Le premier article de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen stipule que "tous les hommes naissent libres et égaux en droit".

Cela veut dire qu’on a le droit d’être traité de manière respectueuse et identique, peu importe notre handicap,notre maladie, ou nos faiblesses.

Je pose la question de savoir si on a le droit de rire de tout et de tout le monde ? Jusqu’où peut-on rire et dans quels contextes ?

En premier lieu, il est bon de souligner que le rire est un droit informel qu’on ne peut enlever à personne.Ne dit-on pas que le rire est le propre de l’Homme ?

Il est un remède contre le mal-être et, souvent, il détend et met à l’aise les plus réservés ou introvertis.Il n’est plus à prouver que le rire est bon pour la santé et qu’il apporte beaucoup sans coûter quoi que ce soit.Il permet de se sentir exister, de se sentir "normal", de se sentir humain.En cela, le rire est un facteur de bien être.

Il est aussi un facteur d’intégration.Être intégré signifie accepter l’autre tel qu’il est et être considéré comme tel par autrui.Quand on se permet de rire d’une personne handicapée qui nous a accordé implicitement le droit de rire d’elle,cela induit que tous les deux avons accepté nos différences.

Au contraire, si on ne rit pas d’une situation telle qu’un enfant qui se barbouille la face en mangeant du chocolat, sous prétexte que cet enfant est handicapé,c’est que l’on fait une différence, on a peur de choquer, on ne rit pas, par pudeur ou par hypocrisie.Dans le rire, il n’y a pas de différences. Tout le monde peut rire de tout le monde.

Toutefois, ne confondons pas rire et moquerie.

En effet, on doit bien situer le cadre où on se trouve. Or du contexte de la sphère privée (amicale ou familiale), certaines situations de rire peuvent être mal vécues.

Par exemple, un ami atteint de la drépanocytose est hospitalisé suite à une crise.Dans sa chambre d’hopital, le voyant "shooté" à la morphine, je me moque de lui.Comme je connais ses réactions , je sais qu’il ne le prendra pas mal. En revanche, si ça avait été un membre de l’équipe soignante qui se moquait de lui, comment l’aurait-il pris ?

Il est donc plus facile de rire d’un proche affaibli, malade ou handicapé que d’une personne dont on ne connait pas à l’avance la réaction.

De plus, lorsqu’il s’agit d’une atteinte à la dignité ou d’un jugement de valeur, on ne peut pas se permettre de rire. Dans ce genre de cas, ce n’est pas du rire, c’est de la moquerie, méchante et gratuite. Prenons l’exemple d’une personne mal-voyante marchant dans la rue qui se cogne le genou contre un bac à fleur et tombe par terre. Cela peut paraître drôle pourtant, au lieu de rire, notre réaction doit être de lui venir en aide.

On ne peut ni rire du physique d’une personne, ni de son handicap, ce serait un jugement de valeur.

En conclusion, je pense que chaque personne peut accepter d’être sujette à des rires mais il faut qu’elle puisse concevoir qu’elle en est le sujet, ce qui n’est pas toujours évident dans le cas des déficiences sévères.