Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 51,

la collaboration d’État, l’entrevue de Montoire, la milice, suite,

 

Le régime de 1940 accorda son soutien au régime nazi particulièrement au travers de l’expulsion de juifs et de la spoliation de leurs biens, aryanisation, associée à la déportation de juifs étrangers puis Français. Sur les 76 000 Juifs déportés de France, dont 50 000 étaient des juifs étrangers, 40 % ont été arrêtés par la police Française, selon les calculs de Serge Klarsfeld. La milice Française a aussi participé à l’arrestation des 25 000 juifs déportés. Bien que le port de l’étoile jaune n’eût jamais été instauré en zone libre, le régime de Pétain y fit apposer le tampon «Juif» sur les papiers d’identité, et ne protesta pas non plus contre la mesure prise en zone Nord. En application des accords policiers Oberg-Bousquet de mai 1942, et de la rafle du Veld’Hiv. Début juillet, selon une notice conçue par son attaché Camille Gaspard, Pierre Laval propose de livrer les Juifs étrangers vivant en zone non occupée en y joignant leurs enfants, en échange de l’exemption collective des juifs de nationalité Française des deux zones. Le 26 août 1942, René Bousquet organisa la rafle et la déportation de 10 000 juifs étrangers de zone libre.

Sollicité de revenir sur sa décision d’inclure dans les convois les enfants de moins de 16 ans, non demandés des Allemands, notamment par le pasteur Boegner, chef des protestants de France, Laval refuse «pas un seul de ces enfants ne doit rester en France». Le pasteur Boegner rapportera plus tard,

«Que pouvais-je obtenir d’un homme à qui les Allemands avaient fait croire, ou qui faisait semblant de croire, que les juifs emmenés de France allaient en Pologne du sud pour y cultiver les terres de l’État juif que l’Allemagne affirmait vouloir constituer. Je lui parlais de massacre, il me répondait jardinage».

Laval ne semble jamais s’être préoccupé particulièrement du sort exact qui pouvait atteindre les familles déportées. Il prétendit après la guerre avoir livré les juifs étrangers pour éviter la déportation des juifs Français. Mais, sans même parler du caractère singulier et pour le moins éthiquement discutable de ce marchandage, Laval n’a jamais demandé ni obtenu la moindre assurance écrite des Allemands à ce sujet, se fiant visiblement à de vagues assurances verbales jamais tenues, puisque des milliers de juifs Français seront déportés ultérieurement à leur tour.

Par ailleurs, Laval tient, peu après la rafle parisienne du Vel’ d’Hiv’ ses seuls propos antisémites connus, déclarant aux préfets faire de la «prophylaxie sociale» en débarrassant la France de juifs étrangers qui auraient «abusé de son hospitalité» et fait de l’Hexagone un «dépotoir humain». Le Commissariat général aux questions juives, dirigé par Darquier de Pellepoix, était sous l’autorité directe de Laval depuis juillet 1942. Le 30 septembre 1942, dans un télégramme aux ambassades Françaises à travers le monde, il reprenait une rhétorique antisémite pour justifier les récentes déportations, «le seul moyen de conjurer le péril juif était le rapatriement de ces individus dans l’Est de l’Europe, leur pays d’origine».

97 % des Juifs déportés périrent dans les chambres à gaz ou seront exterminés par le travail dans les camps de concentration. Des 11 000 enfants de moins de 16 ans déportés, la plupart sur l’insistance personnelle de Laval, aucun n’est revenu.

L’armée de Pétain,

La neutralité Française initialement affichée permettait de fait aux Allemands de se reposer sur l’Armée française pour repousser d’éventuelles attaques Britanniques en métropole ou dans l’Empire français, Robert O Paxon L’armée de Vichy. L’Armée d’armistice est limitée à 100.000 hommes en métropole, mais elle comprend 450.000 hommes dans les diverses colonies. En septembre 1940, après que l’Afrique-Équatoriale Française, AEF eut basculé dans le camp de la France libre, à Dakar, l’armée restée loyale à Pétain repousse les forces navales Anglaises et Françaises libres, Jean-Pierre Azéma, Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944, Perrin, 1997.

Darlan essaya de marchander d’importantes concessions militaires et politiques, en signant les Protocoles de Paris paraphés le 28 mai 1941. Ces accords militaires de Darlan entre le régime pétainiste et les Allemands qui avait rencontré Hitler à Berchtesgaden eurent lieu les 11 et 12 mai 1941, il signa avec l’ambassadeur Otto Abetz les trois protocoles de Paris du 28 mai 1941. Ces textes, qui instituèrent une collaboration militaire entre les forces armées Allemandes et Françaises, Protocole I pour la Syrie-Liban, Protocole II, pour Bizerte et la Tunisie, Protocole III, pour l’A.O.F. et l’A.E.F., et protocole complémentaire, sur les moyens demandés par le régime de 1940 pour combattre toute riposte alliée furent personnellement approuvés par Pétain dans son télégramme du 15 mai 1941 au général Dentz, haut commissaire en Syrie.

Télégramme départ Vichy, 15 mai 1941 à 16h30.

Le maréchal Pétain chef de l’État à monsieur le général Dentz haut-commissaire de France en Syrie 635. L’amiral de la flotte Darlan vous a télégraphié hier au sujet des négociations franco-allemandes. Je tiens à insister personnellement sur la haute portée de ces négociations et sur la volonté que j’ai de poursuivre sans arrières-pensées la politique qui s’en dégage. L’allusion faite à la Syrie doit vous confirmer dans votre désir de défendre par tous les moyens, le territoire placé sous votre autorité, d’assurer comme à Dakar la liberté de son ciel, d’y donner dans des conditions que je sais politiquement et matériellement délicates, la mesure de notre désir de collaboration à l’ordre nouveau. Je vous fais confiance. Ph. Pétain.

Ces dispositions furent appliquées totalement en Syrie-Liban et partiellement en Afrique du Nord par la livraison à l’ennemi de pièces d’artillerie lourde et de munitions, que celui-ci allait pouvoir utiliser contre les soldats Français à Bir Hakeim puis pendant la campagne de Tunisie. Le 21 décembre 1941, le général Juin et Hermann Göring se rencontrèrent à Berlin pour négocier l’utilisation de la base Française de Bizerte par l’Africakorps, mais ce fut un échec, Pétain exigeait en échange un renforcement de l’armée Française d’Afrique et un accord général plus favorable que l’armistice du 22 juin 1940, ce que les Allemands refusèrent, Georges-Henri Soutou, «Vichy, l’URSS et l’Allemagne de 1940 à 1941.

La véritable contrepartie espérée résidait dans un quatrième document qui contenait toutes les concessions politiques demandées aux Allemands, mais ne fût jamais signé par une autorité Allemande d’un niveau supérieur à celui de l’ambassadeur d’Allemagne Otto Abetz, Robert, O. Paxton, «La collaboration d’État», dans La France des années noires, tome 1, Éd. du Seuil ; rééd. coll. «Points-Histoire», 2000, p. 371., Éd. du Seuil, Robert Aron, Histoire de Vichy, 1940-1944, Fayard, 1954, p. 425-441.

Malgré l’opposition de Weygand, chef des armées en Afrique, le Gouvernement de 1940 relança les Allemands durant tout l’automne 1941, mais ne ratifiera jamais ces accords ne voulant pas perdre la face devant les Indigènes, par la concession voyante à l’Allemagne de bases en Afrique. Quelques vedettes lance-torpilles transitèrent par le Rhône, Robert. O. Paxton, «La collaboration d’État», dans La France des années noires, tome 1, Éd. du Seuil ; rééd. coll. «Points-Histoire», 2000, p. 371.

Quant au gouvernement de Pétain, il s’abstint de ratifier ce texte, en invoquant la nécessité de concessions plus conséquentes. Bien que marqué par la perte du Levant et l’échec des Protocoles de Paris, Darlan se ressaisit, convaincu de la justesse de sa politique. Il lui fallait rester allié à l’Allemagne pour ne pas perdre l’Afrique, ni sa place dans le gouvernement. Il renforça ainsi son pouvoir et devient ministre de la Défense nationale. Il put ainsi déterminer l’emploi des forces armées et leur organisation générale, ainsi que les conditions de leur emploi. Les relations entre Marine et Armée de Terre étaient peu cordiales, les militaires supportant mal d’être commandés par un marin.

Darlan entre en conflit ouvert avec Weygand et Huntziger. Le hasard sert Darlan avec la mort dans un accident d’avion du général Huntziger. Quant à Weygand, il est rappelé à la suite d’un ultimatum Allemand conséquence des manœuvres de l’amiral auprès des Allemands. Le général Juin, libéré en application des Protocoles de Paris, est aussitôt nommé au commandement supérieur en Afrique du Nord.

Le 1er décembre 1941, les difficultés de Rommel en Afrique relancèrent les négociations, une rencontre eu lieu à Saint-Florentin entre Darlan, Pétain et Goering. Pétain remet alors au maréchal du Reich un mémorandum en sept points reprenant le contentieux ancien pour obtenir une collaboration politique sincère sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté Française sur l’ensemble du territoire, de la fin de l’Ostland, de la disparition de la ligne de démarcation, d’assouplissements économiques et de la libération des prisonniers.

Ce mémorandum est refusé par Goering.

Négative sur le plan des concessions politiques, la concertation débouche sur des conversations militaires concernant la défense de l’Empire. N’excluant plus le repli de Rommel en Tunisie, des négociations sont menées avec le général Juin, le 20 décembre à Berlin, pour une éventuelle participation Française à la guerre en Afrique. Au cas où Rommel serait rejeté en Tunisie, les troupes Françaises devraient intervenir pour combattre aux côtés des Allemands contre les troupes Britanniques. C’est d’ailleurs ce qui se produit le 8 novembre 1942, où les généraux de Pétain combattirent le débarquement allié au Maroc tandis qu’ils livrèrent, sans résistance, la Tunisie aux troupes Germano-italiennes.

Quant au protocole sur la Syrie, il a été immédiatement appliqué, il a permis à la Luftwaffe de bombarder à partir de la Syrie les forces Britanniques en Irak. Aussi a-t-il entraîné une riposte des Anglais et des Français libres au Levant, qui vont récupérer les territoires de Syrie et du Liban après plus d’un mois de combats ayant fait plusieurs milliers de victimes dans les deux camps.

La Milice,

200px-bannieremilicesvg.1296643030.pngL’emblème de la Milice, un gamma stylisé, document Wikipédia .

En janvier 1943, Laval crée la milice française, il en fut le principal chef. Force de police politique sous la conduite de Joseph Darnand, membre de la cagoule son secrétaire général fondateur du Service d’Ordre Légionnaire, SOL, organisation de choc comprenant des partisans de Pétain et des éléments du «Milieu» nicois. Précurseur de la milice française elle prônait le culte de la personnalité, le racisme, la collaboration avec l’occupant et le rejet de la démocratie.

La Milice, organisation de type fasciste, elle se voulait un mouvement révolutionnaire, à la fois «anti» antirépublicain, antisémite, anticommuniste, anticapitaliste, et «pour» le nationalisme et l’autoritarisme. Elle sembla avoir ambitionné de devenir l’équivalent d’un parti unique de l’État pétainiste. Sa montée en puissance marqua en tout cas, selon Robert Paxton et Stanley Hoffmann, la fascisation finale du Régime de Pétain. En six mois, elle recrute plus de 35 000 hommes et joue alors le principal rôle dans la traque des juifs et des résistants, qui sont soit torturés et exécutés sommairement sur place, soit déportés vers les camps de concentration. Recrutant largement parmi les ultra-collaborationnistes convaincus, mais aussi les aventuriers de toutes sortes et les criminels de droit commun, la Milice s’illustre aussi par de nombreux vols, viols, extorsions de fonds, voies de fait sur la voie publique ou agressions contre des fonctionnaires et des policiers.

Laval ne désavoua jamais son soutien public à la Milice. En novembre 1943, il proclame qu’il marche «main dans la main avec Darnand» car «la démocratie, c’est l’antichambre du bolchevisme». En juillet 1944, il apparaît sincèrement horrifié par l’assassinat de son ancien ami et collègue de gouvernement, Georges Mandel, liquidé par la Milice. Mais il ne montrera guère d’émotion particulière pour les nombreuses autres exactions de cet authentique instrument de guerre civile, qu’il a lui-même encouragé à sévir. Cette même année 1943, il livre Léon Blum, Paul Reynaud et Édouard Daladier aux nazis.

Membres de la Milice en 1944.

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Document Wikipédia.

Ce fut la loi du n° 63 du 30 janvier 1943 (publiée au Journal officiel de l’État français le 31 janvier 1943, n° 27, page 290) qui fonda la milice Française, elle devient un supplétif de la gestapo.

Selon Darnand, «la milice Française n’est pas une police répressive. La Milice groupera des personnes de tous les âges, de tous les milieux et de toutes les professions, désireuses de prendre une part effective au redressement du pays».

milice_poster.1296656821.jpgAffiche de recrutement de la milice Française, document Wikipédia .

Ouverte à tous, la Milice fera retrouver aux Français cette communauté nationale hors de laquelle il ne peut y avoir de salut pour notre pays. (Source : Archives nationales F 60 16 75). Dans son discours du 28 février 1943, Darnand assure encore que la Milice a d’abord une mission politique et Jean Bassompierre commente, «Elle a pour mission de soutenir la politique gouvernementale et de lutter contre le communisme». Pourtant, dans L’Action française du 3 mars 1943, Charles Maurras déclare, «Avec le concours de cette pure et solide police, nous pourrons chez nous frapper d’inhibition toute velléité révolutionnaire et toute tentative intérieure d’appuyer les hordes de l’Est, en même temps que nous défendrons nos biens, nos foyers, notre civilisation tout entière».

La Milice coopérait avec la Gestapo, notamment en contribuant activement à l’arrestation des juifs. Elle disposait d’un service de sécurité dirigé de Marcel Gombert, assisté de Paul Fréchoux, Henri Millou et Joannès Tomasi. Sa Franc-garde participa dès l’hiver 1943-1944 à la répression sanglante des maquis, à commencer par l’assaut du plateau des Glières fin mars 1944.

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Groupe de résistants du plateau des Glières (Haute-Savoie) arrêtés par la Milice. 1944. © Albert Harlingue / Roger-Viollet 1238-6, document, La France pendant la seconde guerre Mondiale.

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Maquisard tué au cours d’une opération de police de la Milice en Haute-Savoie. Février 1944. © Roger-Viollet 7723-3, document, La France pendant la seconde guerre Mondiale .

La loi du 20 janvier 1944 autorisa la Milice à constituer des cours martiales sommaires, trois juges, tous miliciens, siégeaient anonymement et prononçaient en quelques minutes des condamnations à mort exécutables immédiatement. Elles se chargeront notamment de condamner à mort et de faire exécuter les révoltés de la prison centrale d’Eysses, avril 1944, à qui la vie sauve avait été promise par les miliciens en échange de leur reddition. Furent aussi exécutés des hommes politiques hostiles à la collaboration. Dès décembre 1943, le directeur de La Dépêche de Toulouse Maurice Sarraut est exécuté par des miliciens, (2 décembre 1944. L’assassinat de Maurice Sarraut. Lectures d’un crime politique, Montauban, revue Arkheia, 2003) envoyés par les Allemands ainsi que l’ancien ministre du Front populaire Jean Zay assassiné à Molles le 20 juin 1944, ou l’ex-ministre de l’Intérieur Georges Mandel livré par les Allemands à la Milice et exécuté dans la forêt de Fontainebleau le 7 juillet 1944.

De même, le député Victor Basch, 81 ans, président de la Ligue des Droits de l’Homme, LDH, et sa femme Hélène, dont les exécutions furent dirigées par Paul Touvier du 2ème service de la Milice, dont le chef était Jean Degans venu sur place. Déstabilisés par leur impopularité auprès de la nette majorité des Français, les miliciens redoublèrent d’extrémisme. Les immeubles de la Milice, à commencer par son QG. au Petit Casino de Vichy, devinrent des lieux de torture systématique.

Les miliciens pratiquaient également la délation, contribuèrent à l’organisation des rafles et se livrèrent parfois, même seuls, à d’authentiques massacres, ainsi à Saint-Amand-Montrond, 11 juin 1944, où plus de 80 cadavres de civils seront retirés d’un puits après leur passage. À la suite de l’exécution par la Résistance le 28 juin 1944 du secrétaire d’État à l’Information Philippe Henriot, membre de la Milice, des miliciens sillonnèrent les rues de Châteauroux en voiture en tirant sur les passants qui s’y trouvaient. De nombreuses autres exactions furent perpétrées à cette occasion, la plus célèbre étant l’exécution de sept Juifs à Rillieux-la-Pape par Paul Touvier.

C’est également à la suite de la mort de Philippe Henriot que des miliciens s’emparèrent de Georges Mandel, alors incarcéré à la prison de la Santé, pour l’assassiner en forêt de Fontainebleau. Manquant toujours d’hommes, Darnand ne disposa jamais de plus de 35.000 adhérents, moins de 15.000 vrais militants, dont beaucoup non armés ou inactifs. La milice Française ne reçu jamais la confiance des Allemands. Elle ouvrit en 1944 la perspective d’une guerre civile et d’une surenchère terroriste barbare, semblable à la guerre inter-partisane qui survint en Yougoslavie à la même époque.

D’autre part, comme le montre l’historien Olivier Wieviorka, la violence fut une valeur systématiquement proclamée, exaltée et assumée par Darnand et les siens dans la logique des idéologies de type fasciste ou extrémiste de tous bords, violence révolutionnaire. C’est ainsi que le résistant Pierre Dunoyer de Segonzac ancien résistant et général de brigade qui reconnut un jour de 1944 Darnand parmi les voyageurs en civil de son train, répugna à le dénoncer au maquis qui avait arrêté le train quelques minutes, et lui sauva de fait la vie.

Le 6 août 1944, Pétain, dans une lettre à Laval, finit par s’inquiéter des exactions de la Milice, tout en reconnaissant son rôle essentiel dans la collaboration avec la police Allemande. Laval transmet cette lettre à Darnand qui répond à Pétain, «Pendant quatre ans j’ai reçu vos compliments et vos félicitations. Vous m’avez encouragé. Et aujourd’hui, parce que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France ? On aurait pu s’y prendre plus tôt», Éric Conan, Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, éd. Fayard, Paris, 1994.

La suite 52 portera sur la collaboration économique et privée.

Les références ont été supprimées afin de ne pas que l’importance du texte modifie son encadrement. Elles peuvent être consultées sur mon blog au Monde.fr.

4 réflexions sur « Philippe Pétain, Maréchal de France ses années noires de 1940 à 1944, suite 51, »

  1. Bonjour Anido,

    On ne peut qu’être impressionné par votre copieux travail, qui constitue un feuilleton historique pour les lecteurs et lectrices de C4N. Ceci dit, je vous ferai quelques petites remarques concernant la Milice :
    Avant que la Milice ne se lance dans la répression, plusieurs dizaines de ses membres non armés ont été assassinés par la Résistance. Bien sûr, des miliciens ont voulu justifier par la suite leur conduite en disant qu’ils étaient en état de légitime défense ; cet argument du genre « légitime défense = légitime violence » ne leur a pas évité la prison ou le poteau d’exécution, mais notons que en d’autres époques et d’autres contrées, cela passe comme une lettre à la Poste (exemple : les terroristes gauchistes italiens des « années de plomb »). De toute façon, le fait que ce ne soient pas les Miliciens qui aient « tiré les premiers » n’excuse guère les crimes qu’ils ont commis.
    Collusion Milice-Gestapo ? C’est vrai, mais tous les chefs miliciens n’étaient pas sur la même longueur d’onde à ce sujet, certains d’entre eux, de sensibilité maurassienne, ne brillaient pas par leur germanophilie ; du reste, comme l’a expliqué Francis André, chef des gestapistes français dans le Lyonnais, lors de l’instruction de son procès, nombre de miliciens qui collaboraient avec la police allemande le faisaient à titre personnel et à l’insu de leurs supérieurs hiérarchiques.
    Concernant le maquis des Glières, l’historien Jacques Delperrie de Bayac, peu suspect de sympathie pour la Milice, a noté que l’intervention de Darnand a permis de sauver la vie de nombreux résistants.
    Dernier point : les principaux responsables de la mort du couple Basch sont l’officier du SD August Moritz et le chef régional de la Milice Joseph Lécussan ; Paul Touvier a bénéficié d’un non-lieu définitif dans cette affaire (arrêt de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Paris, 13 avril 1992, confirmé par la Cour de Cassation le 27 novembre de la même année), en revanche il a effectivement été condamné pour la fusillade de Rillieux-la-Pape le 20 avril 1994 (cour d’assises de Versailles).

    Bon dimanche,
    Cordialement,
    Frédéric.

  2. [b]Anido[/b],

    pourrait-on, comme certains historiens le prétendent à juste titre, dire que la [b]Milice[/b], c’était la [b]Gestapo « à la française »[/b], une Gestapo, bien entendu, en conflit avec la [b]Gestapo « officielle »[/b] du 93, rue Lauriston à Paris ?

    Puis, la [b]Milice[/b], avait-elle réellement des pouvoirs de police judiciaire ?

    Amitiés,

    [b]Dominique[/b]

  3. Frédéric Valandré BONSOIR?

    Votre intervention est toujours positive et bienvenue. Ce que vous écrivez est exact, sur 35.000 militants de la milice Darnand n’en disposait que de 12.000 militants vrais mais dont beaucoup non armés et inactifs.

    Pour ce qui concerne l’assassinat par la résistance de miliciens non armés, il est exact que ce fait a constitué de la part de la milice à des réactions violentes, et cela a été un facteur transformant cette Franc-Garde de la milice à commettre ensuite des actions brutales et des crimes.

    Voici un passage d’une référence que je n’ai pas présentée ne pouvant traiter seulement de ce fait,

    « [i][b]Il est coutumier de dire que, avant de devenir les chasseurs, ces miliciens ont d’abord été des cibles : Jusqu’en novembre 43, la Franc-Garde ne recevra aucune arme. La résistance exécute plusieurs douzaines d’entre eux avant que Darnand leur donne l’ordre et les moyens de se battre. Cette question des armes et de la revanche suite aux exécutions serait primordiale dans l’évolution de la Milice. Elle aurait transformé ce mouvement en force de police auxiliaire souvent brutale et accusée par ses adversaires des pires crimes[/b][/i] ».

    Tiré des dossiers de l’histoire, [url]http://www.histoquiz-contemporain.com/Histoquiz/Lesdossiers/LaFrance19391945/lvf/milice.htm[/url]

    La résistance intérieure Française est abordée en fin de cette fresque et j’aurais l’occasion d’en évoquer les excès, mais il et certain que je ne pourrais pas traiter l’ensemble du dossier.

    Bien à vous,

    Anido

  4. [b]Dominique[/b] bonsoir,

    C’est tout à fait exact la milice fut un supplétif de la gestapo.

    La milice s’est octroyé les pouvoirs de juger et de tuer par le laissé faire de Laval qui soutenait Darnand, ne pouvant plus faire autrement, et cela avec l’assentiment de Pétain qui était dépassé, il ne commandait plus rien.

    Le 93 rue Lauriston repère de la gestapo Française ou étaient torturés des résistants par des condamnés de droit commun. Manoeuvre de basse police où la torture est monnaie courante. Ces criminels utilisaient les sévices corporels comme méthodes d’interrogatoire et profitaient de l’immunité que leur conférait leur [b]ausweiss [/b]spécial et leur permis de port d’arme, pour commettre d’innombrables délits : vols au cours de perquisitions, fausses perquisitions au domiciles de personnes riches, chantages, trafics de toutes sortes.

    La Gestapo française, ou la Carlingue est le nom donné aux auxiliaires Français de la Gestapo installés au 93, rue Lauriston à Paris, et actifs entre 1941 et 1944.

    Ce groupe rassemblait des membres du milieu, comme les truands Henri Lafont (leur chef) et Pierre Loutrel (alias Pierrot le fou) et d’autres ayant un passé trouble comme Pierre Bonny, qui fut chassé de la police pour détournement de fonds et trafic d’influence. Les liens avec l’occupant leur permettent de nombreux trafics, avec des personnages louches comme Joseph Joanovici.

    Les principaux membres ont été jugés et condamnés à mort à la Libération.

    Bien à toi,

    Anido

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