Convoquée mardi devant le comité des communes à Ottawa, L'ex-présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) Linda Keen, a expliqué les motivations qui l’ont forcée à ordonner l’arrêt du réacteur nucléaire de Chalk River (en Ontario), ayant provoqué une pénurie mondiale d’isotopes médicaux.

 

Rappelons qu’en novembre dernier, le CCSN a ordonné la fermeture indéfinie du réacteur nucléaire de Chalk River, premier fournisseur mondial d’isotopes médicaux, provoquant ainsi une pénurie; une situation qui prolongea le temps d’attente de plusieurs milliers de tests médicaux en hôpital et traitements contre le cancer requérant cette technologie. Jugeant qu’il y avait «urgence d'agir pour éviter des morts à cause de la crise d'isotopes» le ministre canadien de la santé Tony Clement a alors demandé la réouverture du réacteur en date du 16 décembre 2007.

 


Madame Keen, relevée de ses fonctions à la tête de la CCSN depuis, a souligné la présence d’un niveau de risque 1000 fois plus élevé que les standards internationaux au moment de la fermeture du réacteur. Cependant, Mme Keen reconnaît qu’en raison de sa vétusté, le réacteur vieux de 52 ans, n’obtiendrait jamais de permis conforme aux normes internationales actuelles. Une désuétude en grande partie due à un manque de financement chronique dont il fait l’objet depuis plusieurs années. Les partis d’opposition au Parlement d'Ottawa ont cette semaine sévèrement critiqué le gouvernement conservateur pour son «ingérence politique» dans cette affaire, afin de forcer la réouverture du réacteur. Pourtant, selon une interview réalisée par le Sierra Club en 2006, le Bloc Québécois de même que le NPD s’étaient formellement «engagés à mettre fin aux subventions à la société Énergie atomique du Canada Limitée (EACL)» soit l’entreprise qui exploite et entretient le réacteur nucléaire de Chalk River. Pour sa part, le gouvernement conservateur Harper s’est toujours montré favorable aux subventions gouvernementales du EACL, dans le but d’améliorer sa performance et la sécurité de ses infrastructures.