était normal que des entreprises Françaises, y compris d’armement, cherchent à conclure des accords avec la Libye. Car ce pays, autrefois accusé par les Occidentaux de soutenir le terrorisme, «respecte» désormais ses obligations internationales et n’est plus frappé par l’embargo européen sur les armes, levé en 2004. «Il y a des tas de pays en discussion avec Tripoli, les Italiens, les Russes, les Britanniques…", avait souligné Hervé Morin. «Si ce n’est pas nous, ce sera d’autres». Maintenant il assassine à coup de mitrailleuses. Voila ou mène l’aveuglement diplomatique, mais au fait combien avons-nous vendu d’armes à la Libye ? ».
La Résistance intérieure Française s’inscrit dans ce droit naturel et l’on ne comprend pas que des Français aient pu collaborer.
L’armée et l’administration.
Les accords d’armistice ont limité les effectifs de cette armée du gouvernement de Pétain à 100.000 hommes cantonnés exclusivement dans la zone non occupée. Parmi les militaires de cette armée ou qu’ils furent démobilisés, nombreux sont ceux qui souhaitèrent préparer la revanche contre les Allemands, sans pour autant vouloir rejoindre le général de Gaulle à Londres. Comme la grande majorité des Français, ils restèrent fidèles au nouveau chef de l’État, le maréchal Pétain. Le capitaine Henri Frenay, qui fut versé au 2ème bureau de l’armée d’armistice s’engagea dès la fin de l’année 1940 dans la constitution en zone libre du mouvement Combat grand mouvement de résistance organisé selon les règles de la clandestinité et qui devint l’un des mouvements de résistance les plus importants. En zone Nord, le colonel Touny fusillé en avril 1944 dans les fossés de la citadelle d’Arras et Jacques Arthuys pionnier de la résistance fondèrent l’Organisation civile et militaire, OCM. Le capitaine Paul Paillole, chef des services de contre-espionnage avant la défaite, continua à exercer ses fonctions dans l’armée d’armistice, mais il travailla en collaboration avec les Britanniques et continua de pourchasser les agents de l’Abwehr et du RSHA, Office central de sécurité du Reich. Une deuxième vague de militaires s’engagea dans la Résistance après l’invasion de la zone libre en novembre 1942,
* sous l’autorité du général Frère mort en concentration, qui avait fait partie du tribunal qui condamna à mort le général de Gaulle, de très nombreux officiers et sous-officiers se regroupèrent à partir de fin 1942 dans l’Organisation de résistance de l’armée, ORA, celle-ci se proclama «apolitique», mais en fait conservatrice, en se réfèrant au général Giraud .
* dans l’Organisation civile et militaire (OCM).
Les réseaux du BCRA.
En octobre 1941, au sein de la France libre de de Gaulle, se créa le Bureau Central de Renseignement et d’Action militaire BCRA, dirigé par le colonel Passy pseudonyme de André Dewarin et spécialisé dans les missions de renseignements ou de sabotages. Les réseaux du BCRA, créés et dirigés depuis Londres, se situèrent à la frontière entre la Résistance extérieure et la Résistance intérieure. La Confrérie Notre-Dame, l’un des plus célèbres de ces réseaux fut créée par le colonel Rémy, de son nom de résistant et Louis de la Bardonnie de pseudonyme Isabelle, en novembre 1940 lorsque les services secrets de la France libre ne s’appelaient pas encore le BCRA. Honoré d’Estienne d’Orves, officier de marine et héros de la seconde guerre mondiale et martyr de la résistance constitua en zone occupée un réseau de vingt-six personnes, fut arrêté en mai 1941 et fusillé le 29 août 1941. Lors de son voyage à Londres, en avril 1942, Christian Pineau s’est vu confier la mission de créer un nouveau de réseau de renseignements, Phalanx et Cohors-Asturies. En 1943, le Bureau central obtint des Mouvements unis de la Résistance la fusion de leurs réseaux de renseignements. Et ainsi fut créer le réseau Gallia, rattaché au BCRA, et spécialisé dans le renseignement militaire.
La résistance socialiste.
Le livre de Marc Sadoum, Science PO. directeur de la mention histoire et politique dans son livre «Les socialistes sous l’occupation», Résistance et collaboration préface de Maurice Duverger écrit,
«la Collaboration n’a pas épargné le socialisme, le socialisme n’a pas ignoré la Résistance. Mais de ces deux mouvements, la mémoire collective de la SFIO a peu retenu. Période de la clandestinité, de la lutte armée, mais aussi de la collaboration avec l’ennemi, l’occupation s’inscrit mal dans la grille de lecture d’un parti formé aux luttes parlementaires, nourri dans le respect des traditions démocratiques. L’analyse sociologique et historique permet de rompre avec cette image, de restituer la complexité et la cohérence des itinéraires, de saisir aussi l’inégale richesse des contributions. La Collaboration sollicite le cadre, la Résistance rallie le militant de base, le milieu parisien emprunte au socialisme certaines de ses valeurs, les mouvements clandestins lui doivent à la fois leur idéologie et une large part de leurs forces militantes. Observatoire idéal des contradictions socialistes, la période de l’Occupation trace de la SFIO un profil que n’épuisent pas les références au réformisme, à la social-démocratie ou au radicalisme. C’est en termes de richesse, de complexité et d’originalité qu’il faut penser le socialisme Français».
Il est exact que nombreux sont les socialistes, je n’en citerais qu’un, le plus grand collaborateur d’entre tous, Pierre Laval membre de la SFIO depuis 1905 le principal artisan de la collaboration nazie. Marcel Déat socialiste puis néo-socialiste et collaborationniste. Gustave Hervé socialiste puis fasciste. Charles Spinasse député SFIO ministre du budget dans le gouvernement du Front populaire qui se rallia à Pétain, fut exclu de la SFIO à la libération pour félonie. Mais aussi beaucoup d’autres, quels sont les partis qui n’ont pas eu, dans leurs rangs, des collaborateurs et des félons ?
Dans la Résistance, les socialistes sont moins visibles en tant que tels, contrairement aux communistes, ils lièrent rarement la reconstitution du parti et l’adhésion à des mouvements de résistance. La résistance socialiste était plus dispersée, en grande partie parce que la SFIO elle-même était incomparablement moins centralisée que le PCF, reposant bien davantage sur les élus et cadres locaux.
La grande figure de la SFIO fut sans conteste Daniel Mayer. A la fin de l’été, il entra à vingt-quatre ans au Populaire, le quotidien de la SFIO, dont le directeur politique fut Léon Blum. En 1936, il suivit les grèves et les occupations d’usines et noua avec les responsables syndicaux socialistes et communistes des contacts qui lui furent très utiles sous l’Occupation. Farouchement antimunichois, il dénonça en mars 1939, dans un article consacré à l’Allemagne, la suppression des partis politiques et des syndicats, le régime de terreur des nazis et la multiplication des pogromes. En 1940 son engagement dans la résistance fut immédiat, patriote et républicain, il refusa à la fois l’occupation nazie et le régime de Pétain. Alors que la France était en pleine débâcle et que la SFIO eue disparu dans la défaite, il fut convaincu de la victoire inéluctable de la démocratie sur la barbarie.
Privé d’emploi, à la fin de l’été 1940 Mayer parvint à rendre visite à Léon Blum, emprisonné à Bourassol, près de Riom. Il devint son messager et interprète qui, jusqu’en mars 1943, date de sa déportation en Allemagne, fixa les orientations et les choix décisifs, reconstituer un parti socialiste épuré et rénové, mis en sommeil par Paul Faure, et préparer le retour à la démocratie de la France libérée.
En mars 1941, Daniel Mayer créa, avec d’autres militants socialistes comme Suzanne Buisson et Félix Gouin, le Comité d’Action Socialiste, CAS, à Nîmes. Un CAS avait été créé par Jean-Baptiste Lebas pour le Nord-Pas-de-Calais, administrativement rattaché à la Belgique, en janvier 1941, et un autre, fondé en septembre 1940, couvrait la zone nord. En 1942, Le Populaire, paru de 1921 à 1940, reparut dans la clandestinité. La même année, André Philip devint commissaire national à l’Intérieur de la France libre, et Félix Gouin rejoignit de Gaulle à Londres pour représenter les socialistes. En Algérie, les groupes de résistants étaient déjà formés. Ils furent composés de militants socialistes mais aussi de militants d’extrême gauche. Ils feront partie des compagnons du 8 novembre 1942 de l’opération Torch, voir la suite 55 et partiront ensuite sur Londres, Paris, le Sud Ouest et la Corse. Suite au procès de Riom, œuvré par Pétain pour démontrer que les hommes politiques de gauche furent responsables de la défaite, l’ardeur et le nombre des résistants socialistes s’accroissaient.
Le CAS-sud devint la SFIO clandestine en mars 1943. Les CAS fusionnèrent en juin. Issu de la SFIO, Pierre Brossolette l’un des principaux dirigeants de la résistance fut en contact avec le CAS-sud, puis la SFIO clandestine, parallèlement à ses activités à la Confrérie Notre-Dame.
Les militants socialistes furent hégémoniques à Libération-Nord, dans les réseaux de renseignements issus de ce mouvement, Phalanx et Cohors-Asturies, et dans le réseau Brutus fondé en 1941 par Pierre Fourcaud un des agents les plus célèbres du BCRA et les résistants socialistes des Bouches du Rhone, qui furent les principaux relais de la SFIO clandestine auprès de la France libre et de la Résistance intérieure.
L’Organisation civile et militaire, glissa de la droite vers le socialisme tout au long de la guerre, suite à la participation croissante de socialistes, comme Jacques Piette et Guy Mollet, et aux arrestations de membres fondateurs. Par contre, l’engagement de plus en plus important des socialistes à Libération-Sud un des huit mouvements qui constituaient le Conseil National de la Résistance, où ils représentaient presque la moitié des adhérents, se traduisit par une influence politique moindre.
Plusieurs parlementaires de la SFIO jouèrent un rôle important dans la Résistance, notamment Jean Biondi, Jean Bouhey, Édouard Froment, Lucien Hussel, Jules Moch, Jean Pierre-Bloch et Tanguy-Prigent . François Camel et Marx Dormoy, Jean-Baptiste Lebas mort en déportation, Isidore Thivrier mort en prison, Claude Jordery et Augustin Malroux moururent en déportation. Parmi les résistants socialistes, se trouvèrent également des hommes d’appareil, comme Amédée Dunois, rédacteur du Populaire clandestin, mort à Bergen-Belsen. Dans la région de Lyon, des militants du Parti socialiste ouvrier et paysan créèrent en 1940 le mouvement de résistance L’Insurgé, dirigé par Marie-Gabriel Fugère . Le mouvement publia dans la clandestinité 26 numéros de son journal.
La suite 61 sera la suite de la Résistance intérieure.
Les références peuvent être consultées sur mon blog au Monde.fr