Au milieu de nulle part des baraquements accueillent les tirailleurs sénégalais qui reviennent de France , des hommes qui sous le drapeau de la France ont combattu les allemands quelques mois auparavant comme en 14 18 leurs pères l’avaient fait avant eux.

Les hommes sont à Thiaroye,  camp de transit en terres africaines . Cernés par miradors et barbelés ils y attendent depuis leur descente du bateau autorisation de retourner dans leur village .
voici Niger qui attend son retour au Niger et veut devenir maitre tailleur
voilà Congo qui apprend à faire de la bicyclette à son compagnon d’armes
et Soudan et Harmonica… parmi eux un homme est là , mais son esprit est ailleurs …il l’a laissé là bas , derrière d’autres barbelés , ceux d’un camp de concentration qui l’ont à jamais fait pénétrer dans un monde que lui seul connait.
La vie s’installe , s’organise …on range les bardas dans le baraquements tandis que le cuistot prépare le frichti, que les hommes racontent ce que leur solde qu’ils ont rapporté ici va leur permettre d’acheter pour la famille dès que les francs cfa leurs seront remis en échange des fancs français qui n’ont aucune valeur en Afrique occidentale française .
A l’heure du repas on hausse le ton : la ration ordinaire du soldat tirailleur n’est pas la même que pour les blancs ou les combattants :Riz haricots pas de viande sinon une minuscule portion une fois par semaine . De l’avis même du capitaine c’est immangeable .
Le sergent chef pour empêcher que le conflit ne s’envenime, décide de partir à la ville pour acheter de la nourriture …ce n’est que le début des désillusions de ces jeunes soldats qui ont pensé que la France , allait enfin les reconnaitre comme des français à part entière, pas seulement comme des "sujets français"  ….le sang n’a t-il pas la même couleur selon que votre peau est brune ou blanche lorsqu’elle coule dans les tranchées ou 20 ans plus tard sur les plages de st Raphaël pour le débarquement en Provence. .
D’ailleurs lorsqu’il arrive à la ville , le sergent chef Aloise Diata ( mélomane doublé d’un connaisseurs en belles lettres, mariés à une blanche en France ) est accueilli avec respect par les habitants ….qui le prennent pour un américain . Pourquoi cette erreur ? parce que c’est l’armée américaine qui a fourni des vêlements à ce contingent pour lequel la France n’avait pas trouvé de vêtements décents à mettre dans leur paquetage…

Si le bordel ouvre volontiers ses portes à un soldat américain,  recevoir un "nègre" même pour un pernod c’est totalement inconcevable … et la descente aux enfers commence : dans la rue il est arrêté par les mp qui n’ecoutent pas ses explications et le bastonnent…

Le sergent chef est apprécié de ses hommes dont 4 décident pour le lendemain matin de partir en représailles contre ces américains qui n’ont pas hésité à se mettre à 4 contre un seul homme …mais celui qu’ils enlèvent n’a rien à voir avec l’affaire …qu’importe , c’est lui qui sera fait prisonnier jusqu’à ce que le sergent chef soit libéré ….
Comme obligatoirement un ado est de la mauvaise graine , certains supérieurs considèrent aussitôt que c’est une altercation qui a eu lieu avec les soldats américains. Diata est à l’hopital  …on ne va pas se tracasser pour si peu , par contre cet otage au camp de thiaroye , c’est très ennuyeux ! les blancs restent des blancs , les noirs des noirs !!!!
On a vite fait de cerner le caractere des toubabs :le capitaine Labrousse est dépassé par les evenements , le lieutenant quant à lui est paniqué à l’idée d’etre le seul blanc parmi tous ces hommes de couleur …

 

Un bras cassé le sergent chef Diata ?rentre au camp …je vous laisse le plaisir de decouvrir dans le dvd ,les commentaires de l’otage lorsqu’il découvre que le seul qui parle anglais soit justement ce noir si peu soutenu par ses chefs !!!
Le camp est consigné …et on va enfin donner des effets militaires français , il était temps …quant aux pécules et indemnités ils ne les toucheront qu’à leur arrivée dans les villages dans quelques jours lorsqu’ils auront été rendus à la vie civile …et le taux légal de 1000f pour 500fcfa , se reduira comme peau de chagrin à 250fcf ! le drame se dessine ….

 

D’un cote on voit l’amitié naissante entre ces hommes dont les vies se sont croisées en même temps que leurs poings , ou ce respect que laisse passer les mots de l’otage blanc …seuls les français restent dans leur "esprit suffisant ! et les évenements qui vont éclater vont nous montrer jusqu’à quel point les africains n’étaient que des jouets dans les mains des français ….

 

        Ce film est le recit d’une page souvent occultée de notre histoire , d’ailleurs demandez autour de vous si quelqu’un a jamais vu ce film sur un écran français alors que Marthe Mercadier même y fait une brève apparition .

J’ai eu la chance de le voir sur dailymotion avant qu’il ne soit effacé … quelques médiathèques le possèdent ou il vous faudra l’acheter en ligne mais ce film de Ousmane Sembene doit etre regardé …L’ Afrique, était la France , et peut etre, à force de lire ces recits , de voir des films, certains réaliseront ils que les choses médailles ont souvent un revers …et là c’est un revers qui n’aurait jamais dû avoir lieu …

L’ Histoire avec un grand H , ne doit pas passer son temps à cacher les moments troubles  ou à en demander pardon ….

Suite de l’histoire pour ceux qui ne veulent (ou ne peuvent ) pas voir le film sur mon carnet de voyage  …mon but n’est pas de vous raconter un film que vous DEVEZ voir par vous même ,pour cette ambiance , ces regards, ces réflexions, ces remarques qui lui donnent toute son âme …mais pour ceux qui ne pourront pas le trouver , il FAUT que cette page d’histoire soit connue