Aujourd’hui, ce n’est pas la date anniversaire exacte des 30 ans de la disparition du regretté Patrick Dewaere. En fait, il est "parti" un 16 juillet 1982 dans un geste fou, déraisonnable, à son image en quelque sorte.
Je ne peux difficilement cacher mon admiration pour l’acteur de "coup de tête", "série noire"…Selon moi Patrick Dewaere fait partie des deux ou trois monstres sacrés du cinéma français avec Gabin et Delon par exemple. Je pense d’ailleurs qu’il aurait fait un très beau "vieil acteur", sachant tout jouer.
Le théâtre, à l’instar d’Obélix et de la potion magique , il est tombé dedans quand il était (tout) petit. Sa mère, "Mado Maurin" l’a poussé sur les planches enfant avec ses frères. Peut être est-ce dans ces tendres années qu’il a commencé à s’imprégner de ce jeu d’acteur précis, remarquable, plein de vérité qu’il sera plus tard.
Je voudrais par cet article attirer l’attention des plus jeunes qui n’ont pas connu notre James Dean français, sachez que Patrick Dewaere était un acteur hyper talentueux, un acteur de "première prise" comme disaient les réalisateurs qui ont travaillé avec lui (Bertrand Blier notamment) car dès la première prise il réussissait tellement bien ce que lui demandait le réalisateur que c’était toujours la "bonne" !
Pourtant, Patrick Dewaere au delà de l’acteur n’en restait pas moins homme et l’homme était fragile, avec une souffrance intérieure dévorante, écrasante.
Intéressons-nous à cet homme…
On pense que tout a basculé dans la vie de l’acteur quand il a appris un lourd secret de famille. Je n’en dirais pas plus à ce sujet, c’est inutile, il faut juste retenir que là l’homme a été meurtri et que par la suite il a sombré dans un abîme où son énergie incroyable s’est retournée contre lui.
Mais on ne peut nier que l’homme était naturellement un écorché vif au sens "noble" du terme. C’est cette personnalité au fil du rasoir qui le rendait irrésistible dans le film "Série noire" par exemple. Il n’était pas fou, il était plein de vie, de force à chaque seconde, à chaque instant, avec son charisme…la caméra l’adorait.
Pourtant, autre blessure: les critiques de cinéma ne lui font pas de cadeau: "Patrick dewaere en fait-il trop !" ou encore "A t-on besoin d’une telle proximité avec la folie pour jouer un rôle ?" Personnellement, à cette question je répondrais "oui", "oui" et encore "oui". Cette personnalité complexe mais attachante nourrissait son jeu d’acteur. A ce propos, je peux vous assurer que la jeune génération d’acteurs et de comédiens français d’aujourd’hui ne jure que par lui car c’était un acteur en avance sur son époque et l’homme même était moderne mû par des questions intérieures riches.
Lors d’une interview, un journaliste lui demande, "Mr. Dewaere, pourquoi jouez-vous toujours des rôles aussi noirs, de losers, de paumés ?" et Patrick de répondre "Oh, vous savez quand je parle avec les gens j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de personnes qui marchent à côté de leurs pompes plutôt que l’inverse, non ?" En répondant, il sourit puis regarde ailleurs…
Beaucoup se sont interrogés sur ce qui lui faisait tant souffrir et en ont déduit que c’est beaucoup de choses à la fois; les histoires d’amour (finissant mal comme dit l’adage), ce fameux lourd secret de famille, les mauvaises critiques sur son travail d’acteur, l’absence de récompenses du "métier" (ça aussi il en a beaucoup souffert). Dewaere était quelqu’un qui doutait beaucoup de lui et était persuadé de ne pas avoir de talent, il ne se rendait pas du tout compte de l’aura qu’il avait auprès du public !
Ainsi, après la souffrance devenue insupportable, il a fait ce que l’on sait. Patrick dewaere et sa gueule d’ange, son physique de jeune premier, son charisme, son talent…tout ça a disparu un seize juillet 1982. Il est parti brutalement, avec fureur et fracas. L’acteur était immense, l’homme entier…Je pense qu’il a trouvé un paradis où son talent est enfin reconnu et qu’il nous laisse un héritage par ses films, sa famille, une certaine Lola Dewaere est une jeune et prometteuse artiste, tenez, il nous fait un clin d’oeil malicieux avec son sourire angélique, les ténèbres n’ont plus de prise sur lui, l’homme est enfin heureux !