Le temps d’évacuer les vapeurs champenoises et bourguignonnes accumulées sur le stand commun à ces deux régions, qui ont suivi la découverte, sur celui des éditions DEFG, d’un champagne boisé (car, fait rarissime, élevé aussi en fûts de chêne avant manipulation), le Bonnaire Variance, un blanc de blanc de Cramant, et précédé quelques rencontres post-salon, je me mis à la lecture attentive de ce Pas vu, pas pris. Au passage, pour ne pas faillir à ma disgressomanie, relevons que j’ai, comme tant d’autres, déploré de ne pas retrouver Sandra Rota et Éric Poindron, et leurs éditions rémoises du Coq à l’âne, chez les Champardennobourgignons : des ennuis de santé (financière et autres) ont eu raison de cette aventure éditoriale de près de cinq lustres et bien davantage d’illuminations de la gastronomie et des traditions de cette attachante région. Charly passe aussi du coq qui se partage entre La Lanterne, le Palais de l’Élysée, quelques autres lieux plus discrets, aux ânes que restent les électrices et électeurs auxquels un hémiquinquennat n’a pas suffi à rendre un peu de discernement. Passe encore que les beaux quartiers de Neuilly-Auteuil-Passy, ceux de la « rive gôche » parisienne, ou les vignerons alsaciens, voire certains prébendés guyannais, aient plébiscité ou secouru leur pourvoyeur d’exonérations fiscales : charité bien ordonnée commence par la préservation de ses intérêts, des ses placements, et de son immunité « paradisiaque ». Pour tous les autres, je ne sais si la savante recette du cuisinier
Que des gens qu’une Sarah Palin ou une Liz Cheney (la fille de Dick Cheney, le mentor et éminence grise de G. W. Bush) qualifierait sans hésiter de « cryptocommunistes » en arrivent là, c’est assez symptomatique de l’exaspération que provoque un Nicolas Sarközy. Le tréma sur le o du patronyme, qui est celui de l’état-civil de l’instigateur du fumet d’une identité nationale aussi frileuse qu’intentionnée pour gratter des voix ingrates n’est pas d’origine chez Charles Duchêne. Je ne vois pas trop l’intérêt de s’exonérer des contraintes de l’état-civil (sauf tracasseries évidentes), mais après tout, si N. S. avait voulu se surnommer « Sharko », ce qui lui conviendrait fort bien, je n’y trouverai pas grand’ chose à redire. Que des sites de nationalistes pur crin, voire de nazillons, affectionnent cette forme qui n’a rien de particulièrement exogène m’indiffère. Duchêne ne s’attache pas à ce type de connotation peu signifiante, mais en matière d’imposture, une Rama Yada se déclarant issue d’une « banlieue difficile » le fait bondir. Qu’une femme issue de la haute-bourgeoisie intellectuelle sénégalaise éprouve le besoin de se la jouer petite-fille d’immigrés moyens alors qu’elle a assez de qualités pour s’imposer d’elle-même sur l’échiquier politique français qui s’honore d’avoir compté un Kofi Yamgnage, député-maire breton respecté, dans ses rangs ministériels, c’est aussi choquant que stupide. Signe des temps ? Signe de l’influence des méthodes d’un chef de clan ?
Charly avait, dans ses précédents ouvrages, la verve plus goguenarde et moins désabusée. Il est vrai que son principal protagoniste a perdu beaucoup de sa superbe, et use de moins d’allant dans ses forfanteries de bonimenteur. Il lui était plus aisé d’être au pied du mur de Berlin qu’à celui du sien, et bientôt du nôtre. Peut-être mise-t-il encore sur sa capacité de le faire s’écrouler du côté qui l’épargne et de ne souffrir que d’avoir à s’épousseter de la nuée des décombres d’une société qu’il aura tant contribué à réduire en gravats. Le France fut cédé en l’état à un armateur norvégien et Charly envisage que le futur Airbus « Mini Force One » présidentiel finira bradé à un Khadafi ou à un quelconque magnat amateur de vieux zincs luxueux. On se départira plus vite du personnage qu’il sera possible d’éponger l’ardoise qu’il laissera. Sur la sienne, Charly continuera-t-il d’inscrire les méfaits de son personnage ? On verra… Selon qu’il s’accroche à se faire réélire, Charly l’épinglera encore ou non, mais de toute façon, lui, rebondira.
Le stand de BTF Concept au salon du Livre de Paris : B35