« Nuit solidaire » à Paris et dans sept villes pour les mal logés

Familles mal logées, SDF, migrants sans abri, militants associatifs et simples citoyens participaient vendredi soir à Paris et dans sept villes de province à une "nuit solidaire" pour tirer la sonnette d’alarme sur la crise du logement, dans des ambiances souvent festives.

Dans la capitale, la 2e édition de ce rassemblement, à l’appel de 32 associations rassemblées dans un Collectif, a symboliquement débuté par un déploiement de couvertures de survie par des centaines de personnes place de la Bastille.

"Quand on vit à la rue, on ne vit pas, on survit", a lancé Christophe Robert, de la Fondation Abbé Pierre, surplombant la foule devenue or et argent.

Selon l’Insee, la France compte environ 100.000 sans-abri et 3,4 millions de personnes mal logées (cabanes, caravanes, familles nombreuses en chambre d’hôtel, hébergement d’urgence).

 

Inès, 11 ans, tient une banderole du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) du quartier Flandres dans le nord-est de Paris, où elle vit: "J’aimerais un vrai logement, avec ma chambre", dit-elle à l’AFP. Sa mère, Nadia, raconte sa galère et celle de ses enfants après "un divorce, qui peut arriver à n’importe qui: 15 hôtels en 10 mois, avant d’arriver au CHRS".

Le Collectif des associations affirme que "10 millions de personnes (sont) concernées par la crise du logement" soit près d’un Français sur six.

Les chanteurs Cali et Bénabar sont venus les soutenir. "Nous sommes des petits soldats, on vient chanter haut et fort qu’on est en colère comme eux, et alerter l’opinion publique sur ce drame absolu, cette plaie qu’est le mal logement", explique Cali à l’AFP, avant de monter sur scène où il a enflammé la foule, après Tcheky Karyo, avant Pierre Souchon et entre deux interventions de la comédienne Marie-Christine Barrault.

"J’ai du mal à comprendre qu’il n’y ait pas plus de mobilisation des élus sur cette question. C’est un phénomène de société prégnant qui devrait mobiliser", déclare à l’AFP le député UMP des Yvelines Etienne Pinte.

Cécile Duflot, tête de file d’Europe Ecologie aux régionales d’Ile-de-France est venue déposer sa tuile signée sur une charpente des Compagnons bâtisseurs.

A 01H30 du matin, plus de 500 personnes faisaient la queue pour trouver une place sur les quelque 150 lits de camps et 150 matelas collectés pour les volontaires de cette nuit particulière. Par ailleurs, entre 11.000 et 12.000 repas ont été distribués à la soupe popualaire de l’Armée du Salut et au barbecue géant d’Emmaüs organisé près du port de l’Arsenal, selon les orgarnisateurs.

L’initiative parisienne a essaimé cette année dans sept villes de province.

A Lille, malgré le froid et la pluie, une cinquantaine de personnes s’apprêtaient à passer la nuit sous une grande tente, face à la préfecture. "J’ai deux pulls et un collègue doit m’apporter un sac de couchage. Je vais dormir à même le pavé. La pluie? Les gens qui dorment ne se posent pas la question de savoir s’il pleut ou s’il fait beau", dit à l’AFP Véronique Breithaut, une éducatrice de 45 ans.

Dans le centre de Lyon, une soixantaine de militants ont défilé en rond avec deux pancartes : "Urgence Hébergement – on tourne en rond" et "pas de santé sans toit ni droits".

Faute d’autorisation de passer la nuit devant la préfecture de Marseille, une soixantaine de personnes s’installaient pour la soirée cours Julien, quartier fréquenté. Autour d’une soupe populaire, d’un concert ou de projections de films, ils espéraient "attirer l’attention" sur le mal logement, dans une des villes les plus pauvres de France et une région Paca qui compte selon Fathi Bouaroua, directeur interrégional de la Fondation Abbé Pierre, "500.000 personnes en fragilité de logement".