Pendant très longtemps, la guerre d’Algérie était « la guerre qui ne veut pas dire son nom ». L’armée française n’en est pas sortie grandie. Le dernier film de Rachid Bouchareb « Hors la loi » a été qualifié d’ « anti-français » par le député UMP  Lionel Luca (qui soi-dit en passant, ne l’a pas vu).

Ce film commence par le massacre de Sétif le 8 mai 1945. Cet évènement peut être considéré comme un point de départ de la guerre d’Algérie.

« Un policier a tiré sur un jeune algérien tenant le drapeau algérien (rouge, vert, blanc) et l’a tué, ce qui a déclenché des émeutes entre Algériens et Européens, avant que l’armée n’intervienne. » 45 000 victimes revendiquées par le gouvernement algérien !

Lionel Luca a demandé au secrétaire d’Etat à la Défense, Hubert Falco, de vérifier la rigueur historique de ce film. Le service historique de la défense y aurait trouvé des erreurs, des « anachronismes grossiers ».

Depuis quand une œuvre de fiction doit-elle être rigoureuse du point de vue historique ? Ce n’est pas un documentaire. Plus aucun film de guerre ne pourrait être projeté si on demandait la vérité historique à chaque fois.

D’autres films sur la guerre d’Algérie ont eu des problèmes ou ont été censurés : « Le Petit soldat » de Godard, « La Bataille d’Alger », de Gillo Pontecorvo , R.A.S d’Yves Boisset furent tous censurés mais c’était assez peu de temps après les évènements.

Des sites proches de l’extrême droite appellent ces jours-ci à « pourrir » le Festival de Cannes où ce film sera projeté dans la compétition officielle.

« Le jour de sa projection au festival, une cérémonie en mémoire de “toutes les victimes de la guerre d’Algérie”, ce qui n’a pas manqué de susciter la colère de certains harkis et anciens combattants. Et le président de la Maison des rapatriés de Cannes, élu non encarté de la majorité, s’en est mêlé, demandant au préfet d’interdire la projection du film pour ne pas risquer de troubles à l’ordre public » source gala.fr

Les Américains sont capables de montrer leurs guerres même s’ils ne sont pas présentés à leur avantage. Il semble qu’en France, on ait du mal à regarder la vérité en face.

Source « Rue89.com »