« On n’demande qu’à rire », une heureuse initiative sur France 2, nous a fait découvrir des humoristes avec des univers loin des standards traditionnels.

Depuis quelques jours, Laurent Ruquier fait appel aux « pensionnaires » pour palier le manque de nouveaux candidats.

Bien évidemment, c’est toujours un plaisir de revoir ceux qui ont contribué à la belle audience de l’émission qui n’aurait certainement pas décollée sans le talent indéniable des « grosses pointures ».

 

Aujourd’hui, l’émission est en panne de candidats.

Les candidats potentiels suivent l’émission et se demandent s’il est très sain d’aller se faire humilier par un jury souvent méprisant devant deux millions de personnes.

Sans faire un procès de « vieillesse » à ce jury dont la moyenne d’âge est de cinquante ans, le fleur de l’âge dans la vie courante, une personne beaucoup plus jeune devrait être intégrée à l’équipe, l’âge n’étant synonyme d’expérience, qu’en théorie, seulement.

Catherine Barma (encore) est un cas désespéré ; elle n’a pas assez d’ouverture d’esprit pour comprendre toutes les allusions et finesses de certains sketchs et totalement hermétique aux différents sujets abordés comme son ami Jean Benguigui, d’ailleurs… Cependant, ce dernier a montré une intelligence certaine en évoluant au fil des émissions. Il a découvert que l’on ne peut pas rester campé dans une posture qui n’intégrerait pas tous les codes de l’humour.

Mais il peut beaucoup mieux faire encore : le sketch d’Olivier de Benoist du 07 avril dont le sujet était « je nage avec mon beau-frère » fait référence à Laure Manaudou. Bien évidemment, l’univers truculent d’ODB en a fait un sketch avec des allusions sur l’homosexualité déclenchant l’ire de Jean Benguigui et de Laurent Ruquier, le pénalisant de notes de 11 et 13 de leur part mais d’un 16 du public.

Une question, cependant : que font encore ces humoristes de talent dans l’émission ; peut-être un contrat les lie-t-il avec la production ?

Pour la journée de la femme, Laurent Ruquier avait demandé à Babas et ODB de se déguiser en femmes. Les humoristes se sont exécutés ; bien que le ridicule ne tue pas, ils ont été obligés d’utiliser des ficelles d’un humour qu’ils n’auraient jamais employées, leur univers intelligent allant bien au-delà de ces artifices tellement usés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En voulant faire évoluer l’émission, Laurent Ruquier impose les thèmes aux « pensionnaires » ; les réflexions de leur part sur le sujet dans leurs prestations montrent qu’ils ne sont pas très à l’aise avec ce concept qui permet d’éviter des sujets dont l’animateur ne voudrait pas assumer le détournement, en politique, notamment.

Cette liberté d’expression « encadrée » pourrait faire l’objet d’un débat, cependant.

Le jury met souvent des notes en deça des prestations se cachant derrière « la difficulté de faire un sketch dont le thème est imposé ».

Les thèmes imposés ont révélé de très bonnes ou de bien piètres prestations en regard du talent des humoristes. Ce challenge inutile ne les sert pas vraiment, le risque étant de que le public ne retienne plus que les mauvaises prestations.

A terme, si la production n’est pas plus innovante, l’émission s’essoufflera.

En outre, les candidats potentiels ne sont pas prêts à tout et n’importe quoi pour connaître la gloire.

Ce serait sous-estimer leur intelligence, faire rire n’étant déjà pas un exercice facile en soi, personne ne peut s’improviser humoriste. L’humour demande une richesse intellectuelle difficile à corrompre.

 

Laurent Ruquier se trompe et devra changer de concept ou il perdra, au fil du temps, les humoristes qui ont fait son audience, las de ne plus donner libre cours à leur véritable univers.

 

Même si chacun a sa vision de l’humour et ne rit pas des mêmes thèmes, l’ouverture d’esprit, lorsqu’elle existe, permet d’essayer au moins d’en déchiffrer les codes, notion difficilement applicable pour certains membres du jury de « On n’demande qu’à rire ».

 

A découvrir : Monsieur Fraize qui ne fera peut-être pas partie des pensionnaires un jour mais qui a un avenir dans le métier.

Ainsi que le sketch de Jérémy Ferrari « En poussette, les enfants respirent mal », sujet imposé qu’il a décidé de traiter avec du visuel et qui a valu un 12 de la part de Madame Audimat qui se trompe souvent, Catherine Barma…