Nul n’est prophète en son pays et sans son indéniable talent à monter en épingle toute polémique que suscite son film, Danielle Arbid ne serait sans doute même pas connue au Liban. La dernière en date de polémique remonte à sa troisième création, "Beyrouth hôtel", déclenchée non pas en raison des scènes torrides où l’héroïne s’emploie à rivaliser avec Béatrice Dalle mais pour  de scabreux motifs relatifs à l’assassinat de Rafik Hariri. Aujourd’hui après avoir pris de la bouteille, Danielle Arbid puise un peu dans ses propres souvenirs pour nous échafauder  l’histoire de Lina Karam, (Manal Issa), fraîchement débarquée à Paris.  

Vierge effarouchée qui quitte son Liban natal pour se lancer dans des études à Paris. Plus par un hasard de circonstances que par motivations  pour de quelconques études supérieures. C’est là en somme, le début d’une aventure à laquelle  s’expose tout jeune qui fait le choix de s’expatrier  sans avoir en plus ni les moyens financiers ni le soutien de la famille. Rude confrontation du rêve avec la réalité. Voyage initiatique qui forcément met à rude épreuve sans pour autant parvenir à désarmer un candidat de la trempe de Lina tombé sous le charme inépuisable de la ville Lumière. Le prix modique à payer  !

Subjective, la caméra comme branchée dans les yeux pleins d’appétit de notre jolie héroïne nous aura bien Longuement fait voyager  au cours de ce périple sinueux : la France d’en haut, d’en bas, la France de l’extrême droite, de l’extrême gauche, les amours, la faculté, les concerts de rock… Il faut reconnaître que la réalisatrice qui ratisse large semble se délecter à s’appesantir sur les amourettes, surjouant la carte de "l’exotisme" jusqu’à l’usure. Heureusement qu’entre autres, Dominique Blanc, professeur d’histoire de l’art, Alain Libolt professeur de littérature, viennent parsemer le film de leurs touches si poétiques. 

Les morceaux choisis côté bande sonore comme Niagara par exemple contextualisent mieux le film. Epoque révolue du franc où les cabines téléphoniques connaissaient alors leur âge d’or. J’ai trouvé assez drôle que Lina rejette sans coup férir l’appellation arabe au cours d’une conversation  lors d’une soirée entre copains. Décidément à la mode libanaise où chacun s’autoproclame plus source que les sources (que sont les généticiens, Pierre Zalloua,Spencer Wells) ! 

D’ailleurs Lina donne le meilleur d’elle même plutôt quand elle parle arabe et surtout à la fin du film lors de son escapade beyrouthine. Le reste du temps, entre son accent et sa voix, son jeu est pour le moins perfectible. "Peur de rien", "même pas peur", fait un peu écho à l’actualité brûlante. Mais en cette période chaotique, il serait presque indécent de comparer des broutilles de cette nature à l’enfer qu’endurent  tous ces "pestiférés" dont plus personne ne veut et qui ne savent même plus où aller. 

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