Je vais être numérisé…

    Je ne suis plus qu’un numéro. 

Et bientôt… que dis-je c’est déjà fait, tout mon univers sera numérique.           Comme chacun d’entre nous, ma santé tient en 15 chiffres. Sans ce sésame vous en êtes de votre poche. Et la facture d’une fracture vous coûte un bras, voire la peau des fesses… 
Ma carte bancaire en 16, plus 3 derrière. Et le code qui est… secret. Mais sans lui, mon dab, pas mon père, la machine devant la banque ne crache rien. J’ai compris qu’il ne voulait pas me voir, peut-être sur une caméra au cas où, et que 4 chiffres et quelques bips devaient m’être suffisant pour m’en foutre plein les poches. J’ai d’autres cartes emplies de chiffres, mais j’évite de m’en servir…
Mon numéro  matricule a quitté la réserve… 
Jusque là rien que de l’ordinaire, auquel chacun est habitué. Quoique tous ces numéros avaient quand même un support palpable. 
          Il en va tout autrement pour d’autres objets qui, eux, ont disparu de notre entourage réel.
           Commençons par la musique. Les disques 78, 45,33 tours. Qui emploient encore le mot de tours ? Avec des couvertures plus ou moins artistiques. La musique, une suite de 0 et 1 se trouve désormais stockée dans un appareil, téléphone, e-machin, clé USB et autres. Disparu le support attractif et empilable. J’en ai plein mon ordinateur. La musique est devenue virtuelle.
           Il en est désormais de même pour la photographie. Beaucoup d’entre nous avaient dans leur portefeuille les photos auxquelles il tenait. Les montraient parfois. Désormais, la famille s’est réfugiée dans le téléphone, la tablette. « Tu veux voir mon fils ? » et l’on sort un engin de sa poche. Le progrès dépend des pixels.          
Enfin, et ce n’est pas le moins triste, nous allons mettre nos bibliothèques à la cave. Une nouvelle sera à notre disposition, toujours dans ces engins qui prolongent et occupent nos mains à longueur de journées. La texture, l’odeur, le bruit ont disparu dans le virtuel. 
         Cela s’appelle l’aurore d’une nouvelle civilisation dans laquelle nous vivrons nus.  

Avec mes excuses pour ce lien. Il suffit de taper book sur Google (vidéo) Pour obtenir cet humour vu déjà 1million de fois.