On n’échappe pas à son destin

Un jour, quatre trajectoires. Le 29 mars nous raconte des destins exceptionnels. Un Russe, deux Français et une Belge ont marqué de l’année de leur empreinte ce jour- là de l’année. Au prix le plus lourd pour le monde ou pour eux. Explications

29 mars 1899 : naissance du Himler soviétique

 

Le 29 mars 1899 naît l’homme qui fut appelé le Himler soviétique. Derrières de petites lunettes rondes posées sur un visage rondouillard se cachent des centaines de milliers de victimes. D’aucun l’ont même accusé d’avoir empoisonné Staline. C’est dire. Ce personnage originaire de Géorgie n’a cependant « régné » que trois mois sur l’empire soviétique après le décès du Petit Père du Peuple. Il est en effet arrêté en pleine séance du Politburo puis exécuté en 1953.

Bras armé de la terreur

Lavrenti Beria est président du NKVD, l’organe qui donnera naissance au MGB puis au KGB. Bras armé de la terreur stalinienne, il poursuit et achève tout d'abord les Grandes Purges. Il n'hésite pas à étendre la terreur jusqu'au sein même de l'appareil policier, qu'il nettoie largement des hommes et des cadres ayant servi avant les années 1930.

Il organise des arrestations en masse et des exécutions de dissidents ou de personnes innocentes. Il planifie méticuleusement les déportations massives de centaines de milliers d'habitants de tous âges et de toutes classes sociales. Il rédige l'ordre d'exécution qui mène au massacre de Katyń au cours duquel 25.700 officiers polonais sont éliminés.

La fin

La mort de Jospeh Staline est pour certains, due à un empoisonnement dont l’auteur serait Béria lui-même. Héritier naturel de son maître, Lavrenti Beria se révèle alors paradoxalement un champion de la libéralisation du régime et il relâche les victimes du complot des blouses blanches. Il fait promulguer une amnistie qui libère un million de détenus du Goulag, mais tous des droits communs. En juin 1953 le maréchal Joukov que Béria accusait de comploter contre Staline, procède à son arrestation pistolet au poing, dans l'enceinte du Kremlin, en pleine séance du Politburo. Seul dirigeant soviétique à connaître une telle fin, il est exécuté à la fin de la même année.

 

29 mars 1919 : un incroyable acquittement

 

Alors que le 29 mars 1919 Lavrenti Beria fête son vingtième anniversaire, en France un procès pour meurtre se termine par l’acquittement d’un certain Raoul Villain. Jusque-là, rien de bien exceptionnel.

Plusieurs choses cependant ont de quoi faire bondir. Raoul Villain a d’abord bel et bien assassiné le 30 juillet 1914, Jean Jaurès, un grand homme politique, un pacifiste de gauche. Les conséquences de cet acte sont immenses.

La France bascule dans la guerre

La France, freinée jusqu’alors par les arguments et les partisans de Jaurès, bascule dans la Grande Guerre…Villain est emprisonné mais son procès n’a lieu que cinq années plus tard.

Un procès qui se termine le 29 mars 1919 par un incroyable acquittement. Les jurés ayant estimé qu’il avait rendu service à sa patrie : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » La veuve de Jaurès doit même payer les frais du procès.

Mais cette décision n’empêchera pas que personnage soit exécuté une vingtaine d’année plus tard… Après sa sortie de prison Villain s’exile dans les Baléares. Peu après le début de la guerre d'Espagne, le 14 septembre 1936, les républicains l’exécutent pour espionnage au profit de l'armée franquiste.

 

29 mars 1985 : Flash-back

 

Le 29 mars 1985 Jean-Marie Villemin tue son cousin, Bernard Laroche, inculpé de l'assassinat de son fils. L’affaire Grégory connaît un nouveau rebondissement.

Dans la soirée du 16 octobre 1984, le corps de Grégory, âgé de quatre ans, est découvert dans la Vologne à quelques kilomètres de son domicile. L'enfant est mort noyé, mains et jambes liées.

Le lendemain, le 17 octobre, une lettre anonyme adressée à Jean-Marie Villemin revendique le crime. Bernard Laroche, cousin germain de Jean-Marie Villemin, est dénoncé par Muriel, sa belle-sœur de quinze ans. Elle se rétracte, et il clame son innocence, mais il est inculpé du crime par le juge d'instruction d'Épinal, Jean-Michel Lambert, le 5 novembre qui suit les faits.

Abattu d'un coup de fusil

Le 4 février 1985, le juge, contre l'avis du ministère public, libère Bernard Laroche, qui reprend son travail. Le 29 mars, il est abattu d'un coup de fusil par Jean-Marie Villemin qui lui impute l'assassinat de son fils. L'enquête marquée par de nombreux dérapages n’aboutira pas et le meurtrier ne sera jamais identifié.

 

29 mars 1985 : Un sourire s’éteint

 

Enfin, ce même jour de l’année 1985, Jeanine Deckers se suicide parce qu’elle ne peut pas payer une facture présentée par le fisc belge. Histoire banale ou harcèlement ?

Non, car Jeanine Deckers a connu un succès mondial en 1963 avec la chanson Dominique qu'elle écrit, compose et interprète sous le nom Sœur Sourire au profit de l’ordre des dominicaines dont elle fait partie depuis 1959.

Du succès au drame

La fraîcheur de sa voix, et de ses textes, la simplicité apparente de sa foi lui attirent la sympathie d'un public qui ne se limite pas aux catholiques. Elle devient une star aux Etats-Unis et en juillet 1966, convaincue de son absence de vocation, elle quitte les ordres sans le moindre viatique.

La suite de sa carrière est un échec et sa vie personnelle se transforme en drame. Elle est rattrapée par le fisc belge et finit par se suicider de désespoir en 1985.