Le S.T.O.

 

Le Service du Travail Obligatoire fut, durant l’occupation par l’Allemagne nazie, la réquisition et le transfert contre leur gré vers l’Allemagne de centaines de milliers de travailleurs Français, afin de participer à l’effort de guerre Allemand que les revers militaires contraignaient à accroitre le développement. Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées dans des camps de travailleurs situés sur le sol Allemand. L’Allemagne nazie imposa au gouvernement de Pétain la mise en place du STO pour compenser le manque de main-d’œuvre dû à l’envoi des soldats sur le front Russe, où la situation ne cessait de se dégrader. De ce fait, les travailleurs Français n’ont cessés d’être les seuls d’Europe à avoir été requis par les lois de leur propre État, et non pas par une ordonnance Allemande, conséquence indirecte de la plus grande autonomie négociée par le gouvernement de Pétain par rapport aux autres pays occupés, qui ne disposaient plus de gouvernement propre.

En d’autres termes en choisissant l’armistice les autorités de 1940 conservaient un régime collaborationniste dirigé par des Français, alors qu’une capitulation aurait conduit à une gestion des Français exclusivement Allemande, ce qui aurait probablement été pire.

img096.1296750353.jpg

Affiche allemande pour l’embauche de travailleurs Français et étrangers en Allemagne. France, novembre 1940. © Roger-Viollet 11176-10, document, La France pendant la seconde guerre mondiale.

Dès l’automne 1940, des volontaires, au début majoritairement d’origine étrangère, Russes, Polonais, Italiens, choisirent de partir travailler en Allemagne. En tout, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 200.000 travailleurs partis de France se seraient portés volontaires, dont 70.000 femmes. Ces Français volontaires n’ont pas hésités à collaborer pour l’effort de guerre Allemand, l’appât du gain n’a pas de patrie. C’est aussi à l’automne 1940 que l’occupant procéda à des rafles arbitraires de main-d’œuvre dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à Bruxelles.

sto2.1296745195.jpgAffiche de propagande, référence, Les travailleurs du service du travail obligatoire relève les prisonniers de 1940 en Allemagne en faveur du STO.

Le gauleiter Fritz Sauckel, surnommé le «négrier de l’Europe», fut chargé le 21 mars 1942 d’amener la main-d’œuvre de toute l’Europe par tous les moyens. Après avoir imposé à la France une forte contribution de guerre destinée aux troupes d’occupation, et une réquisition de la majeure partie de sa production industrielle et agricole, les nazis réclamaient désormais une force de travail. Dans un premier temps cette main d’œuvre était constituée de prisonniers de guerre, puis de volontaires, auxquels les services de propagande proposaient de bons salaires et une bonne nourriture. Les Français connaissaient alors des restrictions alimentaires.

Il s’intéressa particulièrement à la France. Il trouva des fonctionnaires prêts à lui donner satisfaction en mobilisant la législation Française et les forces de l’ordre au profit du recrutement forcé, en particulier de Pierre Laval. Un total de 600 000 à 650 000 travailleurs Français seront acheminés vers l’Allemagne entre juin 1942 et juillet 1944. La France fut le troisième fournisseur de main-d’œuvre forcée du Reich après l’URSS et la Pologne, et le pays qui lui donna le plus d’ouvriers qualifiés.

Dès le 12 mai 1942, Laval écrivit au ministre Allemand des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, pour lui proposer la participation de la France à l’effort de guerre Allemand, au travers de l’envoi de travailleurs.

Juin 1942, l’Allemagne exige de la France 350.000 travailleurs. Pierre Laval, obligé de maquiller cette sommation, annonça le 22 la création de la «Relève» qui consista à échanger un prisonnier libéré contre trois travailleurs volontaires envoyés. Mais seuls les ouvriers spécialistes seront en fait pris en compte dans l’échange, tandis que les prisonniers relâchés doivront n’être que des paysans, ou des hommes déjà âgés et malades, donc improductifs et qui auraient probablement été rapatriés de toute façon. De plus, la Relève n’était pas nominative, on ne pouvait pas s’enrôler pour faire libérer son frère, son mari, son voisin, etc. Le manque de succès de cette mesure, sonna le glas du volontariat.

Lors de son discours du 22 juin 1942, Laval annonça qu’il s’agissait d’envoyer les meilleurs travailleurs en Allemagne en échange de prisonniers de guerre Français. Mais Laval tait jusqu’au 11 août le véritable taux d’échange, trois ouvriers spécialistes contre un seul prisonnier paysan. En outre, la plupart des prisonniers libérés par le Reich étaient des hommes âgés ou malades, peu productifs donc, et qui auraient sans doute été rapatriés de toute façon.

img097.1296751631.jpg

Bureau de placement. Jeunes gens s’inscrivant pour aller suivre des cours de mécanique en Allemagne. Paris, juin 1942. © LAPI / Roger- Viollet 873-12, document, La France pendant la seconde guerre mondiale.

Début septembre, «la Relève» est un échec, avec seulement 17.000 candidats au départ fin août. Sur l’impatience de Fritz Sauckel, Laval passe alors au recrutement forcé. Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue une première loi de réquisition, malgré l’opposition de quatre ministres et du Service national des Statistiques et une aggravation sensible de l’impopularité du régime. Moins connue que la loi du 16 février 1943, la loi du 4 septembre 1942 ne frappe de fait que des ouvriers de 18 à 50 ans et des ouvrières de 21 à 35 ans. Elle fut surtout appliquée en zone occupée, la plus industrielle et la plus peuplée. Cette loi, récemment redécouverte par les historiens, est responsable du départ forcé de près de 250.000 travailleurs en six mois.

img098.1296754090.jpg

Ouvriers français partant travailler en Allemagne. Paris, juillet 1942. © LAPI / Roger-Viollet 685-15 Ouvriers français, document, La France pendant la seconde guerre mondiale.

Les exigences suivantes de Sauckel reçoivent pareillement pleine satisfaction, le 16 février 1943, une loi signée de Laval permet l’envoi en Allemagne de tous les jeunes gens nés entre 1920 et le 31 décembre 1922. Au total, en juillet 1943, plus de 600.000 travailleurs ont été envoyés en Allemagne.

Laval met activement l’inspection du travail, la police et la gendarmerie au service des prélèvements forcés de main-d’œuvre et de la traque des réfractaires au Service du Travail Obligatoire. Le 11 juin, dans un discours radiodiffusé, il menace ouvertement les réfractaires de représailles sur leur famille. Il durcit aussi les mesures à l’encontre de ceux qui les aident, et supprime les exemptions des étudiants et des jeunes paysans.

Le prix à payer est lourd, sans aucune contrepartie, l’économie est désorganisée par la saignée en travailleurs, l’impopularité du régime se voit considérablement accrue, des milliers de jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire sont jetés dans les bras de la Résistance à l’origine de la naissance des maquis.

La loi du 16/02/43 fît que Pierre Laval modifia, entre autre, l’appellation originelle «Service Obligatoire du Travail» en raison des railleries dues aux initiales, SOT, par l’appellation STO.

Le recrutement, se fait désormais par classes d’âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, c’est-à-dire ceux des classes 40, 41 et 42 seront obligés de travailler en Allemagne, ou en France, à titre de substitut de service militaire. La classe d’âge 1922 fut la plus touchée, et les exemptions ou sursis initialement promises aux agriculteurs ou aux étudiants disparurent dès juin. Les filles étaient aussi théoriquement concernées, mais hors quelques cas individuels, elles ne furent jamais envoyées en Allemagne, par peur des réactions de la population et de l’Église.

La position de l’Église en pleine tournante,

Les 20 et 21 janvier 1943 une réunion des cardinaux et archevêques traita de la question, et quinze jours plus tard, les évêques et archevêques de la zone sud, réunis à Lyon, soulignèrent leur tristesse et demandèrent aux mouvements d’action catholique d’encadrer les partants, ils annoncèrent qu’ils feront leur maximum pour assurer le service d’aumôniers. La JOC, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, avait déjà fait le choix, dès 1942, d’encadrer et de soutenir spirituellement les jeunes travailleurs partis en Allemagne. En 1943, l’ensemble des jeunes était naturellement hostile au départ et des dirigeants de la JEC, Jeunesse Étudiante Chrétienne, comme André Mandouze, militant de l’antifascisme et l’anticolonialisme, Gilbert Dru résistant militant chrétien ou Jean-Marie Domenach résistant intellectuel catholique menèrent une campagne active contre le STO. L’Église a du faire face à deux problématiques de nature différente.

Était-il permis de désobéir à la loi d’un gouvernement considéré comme légitime ? Quel apostolat exercer vis-à-vis de la masse des travailleurs Français en Allemagne ?

La réquisition fut organisée par le gouvernement pétainiste, l’église tergiversa, une motion de l’ACJF, Action Catholique de la Jeunesse Française, votée à Avignon le 6 mars, qualifia la réquisition «d’atteinte au droit naturel» et l’ACJF mena campagne pour que les jeunes ne partent pas. Les organes de presse catholique comme la Croix de Savoie ou les Semaines Religieuses de plusieurs diocèses justifièrent le STO et indiquèrent qu’il fallait s’y soumettre. Le 15 mars, au cours d’une réunion de prières réunissant 4 000 jeunes, à Roubaix, en l’église St Martin, le cardinal Liénart, évêque de Lille, exhorte les jeunes à y aller, le Journal de Roubaix titre, «ce serait de la lâcheté de ne pas obéir», puis une semaine après le cardinal expose sa pensée en trois points, l’occupant outrepasse ses droits, on peut donc désobéir sans péché, mais le devoir de charité, si je ne pars pas, un autre partira à ma place, peut inciter à partir.

Le 21 mars, toujours devant une assemblée de plusieurs milliers de jeunes, le cardinal se démarquait à la fois de la propagande anti-allemande, c’est mal d’aller travailler en Allemagne, et de la propagande anti-bolchevique, c’est bien d’y aller, et confirmait que ce n’était pas un devoir de conscience d’accepter le STO, mais, ajoutait-il, il ne faut pas prendre cette position par intérêt personnel et il faut poursuivre la tâche apostolique auprès des travailleurs en Allemagne. Le 6 et 7 avril, l’Assemblée des cardinaux et archevêques, ACA, s’alignait sur la position du cardinal Liénart. À côté de cette ligne dominante de l’Église, tout au long du printemps 1943, le débat continua à opposer violemment les tenants des deux thèses opposées, insoumission ou obéissance.

Les dirigeants de la JEC, et de l’ACJF continuèrent à se prononcer ouvertement contre le départ et s’engagèrent de plus en plus dans l’insoumission et l’action clandestine. Ils rédigèrent un texte, «Éléments d’information», argumentaire doctrinal contre le STO, citant les positions des épiscopats Belges et Hollandais, réfutant même certaines positions de l’ACA. Ils publièrent un numéro de leur organe officiel «Les Cahiers de notre jeunesse», dont ils savaient que ce serait le dernier, qui attaque le STO avec la violence la plus féroce «Sommes-nous tous devenus des bagnards que nous trouvions chez les Français si peu de ressort ?»

À l’opposé des dirigeants de l’ACJF, certains évêques exprimèrent des positions nettement en retrait par rapport à la ligne dominante et attaquèrent vigoureusement les opposants au STO. Ainsi, Mgr Martin évêque du Puy , «Vous voyez bien que ce sont les chefs mis en place par la Providence qu’il faut suivre. C’est si simple d’obéir aux autorités constituées». Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand s’insurgeait aussi contre ceux qui «osent donner des consultations circulantes, différentes des directives des évêques». L’évêque de Nîmes condamna aussi ceux qui encouragent les requis à prendre le maquis.

Le Saint-Siège avait demandé au maréchal Pétain, par l’intermédiaire de Léon Bérard, ambassadeur de France au Vatican, que les séminaristes Français soient exemptés du STO ce qui n’était pas souhaité par les évêques Français qui entendaient ne pas déserter le terrain de la reconquête du monde ouvrier, et le monde ouvrier se trouvait en partie en Allemagne. 3.200 séminaristes partirent donc en Allemagne dans le cadre du STO. D’autre part, à partir de la fin de 1942, des négociations sont menées entre l’épiscopat Français représenté par le cardinal Suhard et le docteur Brandt, qui traitait de cette question pour les Allemands, pour officialiser la présence d’aumôniers parmi les déportés du STO.

À la fin du mois de mai 1943, le Dr Brandt opposa un refus définitif à la demande des évêques Français, mais ceux-ci avaient déjà envisagé d’envoyer des prêtres en Allemagne non pas avec le statut d’aumônier, mais avec celui d’ouvrier.

Il s’agit là, de la naissance du mouvement des prêtres ouvriers.

Pionnier, l’abbé Bousquet arrive à Berlin le 15 janvier 1943. À la suite du Père Bousquet, vingt-cinq prêtres sélectionnés par le père Rodhain sont envoyés clandestinement en Allemagne. En plus de ces clandestins organisés, d’autres prêtres ont été requis sans que leur qualité de religieux ait été repérée. Il y avait également 273 prêtres prisonniers de guerre, transformés, puisque cela était devenu possible, en «travailleurs libres». Avec les 3.200 séminaristes et les militants de l’Action catholique partis contraints ou volontaires, cela représentait au total une organisation de quelque 10.000 militants.

Pour les autorités Allemandes, les travailleurs étrangers seront autorisés à assister aux offices Allemands, ils ne voyaient pas d’objection à ce que des ecclésiastiques étrangers soient employés comme travailleurs, à condition qu’ils s’abstiennent de toute activité spirituelle ou ecclésiastique.

En mars 1944, Ernst Kaltenbrunner, chef de la sécurité du Reich, adressa une note à tous les fonctionnaires de la gestapo où il leur donnait la consigne de rechercher tous les prêtres et séminaristes camouflés en civils, de les expulser ou de les emprisonner en cas de faute grave et de dissoudre les groupes de JOC actifs, sous peine d’emprisonnement. Sur les vingt-cinq prêtres clandestins envoyés en Allemagne, douze seront envoyés en camp de concentration, généralement à Dachau. Les groupes de la JOC continuèrent malgré la répression. Un millier de groupes répartis dans quatre cents villes Allemandes seront classés en soixante-dix fédérations. Des clans scouts se formèrent. Jacques Duquesne, en parlant d’eux, évoque une «Église des catacombes», «Ils se confessent en pleine rue, communient dans les escaliers».

Les Chantiers de la Jeunesse contribuèrent aussi activement à l’envoi de leurs propres jeunes en Allemagne, par groupements entiers. À Roubaix, en l’église Saint-Martin, le cardinal Liénart en remet une couche, il exhorte en mars 1943 les jeunes à y aller par solidarité avec les partants, pourvu qu’ils soient accompagnés par des prêtres catholiques. Il précisa toutefois que le STO n’est pas un devoir de conscience, et que l’on peut «s’y dérober sans péché».

Certaines victimes furent prises dans des rafles de la Milice et de la Wehrmacht. Le PPF de Jacques Doriot mit quant à lui sur pied, en 1944, des Groupes d’Action pour la Justice Sociale chargés de traquer les réfractaires contre de l’argent, et de réquisitionner la main-d’œuvre jusqu’en pleine rue.

Tardivement conscient que le Service du Travail Obligatoire mine le régime, Laval finit par s’opposer aux nouvelles demandes exorbitantes de Fritz Sauckel lors d’une entrevue très orageuse le 6 août 1943. Cette dernière fut assez rude pour que Laval soit pris d’une syncope et s’évanouisse. Appuyé par le ministre de l’Armement allemand Albert Speer préféra que les Français produisent sur place pour le Reich plutôt que de les envoyer en Allemagne, Laval obtînt ainsi une suspension des départs, mais en échange d’une intégration considérablement accrue de l’industrie Française à l’économie de guerre nazie, accords Albert Speer-Jean Bichelonne, 15 septembre 1943.

Dans l’ensemble, grâce à la collaboration indispensable du gouvernement de 1940 et de l’administration Française, et en particulier d’une bonne part de l’inspection du travail, les Allemands obtinrent tous les hommes qu’ils voulurent. Les deux premières demandes importantes de Fritz Sauckel furent intégralement fournies en un temps assez bref. Seuls le développement des maquis et le tarissement des ressources humaines expliquent la chute des départs à partir de l’été 1943, et le demi-succès de la troisième «action Sauckel» juin-décembre 1943, puis le fiasco de la quatrième de 1944.

Le département de la Gironde, grâce au préfet régional Sabatier et à son secrétaire général Maurice Papon, fut félicité par Pierre Laval pour avoir été l’un des seuls à fournir plus que le quota fixé.

Le STO provoqua le départ dans la clandestinité de près de 200.000 réfractaires, dont environ un quart gagnèrent les maquis en pleine formation. Le STO accentua la rupture de l’opinion avec le régime de Pétain, et constitua un apport considérable pour la Résistance. Mais il la plaça aussi dans l’immédiat devant une tâche inédite, d’une ampleur non moins considérable, manque d’argent, de vivres, d’armes etc. pour des milliers de maquisards soudain afflués.

Les réfractaires au STO formèrent également le premier groupe au sein des 35.000 évadés de France qui gagnèrent l’Espagne puis l’Afrique du Nord et s’engagèrent dans la France libre ou dans l’armée Française de la Libération. Faute de filière, de place dans le maquis ou de désir de se battre, de nombreux réfractaires se contentèrent toutefois de se cacher à domicile ou de s’embaucher dans des fermes isolées où ils servirent de main-d’œuvre à des paysans complices.

D’autres Français échappèrent au STO en Allemagne en s’embauchant dans la police et les pompiers, voire dans la Milice ou a l’École des cadres d’Uriage. Après l’automne 1943, ils furent nombreux à rejoindre un vaste secteur industriel protégé mis en place par l’occupant, et travaillant exclusivement pour son compte. Enfin, une part non négligeable des jeunes Français concernés par le STO réussit à passer à travers les mailles du filet en refusant le STO mais sans pour autant entrer dans la clandestinité, ces derniers eurent la chance d’être progressivement oubliés par l’administration de l’occupant.

Entreprises Allemandes ayant utilisé de la main-d’œuvre du STO,

* Volkswagen (Wolfsbourg) * Daimler-Benz
* IG Farben
* Messerschmitt »’
* Siemens
* BMW
* Arado (constructions aéronautiques)
* Telefunken
* BASF
* Hermann Goering Werke (complexe sidérurgique en Basse Saxe près de Braunsschweig, 65.000 personnes, 125 km2, 11 hauts fourneaux).

En 1943, après la destruction par les alliés, à Berlin, d’une unité de construction aéronautique, celle-ci fut déplacée à Cestà Kamice, République Tchèque, dans les Sudètes, territoire annexé par les nazis en Tchécoslovaquie. Avec la complicité du gouvernement de Pétain, plusieurs centaines de milliers de Français, des jeunes gens, techniciens, tourneurs, ont été arrêtés sur leur lieu de travail ou bien convoqués, notamment chez AIR-ÉQUIPEMENT à Bois-Colombes le 03/12/1942, et enfermés à la caserne Mortier à Paris, avant leur départ pour Berlin. Les parents et familles furent avisés par courrier de leur apporter bagages et nécessaire pour y passer la nuit.

Près de Cestà Kamice, les nazis avaient aménagé le site des mines et fait construire le camp de Rabstein par les déportés de plusieurs des 95 kommandos dépendant du camp d’extermination de Flossenburg en Autriche à 260 km. Dans les caves humides et mal éclairées, les conditions de travail des ouvriers étaient particulièrement pénibles. Le camp de Rabstein situé dans un creux de vallon et les baraquements où logeaient les prisonniers étaient souvent inondés. Les hommes insuffisamment vêtus souffraient de la faim, de rhumatismes et du froid.

Célérités Françaises ex-STO,

* André Bergeron
* Antoine Blondin
* Auguste Boncorsbr
* Jean Boudou
* Georges Brassens
* José Cabanis
* François Cavanna qui l’évoque dans Les Russkoffs
* Arthur Conte
* Raymond Devos
* Michel Galabru
* Stéphane Just
* Boby Lapointe
* Jacques Martin (auteur de bandes dessinées)
* Claude Ollier
* Alain Robbe-Grillet
* Jacques Parsy (metteur en scène et comédien)
* Léon Ozenne (ancien président du Groupement national de Réfractaires)

Marcel Callo, un requis du STO déporté et mort à Mauthausen pour action catholique clandestine, a été béatifié en 1987 par le Pape Jean-Paul II.

Une controverse interminable entoura le passé de Georges Marchais, secrétaire général du Parti Communiste Français, 1970-1994, accusé d’avoir été volontaire en Allemagne chez Messerschmitt et non pas au STO selon ses dires. Selon son biographe Thomas Hoffnung, Marchais ne fut en fait ni volontaire ni requis du STO, il fut muté en Allemagne par l’entreprise Allemande d’aviation qui l’employait déjà en France depuis 1940. Son parcours pendant la guerre ne ferait dès lors que refléter le sort de centaines de milliers de Français, contraint pour survivre de travailler pour les Allemands, soit en France, soit en Allemagne, une très large majorité de l’économie nationale étant de toute façon déjà mise au service des occupants.

La suite 54 portera sur Mur de l’Atlantique.

L’importance du texte oblige à supprimer les références consultées afin qu’il ne déborde pas de son cadre. Il est possible de consulter ces références sur mon blog au Monde.fr