Peugeot, le contexte, la politique, le plan Montebourg,

après le calumet de la paix entre Ayrault et Varin des pansements.

 

Nous sommes tous inquiets de la situation de Peugeot reflet de la situation générale de l’automobile Française qui ne vend pas assez de voitures. Puisque l’on ne vend pas assez de voitures c’est que les commandes ne le permettent pas. Et si, elles ne le permettent pas, on ne peut fabriquer plus que ce que l’on peut vendre. C’est tout simple à dire mais c’est dramatique par ce que cela touche un secteur majeur de notre économie qui emploi une forte main d’œuvre. Et la question qui se pose faut-il soutenir cette activité alors que la crise fait que les Français ne gagnent pas assez pour en acheter, et les entretenir, ils préfèrent garder aussi longtemps que possible leur vielle voiture.

 

L’austérité imposée montre son vrai visage, le chômage, la chute de la consommation, la rigueur imposée par ces traités sur la gouvernance, le TSCG, poussé par nos gouvernants à quoi servira-t-il s’il n’y a plus personne qui travaille ? Cette mondialisation que notre Europe libérale ne sait combattre nous mène à notre perte, par des vagues de chômeurs. L’Europe, l’Europe disait de Gaulle, mais une Europe différente.

 

Garder sa voiture c’est d’ailleurs ce que je fais. Et ce n’est pas la réduction de la charge patronale de 3,2 % pour qu’elle soit égale à celle de l’Allemagne qui me ferra changer d’avis, voir Le faux problème des charges patronales, et aussi Le coût du travail les exagérations de PSA. C’est beaucoup plus avec le carburant, l’assurance, les péages, le garage, les parkings, l’entretien qui pose problème. Pour une Clio III 6 cv essence 9022 km/an parcourus, l’Automobile club a chiffré en 2011 un coût de 5.976 € sans tenir compte des PV et des retraits de points, voir du permis. Comment font les Français dans la situation actuelle et bien, ils font exploser leur épargne, l’inconfiance dans leur avenir est la prudence.

 

Le parc automobile Français comptait début janvier 2012 38 millions de véhicules. Il n’a progressé en 10 ans que de 1 % par an en moyenne. Cela signifie que l’on est saturé de voitures. Le monde change, il aspire a plus de qualité de vie, la voiture pollue tout en étant un danger sur la route, c’est un luxe devenu un fléau.

 

La première chose qui vient à l’esprit est qu’il ne faudrait pas faire comme pour la sidérurgie c’est à dire soutenir avec notre argent une activité vouée, à sa perte. L’industrie automobile Française est importante en termes d’emplois, mais aussi en tant que vitrine mondiale, il nous faut donc être présent sur le marché. C’est aussi un domaine de développement technologique important, alors il nous faut aider ce secteur autant que faire se peut, dans une reconversion qui demandera du temps.

 

Il y a trois ans, Sergio Marchionne, le PDG de Fiat, déclara que les constructeurs généralistes qui survivront à la décennie actuelle devront produire plus de 6 millions de voitures par an. PSA est à 3 millions et Renault, avec Nissan, à 2,3 millions en 2010.

 

Pourquoi ne pas fusionner les deux constructeurs cela ferait 5,3 millions de voitures an ?

 

PSA est au 6ème rang mondial et Renault au 11ème rang, cette fusion nous ramènerait au 4ème rang derrière Volkswagen.

 

L’argument est évident, les études et fabrication regroupées supprimeraient les doublons, les coûts d’achats des composants seraient réduits avec une standardisation adaptée, et ils porteraient sur une plus grande quantité pour un seul donneur d’ordres. Ça existe déjà direz-vous certes, mais pas sur tout.

 

Pierre Escande dans Le Monde édition d’abonnés nous apprend qu’en 2005 la politique de modules de Volkswagen avait cinq ans d’avance sur celle des Français. Elle lui fit économiser 20 % sur ses coûts et 30 % sur les heures d’ingénieurs. Cela représenta plusieurs points de marge qui expliquent l’envolée de ses bénéfices, qui réinvestis dans la recherche, l’outil de production et l’élargissement de la gamme lui donna du souffle.

 

C’est aussi une politique commerciale qui se voulait franco-française que Peugeot a appliquée. Cette entreprise conservatrice paraît donc, par rapport aux Allemands, avoir eu des difficultés à évoluer, vers des méthodes commerciales et de production plus modernes. Il aurait fallu bien avant que le gouvernement précédent réagisse à ses difficultés. Seulement, elle est privée et seule en mesure de définir sa politique. Alors le gouvernement arrosait avec notre argent sans contre parties, sans une volonté de faire évoluer Peugeot sur le long terme. Les difficultés de Peugeot sont celles de tous les Français et ce manque de volontarisme du gouvernement précédent montre aujourd’hui son échec. En d’autres termes, il est devenu coupable par le fait qu’il fut battu aux élections, ce qu’il n’avait pas prévu.

 

La gauche arrivant aux affaires reçoit en héritage cette bombe sociale, pas la seule, et notre ministre du redressement productif, qui encaisse une foule de plans sociaux, n’est pas comptant d’autant qu’il trouve qu’il y a un grave problème sur la stratégie de Peugeot. «Nous avons un vrai problème sur la stratégie de Peugeot, l’alliance avec Général Motors, le comportement de l’actionnaire», a-t-il clamé le mercredi 18 juillet sur France Inter, quelques heures avant de recevoir le patron du groupe Philippe Varin.

 

 

Il fut donc la cible de ces politiques sans honte, qui ne se rappellent pas comment Nicolas Sarkozy traita les socialistes lorsqu’il vint aux affaires au ministère de l’intérieur. L’UMP jugea irresponsable les attaques de Montebourg et son président du Conseil de surveillance Thierry Peugeot les vécues mal. Quoi de plus normal de mettre un important dirigeant devant les erreurs de sa politique, elles ont une conséquence sur l’ensemble de la Nation. Ces 8.000 licenciés et plus seront tôt ou tard à la charge des Français même si les bonnes intentions de PSA sont de ne faire aucun licenciement sec. On sait bien que c’est toujours un déchirement si l’on est amené à changer de lieu de travail donc de lieu d’habitation. Et même si tous les «Peugeot» seraient reclassés correctement, mais ceux des sous traitants, que deviendront-ils ?

 

Attaqué comme il l’a été, Arnault Montebourg s’expliqua dans une interview à Libération. Je ne veux en aucun cas blesser le groupe PSA. «Ni ses dirigeants, ni ses salariés. J’ai personnellement une histoire affective avec cette marque, comme beaucoup de Français». Je veux protéger l’avenir de cette entreprise, de ses usines en France, de ses salariés, ajoute-t-il. «Mon ministère n’est pas celui des mondanités, c’est celui de l’action et du rassemblement patriotique au service de notre industrie». «Nous n’esquiverons pas les problèmes et les désaccords. Nous n’enfouirons pas les dossiers comme nos prédécesseurs dans les armoires profondes de la République». «Ma méthode, c’est la négociation franche pour, ensuite, rassembler tout le monde autour des difficultés et les surmonter ensemble», explique-t-il. «Nous sommes dans une situation d’urgence économique et sociale qui exige que chacun fasse un effort». On ne peut être que de cet avis, mais il aurait du y mettre la forme bien que nous n’étions pas présent à cette entrevue, et que nous ne savons pas ce que Thierry Peugeot lui a déclaré ?

 

Le problème est peut être qu’il aurait aimé être reçu par le président de la république, un ministre du redressement productif qui n’a jamais travaillé en usine, et qui n’a jamais porté les responsabilités d’une entreprise comme PSA, peut être considéré comme dégradant. Il aurait raison, mais François Hollande applique le respect des institutions, se sont ses ministres qui sont en charge des dossiers et je trouve cela très bien.

 

Le 25 juillet le président de la république en Conseil des ministres a soutenu le plan présenté par ses ministres à la filière automobile. Auparavant, le premier ministre déclara que le gouvernement avait choisit d’être offensif dans un plan très ambitieux, ajoutant il faut «faire face dès maintenant pour que la négociation entre la direction de PSA et les salariés avance dans les meilleures conditions possibles».

 

Auparavant comme un fait exprès, la direction de Peugeot dévoila ses pertes pour bien marquer l’importance de ses difficultés. Elles sont lourdes 819 millions d’euros, contre un bénéfice net de 806 millions au premier semestre 2011, voir PSA chiffre ses mesures d’économie et dévoile une perte de 819 M€. Cela n’empêcha pas l’action de progresser à la Bourse de Paris, comme si elle connaissait le plan du gouvernement. Le titre, éreinté ces dernières semaines, progressait de 3,78% à 6,48 euros vers 10 heures, soit la plus forte hausse du CAC 40. Tout n’est pas perdu.

 

Quelles sont les grandes lignes de ce plan, tout débord la politique développement. C’est une exigence du gouvernement. Il annonce qu’il sera exemplaire pour que 25 % des nouveaux véhicules de son parc automobile, soient électriques ou hybrides. Pour appuyer cette exigence vers les futurs acheteurs il augmente le bonus écologique à 7.000 € contre 5.000 € et à 4.000 € pour les hybrides au lieu de 2.000 €. De plus, il accélérera l’implantation de bornes de recharges électriques pour les voitures au tout électrique et pour les hybrides. La balle est donc dans le camp de PSA pour activer la production de ses voitures. Cela revient à dire que pour le moment l’État ne donne quasiment pas de bonus puisque la production de PSA en écologique et hybride est négligeable et surtout majoritairement fabriquée hors de France. Toyota domine l’hybride avec la Prius, la Grande Bretagne l’Auris, la Yaris est fabriquée à Valenciennes par Toyota. Les quatre modèles électriques les plus vendus en France sont fabriqués à l’étranger Japon, Italie, Turquie. Le parc des voitures écologiques et hybrides Françaises ne représente que 1 %.

 

La dessus, pour les véhicules thermiques faiblement polluant, les bonus sont augmentés de 100 € à 150 € en fonction du niveau de CO2 / km. Pour les véhicules émettant entre 61 et 90 g de CO2 /km le bonus serait à hauteur de 400 €. Le plan en outre ne mentionne pas de renforcement du malus de 200 à 3.600 € imposés actuellement aux véhicules plus polluants. Pour les grosses voitures le malus pourrait doubler. Son niveau sera précisé dans la loi de finance de 2013. L’objectif est de financer les bonus dont le coût en 2013 serait de 490 millions, par les malus. Ces mesures applicables immédiatement pour les bonus concerneront tout le monde, et seront valables jusqu’à la fin de l’année, puis précisées dans la loi de finance de 2013. Les malus seront appliqués dans quelques mois. La prime à la casse est supprimée, son coût trop élevé et son efficacité est insuffisante. Elle bénéficiait également à l’achat de voitures étrangères.

 

En échange de ces incitations, l’État demande des contreparties, «nous voulons une visibilité sur leurs sites à moyen terme, dit-il, visant l’incertitude entretenue par PSA sur le site d’Aulnay-sous-Bois depuis un an». «Nous leur demandons de nous accompagner dans la musculation de la sous-traitance». Cela passera aussi par un renforcement du dialogue social dans toute la filière.

 

Les sous traitants ne sont pas oubliés 600 millions leurs seront débloqués. La banque des PME, Oseo, devrait mobiliser 150 millions d’euros pour «soutenir leur trésorerie», et ils pourront «solliciter plus de 450 millions d’euros de financement dédiés à la modernisation des sites et l’investissement industriel». Les PME sous-traitantes «stratégiques» profiteront, en outre, de 260 millions d’euros de crédit disponible immédiatement pour leur développement auprès du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles, qui sera prolongé.

 

Le projet prévoit d’appuyer de 350 millions la réorientation pour les investissements d’avenir. Ils seront intégrés au programme d’avenir «en lien avec les pôles de compétitivité, la banque publique d’investissement, la Banque Européenne d’Investissement et l’Union européenne».

 

Ce plan représente le tiers du coût d’un plan évalué à 1,8 milliard d’euros, mais qui ne comprendrait que 170 millions de dépenses nouvelles au titre du bonus-malus.

 

C’est donc un plan d’ensemble, concocté un peu vite, qui n’attend plus que la mise en œuvre par PSA. Ce qui importe outre, les licenciements, c’est la restructuration du site d’Aulnay pour laquelle Philippe Varin s’est engagé à faire le maximum. Attendons !

 

Ce plan ne peut résoudre à lui seul les difficultés de l’industrie automobile Française qui sont profondes. Ce ne peut être qu’une œuvre de longue haleine faite de plans successifs jusqu’au changement complet de notre façon de vie. Mais plus que tout, c’est l’austérité imposée par cette Europe qui a accordé un volet croissance à faire mourir de rire le plus optimiste. Cette perte de croissance conditionne le manque de confiance en l’avenir.

 

Le nombre de chômeurs vient encore de faire un bon en mai de 0,8 % le portant à 23.700 de plus ! En incluant les personnes exerçant une activité réduite, ce sont 4,395 millions de personnes qui étaient à la recherche d’un travail, un record depuis la mise en place des ces statistiques en 1991, soit une hausse de 48. 400 demandeurs d’emploi, + 1,1 % en un mois, selon les chiffres de la Dares. Comment voulez-vous acheter une voiture ?