On a failli être amies, le film d’Anne le Ny, un titre éloquent qui à lui seul résume tout ! Marithé (Karin Viard) travaille dans une boite de formation professionnelle ; un lieu d’immersion dans le monde de la précarité où règne un incessant défilé d’ouvriers en quête d’une nouvelle chance. Voilà que débarque au milieu de ces "gens de peu"une nouvelle personne d’un genre plutôt singulier pour la maison : précieuse, Carole ( Emmanuelle Devos)ne semble pas pour le moins jouer dans la même cour que les autres.
Epouse d’un chef étoilé,(Roschdy Zem), elle vit dans un domaine prestigieux sans pour autant y trouver son compte. Comme Brigitte (Isabelle Huppert )dans la Ritournelle de Fitoussi, Carol lassée de vivre dans l’ombre de son mari, traîne son mal être ; elle développe de ce fait un eczéma, se "Bovarise". Elle a justement débarqué, en dernier recours, dans ce centre dans l’espoir de s’engager dans une reconversion professionnelle. Ultime échappatoire à son "calvaire".
A la "croisée des âges" comme sa cliente, Marithé la célibataire, se dévouera corps et âme pour aider celle-ci à briser ses chaînes aliénantes. Elle fera preuve d’un excès de zèle soi-disant régi par la morale, la bonté, le devoir, faisant ainsi de Carole une obligée toute confuse. Sauf que derrière cet altruisme loin d’être dicté par une intention désintéressée, se cache la détermination forcenée de Marithé de ravir la place de Carole : depuis que son regard a croisé celui ténébreux du chef étoilé, elle a été ensorcelée au point de perdre son âme ; elle court droit au but faisant fi de la déontologie basique du centre.
La phrase d’Amélie Nothomb trouve tout son sens dans ce long métrage qui dresse une description peu élogieuse de la nature humaine : "si vous voulez connaître la lie des sentiments humains, penchez-vous sur les sentiments que nourrissent les femmes envers les femmes ; vous frissonnerez d’horreur devant tant de jalousie, de méchanceté, hypocrisie et bassesse". Tout est dit; le comble c’est de pousser le cynisme à vouloir donner à tout prix les apparences les plus éthiques à des agissements les plus médiocres !
Film d’une grande banalité malgré de belles prestations. Son défaut majeur est de vouloir à tout prix puiser dans un humour dénué de toute subtilité, ce qui finit par rendre certaines séquences insupportables : à titre d’exemple, la réaction de Carole quand elle apprend le mobile de sa copine ou quand Marithé s’amuse à cacher la tache sur son chemisier; j’en passe et des plus grinçantes… Le résultat s’avère insipide ; on en ressort toutefois avec une drôle de fringale devant le raffinement de la gastronomie française…
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