Le discours de la classe politique française fut, ce Week-end, d’une sévérité affichée et compréhensible, suite à la mort d’Antoine de Léocour et Vincent Delory, froidement exécutés par des terroristes sahéliens. Mais après la colère et la résolution doit se poser la question des moyens engageables ainsi que de la nature de l’ennemi qu’il faudra combattre.

Après le drame survenu ce week -end au cours duquel deux jeunes français ont été exécutés par AQMI (Al Quaïda au Maghreb Islamique) doit maintenant se poser la question de l’attitude à adopter vis-à-vis des exactions commises par les hommes de Abdelmalek Droukdel, leader de cette organisation terroriste. En effet après  le décès de Michel Germaneau, exécuté par l’organisation le 22 juillet 2010, deux jeunes français (Antoine de Léocour et Vincent Delory) viennent d’être tués par AQMI, après avoir été enlevés dans un restaurant de Niamey.

Ce drame ne doit pas faire oublier que d’autres otages français sont encore entre les mains d’Al Quaïda au Maghreb Islamique. Se pose dès lors pour eux la question des moyens mobilisables et à mobiliser pour les faire libérer.

Répondre à cette question nécessite au préalable de se poser nombre d’interrogations purement pratiques. Tout d’abord l’enjeu de leur localisation géographique. Pour cela on doit prioritairement se demander si les otages sont tous détenus au même endroit ou s’ils ont été séparés. En fonction de la réponse le type d’intervention militaire engageable pourrait changer de nature, voire d’échelle. Car dans l’hypothèse d’une dispersion des otages en différents points de séquestration il faudrait procéder  à une attaque visant simultanément tous les points de détention. Ce qui vu l’étendue du désert sahélien est une vraie difficulté et complication. A cette fin la France avait, bien avant le drame de ce week-end, déjà dépêché près d’une centaine d’hommes des Forces Spéciales au Niger. La Mauritanie, pour sa part, héberge sur son territoire, une trentaine d’hommes du Service Action de la DGSE. L’ensemble de ces effectifs venant compléter le contingent de 40 soldats instructeurs impliqués au Mali, Maroc et en Algérie. Enfin n’oublions pas les forces aériennes que la France peut engager depuis ses bases du Tchad (en tout deux avions Braguet et quatre Mirage).

Sur la question nul doute que les forces françaises pourraient bénéficier de l’appui américain, car n’oublions pas la présence de l’US Air Force, qui depuis janvier 2010 survole régulièrement le Sahara algérien.

L’Algérie justement semble apparaitre comme un acteur incontournable du problème. Longtemps hostile à toute logique de présence militaire à ses portes autre que sahélienne, Alger s’est laissé convaincre de l’importance du combat en cours. Car selon le Département d’Etat aucun pays n’est plus important que l’Algérie dans la lutte contre Al Quaïda. C’est pourquoi la CIA y a établi son quartier général pour la zone Maghreb-Sahel.  Certains allant même jusqu’à comparer le Sahel à la zone tribale reliant l’Afghanistan au Pakistan.

Mais la comparaison semble de pure convenance car il s’agit par cette mise en parallèle de noter que les deux régions voient se développer le terrorisme en réponse à une incapacité des Etats à totalement contrôler leur territoire. En réalité AQMI manque de ressorts logistiques et de bases arrières. Ses intentions restent plus crapuleuses et certainement moins politiques. En effet jamais le groupe terroriste ne s’est aventuré dans des raids visant à déstabiliser l’un des pays de la région. Ses ambitions sont plus spoliatrices puisqu’elles concernent le trafic, l’enrichissement, le kidnapping et la rapine. En un sens il s’agit presque d’un pendant sahélien aux logiques de piraterie qui un temps se multiplièrent dans le golfe d’Aden. Et on sait que les pirates ne redoutent rien de plus qu’un Régime fort ayant repris le contrôle total de son territoire. C’est pourquoi AQMI vit de la faiblesse des Etats de la Région et n’a pas forcément intérêt à s’en passer.

Car au pour AQMI il est réellement possible de parler d’islamo gangstérisme. La religion n’étant qu’un verni bien pratique pour cacher des logiques de fonctionnement purement mafieuses et rapaces.