Je me suis trompé de dates. C’est le 2 février au soir que se tiendra une « veillée » haïtienne à L’Olympic Café, proche de la rue de Doudeauville et du métro Château-Rouge. Tant mieux, tant pis, cela m’a donné l’occasion de découvrir Paroles Plurielles. Et de passer chez Hamid Hamara et son fils, au Bab’Ilo, pour écouter Amazigh Kateb Yacine. Si la soirée du mardi 2 février ne se prolonge pas trop à l’Olympic, on l’éternisera peut-être au Bab’Ilo…
J’avais une bonne semaine d’avance, mardi dernier, à L’Olympic Café, rue Léon, à Paris. Natacha Giafferi-Dombre, galeriste de Marassa Trois (au fait, le 6, ce sera le vernissage de l’exposition Maïssa Toulet), m’avait envoyé un courriel. « Pour t’informer de la tenue, le mardi 2 février, de la veillée d’arts rassemblant une cinquantaine d’intervenants. Hervé Breuil, de l’Olympic Café, a bien voulu nous ouvrir les portes de son espace (salle de spectacle du bas) à partir de 21 heures. Dès aujourd’hui, je recense tous les artistes qui souhaitent participer à cette nuitée d’amour et de pensée pour Haïti. Il ne s’agit pas de lever des fonds, chacun, en la matière, adresse ou a déjà adressé ses dons à une association de son choix. Il s’agit d’une prière artistique collective où chacun, en cinq minutes, exprime son attachement au pays et son infini soutien moral. (…) Mais n’oublions pas de poursuivre l’autre dialogue, de rester reliés… ».
Je ne serais pas étonné d’y retrouver l’excellent chanteur et instrumentiste malgache Paul Marius Fontaine, dit Fenoamby, dont je regrette encore que Hiarivelo Mahatsangy, animateur de Radio Fréquence Paris Plurielle (106.3 FM) pour Zooma Capricorne ne m’ait pas parlé plus tôt. Hiari est sociologue de la mobilisation et nous le retrouverons peut-être, avec Natacha Giafferi-Dombre, ethnologue spécialiste d’Haïti, à L’Olympic Café.
Emil Abossolo-Mbo, acteur et chanteur camerounais, assurait la première partie, interprétant quelques morceaux de son répertoire. Binda Ngazolo l’accompagnait avant qu’il ne lui rende la pareille pour rythmer des contes. Paroles plurielles est un collectif ouvert à tous les artistes, un cercle à élargir, peut-être « pour faire disparaître le mal par la chanson », le conte, les récits, la danse…
Contrairement à une expression courante, « la salle n’était pas trop petite pour accueillir tous les participants ». Nous étions une douzaine seulement, mais par un prompt renfort, nous serons sans aucun doute beaucoup plus nombreux le 2 février au soir. La salle est en effet plus vaste que le sous-sol du Bab’Ilo qui, depuis des années et des années, invitait des formations de jazz à prendre possession de l’espace autour du piano du bar. Après, on écoutait du jazz méditerranéen, égyptien ou maghrébin, mais la programmation s’est considérablement élargie à des chanteurs de tous horizons, russes, latinos, &c. Hamid Amara était un ami très proche de Kateb Yacine, c’est devenu un inconditionnel de son fils, Amazigh. Ce dernier, qui sait remuer des salles comme celle du Cabaret Sauvage, ne dédaigne pas celle du Bab’Ilo. On le retrouvera peut-être aussi un jeudi devant le makfoul (sur commande les autres jours) traditionnel, et à l’affiche bientôt.
Revenons donc à cette Veye Ayiti avec Mimi Barthelemy, Max Diakok, Hermann, Roger Raspail, Amos Coulanges, Leonora Miano, Julia Sarr, &c. En fait, l’accès sera « libre et gratuit » à partir de 19h30 (et non 21 heures, comme le pensait Natacha), mais sans doute encombré plus tard. Il faudra donc se rattraper, en salle du rez-de-chaussée ou ailleurs, sur RueLéon.TV (avis aux retardataires), qui devrait retransmettre en direct. Peut-être les archives du site garderont une trace de la soirée en différé, mais je ne peux vous le promettre. Le dernier passage du Gros Tube, en mai 2009, reste, lui, dispo en ligne. Il y aura, hélas, encore d’autres veillées, en mémoire des disparus, et heureusement, en hommage à la dignité des survivantes et des rescapés. La chanson de Nicolas Miot et du groupe Deya, Haïti pas fini, aura encore longtemps des échos… Mais, enchaînons… ou plutôt, non, déchaînons les liens de la misère : à Ayiti comme ailleurs. Ouvrez le ban !