les juifs en France pendant le régime de 1940, la solution finale.

 

La Shoah ou Holocauste en Français est l’extermination systématique par l’Allemagne nazie des trois quarts des Juifs de l’Europe occupée, soit les deux tiers de la population juive européenne totale et environ 40 % des Juifs du monde, ce qui représente entre cinq et six millions de crimes selon les estimations des historiens. Ce génocide des Juifs constituait pour les nazis «la Solution finale à la question juive», die Endlösung der Judenfrage.

Le terme Français d’Holocauste est également utilisé et l’a précédé. Le terme «judéocide» est également utilisé par certains pour qualifier la Shoah. L’extermination des Juifs, cible principale des nazis, fut perpétrée par la faim dans les ghettos de Pologne et d’URSS occupées, par les fusillades massives des unités mobiles de tueries des Einsatzgruppen sur le front de l’Est la «Shoah par balles», ainsi qu’au moyen de l’extermination par le travail forcé dans les camps de concentration, dans les «camions à gaz», et dans les chambres à gaz des camps d’extermination.

La Shoah par balles

fgv1khnt.1296236798.jpg

{youtube}Pur9Bmj8k9M{/youtube}

On ne peut s’empêcher de relater ce crime contre l’humanité perpétré pendant le régime de 1940 bien que ce régime pétainiste ne l’a pas lui-même développé. Mais on ne peut ne pas penser que Pétain et ses ministres ainsi que les hommes de ce pouvoir ne savaient pas, leur silence et leurs actes sont des aveux de complicité indéniable.

L’extermination des Juifs se distingue par son caractère industriel, bureaucratique et systématique qui la rend unique dans l’histoire de l’humanité. Paroxysme d’antisémitisme, ce génocide a voulu éliminer radicalement la totalité d’une population qui ne représentait aucune menace militaire ou politique pour les Allemands. Les femmes, les enfants, y compris les bébés, et les vieillards furent tout aussi systématiquement traqués et voués à la même mort que les adultes. En particulier, 1.500.000 enfants furent victimes de ce crime. L’extermination physique des Juifs fut aussi précédée ou accompagnée de leur spoliation systématique, «aryanisation», et de la destruction d’une part considérable de leur patrimoine culturel ou religieux.

Perpétré sur l’ordre d’Adolf Hitler, le crime a principalement été mis en œuvre par la SS et le RSHA, Office Central de la Sécurité du Reich, dirigés par Heinrich Himmler, voir la suite 35, ainsi que par une partie de la Wehrmacht, et par de nombreux experts et bureaucrates du IIIème Reich.

Il a bénéficié de complicités individuelles et collectives dans toute l’Europe, notamment au sein des mouvements collaborationnistes d’inspiration fasciste ou nazie, et de la part de gouvernements ou d’administrations ayant fait le choix de la collaboration d’État.

La neutralité du pape Pie XII est un fait d’assentiment de l’église qui ne pouvait aussi ne pas être informée de ces crimes, et l’argument qu’elle présente d’être sous surveillance par le régime fasciste de Mussolini puis, ensuite par l’occupation Allemande de l’Italie, ne suffit pas à la disculper de son silence qui, comme le régime pétainiste, peut être interprété comme de la complicité implicite.

«Mit brennender Sorge est une encyclique de Pie XII condamnant la doctrine nazie, dans ses aspects totalitaires, racistes et antichrétiens. Il est communément admis qu’Eugenio Pacelli, futur Pie XII, en fut un des principaux rédacteurs, notamment en raison de son passé de nonce apostolique en Allemagne. D’aucuns voient donc dans ce texte une preuve supplémentaire de la bienveillance de l’Eglise catholique et de Pie XII en particulier envers les juifs. En réalité, si ce texte est effectivement une dénonciation du nazisme comme doctrine totalitaire et raciste, les mots «juif» ou «judaïsme» ou encore même «antisémitisme» n’apparaissent à aucun moment dans le texte de l’encyclique. Il apparaît donc difficile de le présenter comme une condamnation de l’antisémitisme. Il y a certes une condamnation globale du nazisme qui rend impossible d’accuser l’Eglise de complaisance à l’égard de ce régime, comme voudraient le faire certains auteurs plus préoccupés de discréditer l’Eglise catholique actuelle que de présenter objectivement des faits historiques. L’ignorance du début puis les passivités indifférentes ou lâches de beaucoup ont aussi indirectement aidé à son accomplissement. Parallèlement, de nombreux anonymes souvent au péril de leur vie, se sont dévoués pour sauver ces persécutés. Certains d’entre eux reçurent après-guerre le titre honorifique de «Juste parmi les nations» de la référence Pie XII et les juifs.

Or, un pape a une parole universelle et morale s’il n’a pas de puissance politique effective. Cette parole est écoutée dans le monde entier de la chrétienté. Il est donc inadmissible qu’il n’ai pas informé le monde de ce génocide même si par ailleurs il aurait sauvé des juifs des griffes nazies. Cette encyclique a été publiée le 14 mars 1937, or à cette date les crimes nazis n’étaient pas devenus un génocide, de sorte qu’elle ne représente aucune condamnation de ces crimes.

«S’il n’est nullement contestable que Pie XII a sauvé des juifs en tant qu’hommes, il est cependant légitime de se poser la question, les a-t-il sauvé parce qu’ils étaient des hommes, et même potentiellement de futurs chrétiens, ou bien parce qu’ils étaient juifs ? Ce chapitre intéresse en général peu la polémique actuelle qui préfère évoquer le «silence» de Pie XII. Il est pourtant intéressant de regarder de près l’attitude de Pie XII après la Shoah. En 1946, le grand Rabbin de Palestine, Isaac Herzog envoya des missives à Pie XII et vint à Rome demander que l’Eglise «rende» à leur peuple les enfants juifs cachés dans les institutions catholiques. En effet, plusieurs milliers d’enfants avaient été cachés, mais pour la plupart d’entre eux baptisés. Pie XII se trouva donc face à une question théologique sans précédent, fallait-il rendre au peuple juif, par l’intermédiaire des organisations juives et sionistes, des enfants baptisés dans le but d’échapper à la persécution, mais pourtant baptisés en bonne et due forme ?»

Pour ma part et quelque soient les opinions un pape a le devoir et l’obligation d’informer le monde du haut de son balcon de sa basilique portant le nom de l’apôtre Pierre, c’est son role de représentant de dieu sur terre quand de tels crimes sont organisés.

Les Allemands commencent à mettre en œuvre en France leur politique d’extermination massive des Juifs d’Europe dès mars 1942, où un convoi de déportés juifs quitte Compiègne, plaque tournante vers les camps d’extermination. Officiellement, il s’agit de les regrouper dans une région mal définie, on parle de la Pologne, que les Allemands auraient décidé de mettre à la disposition des Juifs. Parmi eux se trouvaient des Juifs Français, et le gouvernement pétainiste n’exprima pas de protestation. En zone non occupée, les Juifs ne sont pas obligés de porter l’étoile jaune même après son invasion par les Allemands.

Le 6 juin 1942 le décret n° 1301 règlemente pour les juifs la profession d’artiste dramatique, cinématographique ou lyrique.

La déportation des Juifs va prendre une grande ampleur à partir de la rafle du Vel’ d’hiv, les 16 et 17 juillet 1942, 12.884 Juifs apatrides, 3.031 hommes, 5.802 femmes et 4.051 enfants, sont arrêtés par la police Française, rassemblés au Vélodrome d’hiver dans des conditions sordides, puis à Drancy, d’où ils seront acheminés vers les camps d’extermination. Fin août 1942, en zone libre, 7.000 Juifs étrangers sont raflés et livrés aux Allemands.

La rafle du Veld’Hiv

2817875700_1.1296311270.jpg

veldhiv-12477354461.1296240095.jpeg

Document tiré de la référence Rafle du Vélodrome d’Hiver , fichier Tulard .

{youtube}WC0lZzmnlG4{/youtube}

Les Juifs Français étant légalement fichés depuis 1940, le dernier recensement Français ayant recueilli des données religieuses est celui de 1866, les autorités peuvent s’informer de leur adresse en consultant le fichier Tulard.

img093.1296312607.jpgRené Bousquet en col de fourrure entouré notamment de Bernhard Griese et du préfet Marcel Lemoine à l’Hôtel de ville de Marseille le 23 janvier 1943, document Wikipédia.

René Bousquet, le secrétaire général de la police nationale, accompagné de Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives, rencontre le 4 juillet, au siège de la Gestapo à Paris, les colonel et capitaine SS Knochen et Dannecker, le premier dirigeant la police Allemande en France. Un nouvel entretien, dans les bureaux de Dannecker avenue Foch, afin d’organiser la rafle prévue pour le 13 juillet 1942, se tient le 7 juillet en compagnie de Jean Leguay, l’adjoint de Bousquet, accompagné de François, directeur de la police générale, Hennequin, directeur de la police municipale, André Tulard, en charge des questions juives à la préfecture, Garnier, sous-directeur du ravitaillement à la préfecture de la Seine, Guidot, commissaire de police à l’état-major de la police municipale et enfin Schweblin, directeur de la police aux questions juives.

Le capitaine SS Dannecker déclare, «Les policiers Français, malgré quelques scrupules de pure forme, n’auront qu’à exécuter les ordres !» La rafle vise les juifs Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchèques, Russes et les indéterminés, âgés de seize à cinquante ans. Des dérogations exceptionnelles pour les femmes «dont l’état de grossesse sera très avancé» ou «nourrissant leur bébé au sein» sont prévues, mais «pour éviter toute perte de temps, ce tri ne sera pas fait au domicile mais au premier centre de rassemblement par le commissaire de la voie publique».

Les nazis prévoient de faire arrêter par la police Française 22.000 Juifs étrangers dans le «Grand Paris», qui seront conduits à Drancy, Compiègne, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Pour cela, «le service de M. Tulard fera parvenir à la Direction de la police municipale les fiches des Juifs à arrêter. Les enfants de moins de quinze ou seize ans seront confiés à l’Union générale des Israélites de France qui à son tour les placera dans des fondations. Le tri des enfants sera fait dans les centres primaires de rassemblement». On peut lire en complément sur la Rafle du Veld’Hiv le document de Science Po, Online Encyclopédia of Mass Violence.

Après leur arrestation, une partie des Juifs est emmenée par autobus dans le camp de Drancy. Une autre partie est envoyée vers le Véld’Hiv qui sert de prison provisoire, ce qui avait déjà été le cas lors d’une rafle à l’été 1941. Ce sont donc environ 7.000 personnes qui devront survivre pendant cinq jours, sans nourriture et avec un seul point d’eau. Ceux qui tentent de s’enfuir sont tués sur-le-champ. Une centaine de prisonniers se suicident. Les prisonniers seront conduits dans les camps de Drancy, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, avant d’être déportés vers les camps d’extermination Allemands. Cette rafle représente à elle seule plus du quart des 42.000 Juifs envoyés de France à Auschwitz en 1942, dont seuls 811 reviendront chez eux après la fin de la guerre.

En 1979, Jean Leguay le représentant du secrétaire général de la police nationale en zone occupée, est inculpé pour son implication dans l’organisation de la rafle, mais il meurt avant d’être jugé, en 1993.

Selon la préfecture de police, le nombre d’individus arrêtés s’élève à 13.152. C’est aussi ce nombre qui est gravé sur la stèle commémorative située à l’emplacement du vélodrome. Sur les 13.152 juifs raflés, seuls 25 adultes sont revenus. Aucun des 4.051 enfants n’a survécu.

800px-rafle_du_vel_dhiv_monument.1296300102.JPG

Document Wikipédia.

En complément à cette solution finale, voici les aveux d’Himmler.

Avec le journal de Goebbels, les discours d’Himmler sont un des meilleurs témoignages sur l’état d’esprit des dirigeants nazis. Soigneusement recueillis par ses secrétaires, ils ont été retrouvés par les Américains en 1945. L’essentiel a été publié à Francfort en 1974, puis traduit en Français en 1978 (H. Himmler, Discours secrets, 1978, p. 159-169 et 203-210).

Les camps de concentration, discours prononcé devant des généraux à Sonthofen, le 21 juin 1944.

Il faut bien évidemment faire très attention, car un camp de 40 à 50.000 hommes conduits par quelqu’un de décidé pourrait être dangereux. Mais ce n’est pas le cas. Car, voyez-vous, ces 40.000 criminels Allemands, politiques ou professionnels, je vous demande de ne pas rire constituent mon «corps de sous-officiers» pour toute cette société. (Rires). Nous avons mis en place une section, créée par le général Eicke, les Kapos organisation destinée à tenir en main le sous-homme. Le plus vieux détenu, par exemple, devient surveillant responsable de 30, 40 ou 100 autres détenus. A partir du moment où il devient Kapo, il ne dort plus avec les autres. Il est responsable du rendement, des éventuels sabotages, de la façon dont sont faits les lits. En votre qualité de soldats, vous prendriez plaisir à voir ce peuple, dont la majorité ne parle pas un mot d’Allemand. Une recrue, dans une caserne, ne peut pas faire mieux. Le Kapo en est responsable. Il doit stimuler ses hommes. Et dès que nous ne sommes plus satisfaits de lui, il cesse d’être Kapo et retourne coucher avec les autres. Il y sera battu à mort dès la première nuit, ça, il le sait bien. Le Kapo jouit de certaines faveurs particulières. Ce n’est certes pas un système d’assistance publique que je l’ai imaginé là, je le dis avec la plus grande franchise, je dois écarter de notre chemin les sous-hommes et mettre tout en œuvre pour le travail et la victoire, lire la suite dans la référence citée.

La suite 49 sera sur la collaboration d’État, la milice et l’entrevue de Montoire.

Impossible de bien poster cet article, après plusieurs tentatives. Il dépasse à l’enregistrement son cadre, j’ai donc été contraint de supprimer les références en espérant que cette solution conduira à une mise correcte de l’article dans son cadre.